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« Ce fut un moment de profonde émotion – il restait encore sur le corps une bande de satin ouaté. Le docteur y porta la main

et la souleva en commençant par les pieds »... Disposition des témoins autour du cercueil... « On avait fermé la tente où le

docteur nous asphixiait avec je ne sais quelles drogues dites désinfectantes – précaution inutile. L’Empereur était dans un état

de conservation parfaite. Il ne s’exhalait de son cercueil qu’une odeur de moisissure – je vis d’abord ses bottes à l’écuyère, puis

son chapeau placé sur ses cuisses, puis les 2 mains qui avaient conservé, avec une apparence de fraîcheur, une teinte rosée – la

main gauche était un peu élevée au-dessus de la cuisse, au lieu d’être alongée le long du corps comme la droite. C’est ainsi que

M. le M

al

Bertrand l’avait replacée, après l’avoir baisé pour la dernière fois – je vis ensuite son habit à revers arrondis de la

Garde impériale, sa plaque de la légion d’honneur, ses épaulettes, et enfin son visage sur lequel la terre semblait adhérer plus

fortement – je vis, je reconnus l’ovale de sa face, son menton large son front puissant – et alors – je ne vis plus rien, car cédant

à mon émotion je fondis en larmes »... Il vit cependant le docteur toucher du doigt le visage et constater sa momification... Sa

mission remplie, Touchard remonte à cheval pour en rendre compte au Prince, croisant sur la route des habitants de Jamestown

en grand deuil. « Je rapportais 4 petits morceaux du cercueil intérieur en acajou ; le Prince voulut bien en accepter deux »...

Description détaillée de la marche du cortège vers le quai : tirs de canon, accompagnement, intimité préservée dans la chambre

de la chaloupe, musique (la marche d’Orléans), drap mortuaire et couronne impériale voilée d’un crêpe, ordonnancement des

assistants autour du catafalque, célébration de l’absoute par l’abbé Coquereau à la tombée de la nuit ; « on était heureux de voir

enfin

ses

restes reposer sous le pavillon national »... Le lendemain 16, service funèbre solennel, et descente du cercueil dans la

chapelle du faux pont alors que toute l’artillerie tire en salve par coups rapides successifs...

3

e

Cahier

. Réception par le Prince des gabiers et chaloupiers qui avaient armé la chaloupe pour transporter le cercueil à

bord : discours, distribution de médailles commémoratives, cadeaux du Roi des Français au capitaine Alexander (représentant

du gouverneur Middlemore, souffrant), au colonel Trelawnay (commandant l’artillerie de l’île), et à Miss Mary Gideon, « qui

a travaillé au pavillon impérial »... Le départ, prévu pour le 17 octobre, est remis au lendemain, la rédaction et la signature

du procès-verbal ayant pris plus de temps que prévu. « Le 18 au matin, la Belle Poule, la Favorite et l’Oreste ont appareillé

ensemble de S

te

Hélène – l’Oreste nous a bientôt quittés et a fait route pour la Plata. Il a salué le Prince de 3 cris de vive le Roi

et de 21 coups de canon – la frégate a rendu le salut par 3 cris de vive le roi »... Le voyage de retour est marqué notamment par

des nouvelles, communiquées par d’autres navires, de la tension entre la France et la Grande-Bretagne au sujet des affaires du

Proche-Orient (blocus de la Syrie, rassemblement des forces turques à Chypre, prise anglo-autrichienne de Beyrouth, blocus

d’Alexandrie...). Le 2 novembre, la

Favorite

quitte la

Belle-Poule

; le 3, on met la frégate en configuration de combat ; répartition

des principaux passagers dans les chambres. Suivent un long extrait des

Mémoires

du général Gourgaud, et des pages de

véritable journal de bord maritime (positions, vents, itinéraire depuis les Açores)... Arrivée dans la Manche ; le 8 novembre :

« Le cercueil impérial est transbordé sur la Normandie, qui sort aussitôt du port et va mouiller en rade » [de Cherbourg].

La « 2

de

Campagne de la Belle Poule » commence le 17 mai 1841, au départ du Prince de Paris pour Cherbourg ; ils appareillent

le 19. Ils parcourent les établissements maritimes de la Hollande : Le Helder, Niewe Diep, Flessingue, Rotterdam, Dordrecht,

Delft, Hellvoetsluis, avec réception des autorités civiles et militaires de la Nord Hollande, réception par la famille royale à La

Haye, déjeuner chez le Prince Frédéric, visites culturelles et courses... Touchard note avec soin les noms des membres de la

famille royale, des ministres, des aides de camp et des « jolies personnes »... Départ le 1

er

juin ; analyse d’articles des

Annales

maritimes

...