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Mercredi 26 février 2020
MATHIAS & OGER - BLANCHET
333. SAND George (Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite)
[Paris, 1804 - Nohant, 1876], romancière française.
Lettre autographe, signée «
G. Sand
», adressée à Eugène Pelletan. [Nohant, 13 ou 14 mai 1837] ; 4 pages in-8°.
«
Mon cher Pélican, J’espère que selon vos habitudes poétiques vous exagérez un peu, et que vous n’êtes aussi triste de m’avoir quitté que
vous le prétendez. Je ne suis pas d’un caractère bien regrettable, et quand on ne m’aime pas par dessus tout, et en dépit de tout, on ne
m’aime presque pas du tout. Il n’est pas nécessaire que j’inspire de grandes affections à tous ceux qui m’approchent et soyez ertain que si je
ne puis pas vivre longtems avec ceux qui ne les ressentent pas, du moins je n’en leur en veux nullement d’avoir été sévère dans leur jugement
sur moi. Je n’en estime que plus leur sagesse car je pense bien que je suis très romanesque et très rêveuse dans mes rêves d’amitié absolue.
[…]
Mais mon prosélytisme s’arrête aux frontières de la vallée noire. Croyez le bien. et ne pensez pas que parce que vous les avez franchies,
je vous frappe de mes pédantesques anathèmes. J’ai bien des amis qui me préfèrent des milliers de gens, à commencer par eux-mêmes (ce
qui est parfaitement légitime et naturel), et je vous assure que j’accepte encore avec reconnaissance la part qu’ils me font, car il n’est pas
dit que je mérite davantage.
J’espère que vous ne partez pas pour Royan. M. Laporte vous en empêchera. Il
doit savoir que la vie retirée, ensevelie, de la famille et de la province ne vous
convient pas. Vous êtes lancé dans une carrière qui peut et qui doit vous conduire à
l’indépendance et si vous travaillez consciencieusement à quelque chose de mieux
encore. Cultivez la donc et jouissez-en, tout en même tems, soit à Paris, soit en
Italie. Vous auriez un peu le brillant de la vie d’artiste, et si vous ne pouvez le
réaliser tout de suite, vous pouvez toujours le rêver tant que vous ne mettez pas
entre vous et lui le rideau de cette vie d’épicées à laquelle vous vous êtes condamné
ici, et que vous ne supporteriez peut-être pas mieux ailleurs.
[…]
J’espère bien vous
revoir. J’espère venir faire connaissance avec Méchiel et avec Osmin, et surtout
avec Célestine, qui doit valoir beaucoup puisqu’elle est beaucoup aimée de lui. Je
n’ai pas besoin de vous dire qu’il faut venir vous reposer ici en allant en Italie si vous
y allez. C’est un si grand bonheur de voir ce pays là, que je ne peux m’empêcher
de vous le conseiller, malgré le conseil que je vous donnais tout à l’heure de ne pas
écouter mes conseils.
[…]
Je compte sur votre bon vouloir quoique je n’accepte pas
l’offre que vous me faites de mordre les mauvaises gens qui m’attaquent. Ils sont
trop malpropres, et à mettre les dents sur eux, on attraperait la lèpre. Gardez-vous
d’y toucher et laissez les se manger les uns les autres. Adieu, amitié à vos amis. Tout
à vous, George.
»
400 / 600
€
334. SAND George (Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite) [
Paris, 1804 - Nohant,
1876], romancière française.
Lettre autographe, signée «
George
», adressée à Eugène Pelletan. [Nohant, 11(?)
août 1837] ; 4 pages in-8°.
«
Je suis bien désolé, mon pauvre Pélican, de ne pas m’être trouvé à Nohant lorsque
vous y êtes arrivé. Je suis retenu ici par des motifs bien graves et bien tristes. Ma
mère est mourante et je ne sais quand je pourrai la quitter. Dieu veuille que ce
ne soit pas pour toujours ! Le médecin m’a pourtant rendu un peu d’espérance
aujourd’hui. Mais bien faible. Je vais faire venir Maurice en attendant que ma
triste position se décide. IL est vrai que j’ai bien souvent des préventions contre
vous. C’est la faute de votre maladresse et non celle de votre cœur. Je suis bien
AUTOGRAPHES
332. SAND George (Aurore Dupin, baronne Dudevant,
dite)
[Paris, 1804 - Nohant, 1876], romancière fran-
çaise.
Lettre autographe, signée «
G. Sand
», adressée à
Eugène Pelletan. [Nohant, mi janvier 1837] ; 3 pages
in-8°, avec adresse.
«
Je suis arrivée et installée. L’enfant n’est pas trop
fatigué. Venez nous trouver quand vous voudrez, et le
plus tôt sera le mieux. Tout mon désir est que vous vous
trouviez bien parmi nous et que vous y restiez longtems,
mais souvenez vous toujours bien que vous venez en
artiste chez un artiste et que toutes vos volontés y seront
saisies. Ainsi n’ayez jamais peur de blesser personne
le jour où vous vous ennuyerez dans cette solitude.
Si vous êtes ami, vous trouverez à qui parler, mais si
nous ne nous plaisons pas, vous trouverez toujours au
départ gens estimables et sachant estimer qui de droits.
Adieu, T. à V. George.
» Elle rajoute la façon de voyager
jusqu’à Nohant, par la diligence ou un cabriolet : «
Je
me charge des frais, je suis en compte courant avec
tous les conducteurs et aubergistes
»… 400 / 600
€
334




