30. JARRY (Alfred). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
A
LFRED
V
ALLETTE
, datée
Lundi matin
[21 novembre 1898],
4 pages sur un bifeuillet in-12 (135 x 117 mm), à l’encre noire, sous chemise demi-maroquin noir moderne.
1 500 / 2 000 €
L
ETTRE HuMORISTIquE RELATIVE Au PHALANSTèRE DE
C
ORBEIL
.
Située aux bords de la Seine, “
Le Phalanstère de Corbeil
” était une villa louée par Jarry et ses amis du
Mercure,
dont les
époux Vallette, quillard, Hérold et Collière. un esprit de communauté et de liberté régnait dans ce lieu, baptisé en référence
aux théories du socialiste utopiste Charles Fourier. Le phalanstère fut aussi une source d’inspiration. Jarry y composa
certainement une grande partie du premier
Almanach du Père Ubu
(1899) et s’y adonnait à la pêche, pour laquelle il avait
une véritable passion, évoquée dans
Messaline
(1901)
et La Dragonne
(1943).
Jarry commence par s’excuser, il vient d’apprendre que
vous fûtes furieux au sujet de mes exercices de serrurerie
. Il se
lance dans de longues explications.
En
[sa]
légalité individuelle
, il a pris la liberté de se faire ouvrir par
celui qui ouvre,
car
il voulait entrer pour se procurer une cuillère à poisson
La cuillère (chose phalanstérienne si mes souvenirs sont exacts,
vérifiez les comptes à poisson) fut requise en vertu du même jugement, lequel fut rendu exécutoire par le plus absolu des
défauts (sans prévenir personne !) et la cuillère immergée incontinent vers le poisson.
Il ne souhaitait pas informer Vallette
et Rachilde car
il me paraissait plus déférent de vous en laisser instruire progressivement par les circonstances extérieures,
les choses justes étant, je crois, de celles qui devraient être sous-entendues.
Le serrurier s’y étant mal pris, Jarry déplore
l’ânerie de l’homme Gabaret, [qui] a démoli la serrure.
La porte ayant été refermée, il lui donnera la clef. Jarry comprend
le mécontentement de Vallette et offre sa démission du phalanstère.
Pirouette finale :
vous ne serez pas très mécontent de ce cambriolage de ma propre cervelle, céruse acceptable pour les vis
dépeintes par Gabaret
.
Publiée dans les
Œuvres complètes
, Pléiade, t. II, p. 1071-1072.
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