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56. [BERLIOz]. — LESuEuR (Jean-François). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE Au
D
R
L
OuIS
B
ERLIOz
, datée
25 août
1830
, 2 pages in-4 (263 x 207 mm) adresse autographe, marques postales. — BERLIOz (Dr Louis). L
ETTRE
AuTOGRAPHE SIGNéE à
J
EAN
-F
RANçOIS
L
ESuEuR
, datée
La Côte Saint-André le 2 7bre.
[septembre]
1830
,
2 pages in-8 (206 x 161 mm), adresse autographe (en tout 2 pièces), sous chemise demi-maroquin rouge.
2 000 / 3 000 €
L
ESuEuR PRéDIT Au PèRE Du COMPOSITEuR LA GLOIRE ET LA FORTuNE DE SON JEuNE éLèVE quI VIENT D
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OBTENIR LE PREMIER
P
RIX DE
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OME
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UI SAIT
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IL SERA PEUT
-
ÊTRE
,
UN JOUR
,
LE
N
APOLÉON DE LA SCIENCE MUSICALE
.
Protégé par Napoléon, puis en grande faveur sous la Restauration, Jean-François Lesueur (1760-1837) était alors un
compositeur illustre, comblé d’honneurs. En 1817, on lui confia la classe de composition au Conservatoire, où, en 1823, il
remarquera le jeune Hector Berlioz, qu’il admit comme élève privé et prit en affection. En 1826, il le fit entrer dans sa classe
du Conservatoire. Berlioz vénérera toujours la mémoire de Lesueur, “excellent et digne maître” dont l’influence fut capitale
sur sa musique. En 1830, Berlioz obtint le premier Prix de Rome pour sa cantate
Sardanapale
. Lesueur s’empressa alors
d’écrire cette lettre au père de son élève. Cinq ans plus tôt, Lesueur avait déjà prédit au Dr Louis Berlioz le brillant avenir
de son fils. Mais dans cette lettre, extraordinaire par son ton prophétique, le maître a véritablement pressenti et annoncé
l’avenir musical de son élève.
Votre fils a remporté, à l’unanimité, le I
er
grand prix de composition décerné par l’institut de France. Il est pensionné pour
cinq ans
[…]
Le chemin de la gloire, et peut-être de la fortune, lui est maintenant ouvert. Haendel est mort très riche ;
Gluck a laissé cinquante mille livres de rente ; Grétry trente
[…] ;
Rossini jouit maintenant d’une très grande fortune ;
Méhul bien pensionné a joui de toutes les facilités de la vie
[…]
Votre fils fera de même, et, si j’en crois le génie qu’il
développe déjà d’une manière si forte et si précise, il rendra illustre le nom de Berlioz. J’ai eu raison de ne pas le détourner
d’un entraînement qui le portait invinciblement vers les hautes études d’un art
[…]
J’ose prédire que sa réputation ira
jusqu’au plus haut degré où un grand compositeur puisse atteindre et que les honneurs, la considération, et un nom bien
famé
[sic]
ne lui manqueront pas
[…]
Je vous en félicite ainsi que ses chers parents : il est digne de vous monsieur, qui êtes
vous-même plein de talent
[…]
à vingt-six ans, il est arrivé au point où d’autres artistes, à grand talent acquis, n’arrivent
qu’à trente-cinq ou trente-six ans. C’est qu’il faut, pour cela, l’estro divino, cette inspiration, cette chaleur innée, cet absolu
génie des beaux-arts, et les arts, ou la nature, l’ont aimé assez, pour lui en donner un très grand
[…]
Heureux parents !…
ce n’est pas son succès arrivant aux oreilles de toute une ville, et frappant d’étonnement tous les Parisiens, qui le flatte
le plus ; c’est d’être sûr que ce succès sera su d’un père et d’une mère qu’il chérit
[…]
Qui sait ? il sera peut-être, un jour,
le Napoléon de la science musicale, par les pas de géant qu’il lui fera faire, vu ses autres connaissances acquises et adjointes
aux beaux-arts, et particulièrement à cette musique si puissante sur le cœur et l’imagination des hommes, quand elle est
composée de génie. Rien ne l’empêchera d’être, en musique sacrée comme en musique dramatique, un musicien-poëte
comme Terpandre et Olympe, et musicien-philosophe comme Gluck.
La lettre de Lesueur est publiée dans
Nouvelles lettres de Berlioz, de sa famille, de ses contemporains
, Actes Sud, 2016,
p. 86-88.
Dans sa réponse à Lesueur,
APPAREMMENT INéDITE
, le père de Berlioz, plein de reconnaissance, souligne :
Si mon fils atteint
à quelque célébrité, si déjà il se trouve sur le seuil du temple de la gloire et de la fortune, c’est à vos conseils affectueux,
c’est à vos savantes leçons, c’est à vous, son maître, et son ami qu’il le doit
[…]
Ses mœurs sont demeuré
[sic]
pures au
milieu de la corruption, et sous votre égide
.
[O
N JOINT
:]
CARASPOLI. L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
H
ECTOR
B
ERLIOz
, [4 décembre 1846], 1 page in-4 (264 x 208 mm), adresse
autographe.
un certain Caraspoli invective vivement Berlioz, vilipendant sa musique mais louant ses écrits critiques :
Vous réalisez une
chose aussi commune que bizarre, vous faites d’excellente critique et d’atroce musique.
[…]
Hommes qui n’êtes que de
grands enfans, il suffit d’un payasse
[sic]
et d’un tambour pour vous faire croire que des vessies sont des lanternes et que
les charivaris de Mr Berlioz sont de la musique
[…] Et, en post-scriptum, il lui demande une loge
pour faire une galanterie
à mes domestiques des deux sexes
!
Déchirure avec manque par bris du cachet.




