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58. BERLIOz (Hector).

C

OMMENTAIRE DE

D

ANTE

. M

ANuSCRIT AuTOGRAPHE MuSICAL SIGNé

H. Berlioz

, daté et

dédicacé [Paris],

11 Juin 1841 A Mlle Marie

[W…], 1 page in-8 oblong (139 x 218 mm), découpée d’une page

plus grande, papier J. Whatman (filigrane : “[Turke]y Mill”), sous chemise demi-maroquin rouge. Noté pour

piano et voix à l’encre noire sur deux systèmes de trois portées chacun, parodie de Dante,

Nessun maggior

piacere, che ricordarsi d’un tempo infelice nella fortuna

, titré sous la musique

commentaire de Dante

.

4 000 / 5 000 €

M

ANuSCRIT AuTOGRAPHE Du CHANT

N

ESSUN MAGGIOR PIACERE

.

Longtemps perdu, ce manuscrit est le plus ancien document connu évoquant la relation de Berlioz avec la jeune chanteuse

Marie Recio, qu’il épousera en 1854. Berlioz est curieusement évasif au sujet de Marie dans ses

Mémoires

, il la décrit

comme sa “compagne de voyage” (alors qu’à partir 1841, elle l’accompagna dans tous ses déplacements).

J

uSqu

à RéCEMMENT

,

N

ESSUN MAGGIOR PIACERE

N

éTAIT CONNu quE PAR uN MANuSCRIT éCRIT EN

1847 (ayant appartenu à

Charles Malherbe et publié en 1904). La date et le texte de ce manuscrit permettent de situer le début de la relation de

Berlioz avec Marie en 1841.

La dédicace inscrite dans la partie supérieure du manuscrit était certainement à l’origine

A Mlle Marie Willès

. Pascal Beyls

a récemment démontré qu’il s’agit du premier nom de scène de Marie : le 9 février 1841, elle donna un concert avec de la

musique de Berlioz.

Ce texte est une inversion de la lamentation de Francesca da Rimini

“Nessun maggior dolore, che ricordarsi del tempo

felice, nella miseria”

dans l’

Enfer

de Dante (Chant V, 121-123). Cette inversion exprime le bonheur retrouvé de Berlioz

auprès de Marie Recio après une période douloureuse liée au déclin physique de sa première femme, Harriet Smithson, et

à leur relation. La chanson est probablement une parodie de Rossini qui avait utilisé le texte original de Dante dans la

“Chanson du Gondolier”

, de l’acte III (trop réussi selon Berlioz) de l’opéra shakespearien

Otello

(1816).

D. K. Holoman & J. Minnick,

Catalogue of the Works of Hector Berlioz,

seconde édition, digital, 2018, n° 114, p. 414. —

D. Cairns,

Berlioz,

volume 2, “Servitude and Greatness”, 1999, p. 234. — P. Beyls, “ASurprising Discovery: Marie Recio’s

Parisian Débuts”,

Berlioz Society Bulletin,

n° 195, décembre 2014.

Nous remercions les professeurs D. Kern Holoman et Hugh Macdonald pour leurs conseils et l’aide apportée à la rédaction

de cette notice.

Deux petits trous : un sur l’avant-dernière mesure, l’autre en raison d’un gommage sous le titre

commentaire de Dante

.

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