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Du manuscrit de tout premier jet, rédigé de sa main droite, jusqu’à la copie qu’il en fit à l’hôpital de sa main gauche, c’est

la genèse de ce long poème que Cendrars a lui-même réuni.

En 1919, dans une lettre autographe à son ami libraire genevois, William S. Kundig, accompagnée de deux notes descriptives

(toutes trois montées en tête), Cendrars détaille avec minutie cet ensemble qu’il lui propose pour 1000 francs et que Kundig

achètera. Cette lettre est sur papier à en-tête de la revue

La Rose Rouge

, dirigée par Maurice Magre et Pierre Silvestre, dans

laquelle Cendrars publia entre mai et juillet 1919 une série d’articles (

Modernités

) sur la poésie, la peinture et le cinéma.

Mon cher Kundig,

Je t’envoie par le même courrier les 4 manuscrits du Panama que tu demandes :

1°/ Première version

2°/ Deuxième version

3°/ Version définitive du Panama - 3 manuscrits de ma main droite.

4°/ Copie du Panama manuscrit de la main gauche.

5°/ Un jeu d’épreuves complet contenant trois cartes qui n’ont pas paru dans l’édition originale.

6°/ Un portrait de l’auteur par Hayden

[datant de 1919].

Tu trouveras un état détaillé dans l’envoi. Comme je te le disais dans une lettre, j’en veux 1000 fcs.

Je ne reviendrai pas en Suisse maintenant. J’ai eu une sacrée déveine ces derniers temps. Au dernier moment la combine

que j’avais en vue ne s’est pas faite. Si tu réussissais cette vente, je te devrais deux fameux bouts de bougie au fond d’un

glass. Urge. Urge et ne me laisse pas sans nouvelles. J’embrasse Conrad

[Moricand]

. A toi je te passerai la langue à la

chaux vive. Il paraît que tu ne bois plus. Veinard !

Ton Blaise Cendrars.

LES 4 MANUSCRITS / DU PANAMA / Blaise Cendrars / avec un portrait de l’auteur par Hayden

1°. Manuscrit de 21 pages numérotées I à XXI précédées d’une page (plan du poème), d’une autre page d’octobre 1912 (dernière

page du poème, je commence toujours mes livres par la dernière page) et de 4 pages (brouillon) numérotées de 1 à 4.

écrit à l’encre noire ou violette, il comporte de très nombreuses ratures et corrections ainsi que de nombreuses variantes

par rapport au texte publié. Ces variantes ont été relevées par Charles-Fernand Sunier dans le n° 1 de

Continent Cendrars

.

Il est signé

Blaise Cendrars

et daté

Forges, le 26 juin 1914

. Le brouillon de quatre pages qui le précède, portant le titre

initial

Prose du canal de Panama et de mes sept oncles,

est de la main de Féla Poznanska.

2°. Manuscrit de 30 pages numérotées de 1 à 30 (bonne version du précédent).

Sous-titré

Version corrigée

, et daté

juin 1913-juin 1914

, il est écrit à l’encre noire ou violette et abondamment corrigé. Sur

le dernier feuillet, Cendrars, après son amputation, a ajouté de sa main gauche :

Paris et sa banlieue / S

t

Cloud, Sèvres,

Montmorency, Courbevoie / Bougival, Rueil / Montrouge, St Denis, Vincennes / Forges en Bière / juin 1913-juin 1914

.

3°.

Manuscrit de 35 pages numérotées de 1 à 35 (version définitive). (Ces trois manuscrits sont les derniers de ma main

droite).

Cette version définitive, rédigée à l’encre violette, comprend de très nombreuses ratures et corrections au crayon noir et un

becquet contrecollé sur le feuillet 23. Il est signé et daté

Paris et sa banlieue, juin 1913-juin 1914

.

4°. Manuscrit de 38 pages numérotées (au crayon) de 1 à 38, les trois premiers et le dernier feuillet sont montés sur le

papier de l’édition (copie de la version définitive).

Cendrars précise qu’il s’agit du

Premier manuscrit de

[sa]

main gauche. Copie faite à l’hôpital (janvier 1917) pour

m’apprendre à écrire de la main gauche

. Les trois feuillets dont il est question comportent la liste des ouvrages de l’auteur

précédemment publiés, le titre — calligraphié — et le feuillet de justification. On remarque que ce texte devait initialement

paraître chez Dan Niestlé en 1917 qui, l’année précédente, avait publié

La Guerre au Luxembourg

.

5°. Un jeu d’épreuves (bon à tirer) suivi de trois cartes qui n’ont pas été publiées dans l’édition originale.

Jeu d’épreuves corrigées avec corrections autographes et bons à tirer datés des 10, 17 et 30 juin 1918.

Cendrars prit soin d’ordonnancer cet ensemble, faisant précéder chaque “chapitre” d’un feuillet de titre, de sa main, précisant

la date de rédaction du manuscrit. Enfin, il tint en préambule à préciser les “trois états” du cheminement de sa pensée :

1°/ un état de pensée : je vise l’horizon, je fouille, je trace un angle délimité, je happe les pensées au vol, je les encage

toutes vivantes pêle-mêle, vite et beaucoup : sténographie.

2°/ un état de style : sonorité et images, je trie mes pensées, je les caresse, je les lave, je les pomponne, je les dresse : elles

courent toutes harnachées dans les phrases : calligraphies.

3°/ un état de mot : correction et souci du détail neuf, du terme juste, claquant, comme un coup de fouet qui fait se cabrer

la pensée : typographie.

Le premier état est le plus difficile : formulation / Le deuxième, le plus aisé : modulation / Le troisième, le plus dur : fixation.