me roulerais par terre. Je n’ai trouvé qu’un moyen de satisfaire complètement cette avidité immense d’émotion, c’est la
musique. Sans elle certainement je ne pourrais pas exister. D’abord les compositions des grands génies libres me font vivre
de tems en tems avec une énergie incalculable, puis les miennes. Et vraiment cela tient du prodige ; quelquefois une musique
dont j’attends l’effet exécuté faiblement me fait un mal affreux, mais si au contraire elle l’est grandement, alors l’imagination
qui s’était portée au-devant de la pensée poétique de l’artiste, la trouvant plus belle et plus forte qu’elle n’espérait, s’enivre
d’un plaisir violent qui est tout ce qui convient le plus à ma nature
[…]
J’ai obtenu hier soir un assez beau succès
.
On a
exécuté à l’Athénée musical devant un public très nombreux deux de mes mélodies
[
La Rêverie
et
Chant sacré
]
J’ai eu le
plaisir de voir que tout ce monde qui avait écouté avec assez d’indifférence tous les morceaux antérieur, accueillir les miens
avec un redoublement d’attention
,
un long chut ! a exigé le silence dans toutes les parties de la salle, et mon nom prononcé
de tous côtés indiquait qu’on attendait quelque chose de moi
[…]
Les commissaires de l’Athénée m’ont demandé instamment
de leur donner
[…]
Bref j’ai eu les honneurs de la soirée
[…]
Je commence à avoir tout ce qu’il faut pour une réputation
saillante, des partisans passionnés et des adversaires furieux, dont tout l’argument est que je suis à moitié fou et que je
perds la tête, ou que je suis un venu malfaisant venu pour détruire et non pour édifier
[…]
M
r
Miel
[journaliste]
qui n’aime
que la musique douce et rédige des feuilletons de l’Universel, est venu me témoigner toute sa satisfaction en me demandant
un exemplaire des mélodies
[…] Il termine en rapportant le petit scandale qu’il a causé la veille du concert, le directeur de
l’Athénée ayant mis sur le programme du concert
Mr Berlioz lauréat de l’Institut
.
Berlioz,
Correspondance générale,
éd. P. Citron, t. I, p. 309-313.
Marques de pliures.
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