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409.
RUSSIE
. Manuscrit autographe, [
Voyage en Russie
, 1836] ; cahier in-4 de 123 pages (plus ff. blancs), couv.
cartonnée, dos basane rouge (rel. usagée).
600/800
Journal de voyage d’un Normand en Russie, Allemagne et Belgique, et de retour dans sa province du 24 juillet au
9 novembre 1836. Parfaitement lisible, il est rédigé par un des trois fils du marquis Michel-Marie de Pomereu (1779-1863),
président à mortier au Parlement de Rouen : Alexis (1811-1870), Étienne-Marie (1813-1889) ou Armand-Michel (1817-1906).
« Le 24 de Juillet je me mis en route pour Moscou. Ce voyage dura dix jours [...] à l’approche de cette ville, on découvre de
loin une quantité de clochers ». Le voyageur commente l’état des routes, les cultures rencontrées, bestiaux, etc. Il arrive le 5 août
à Moscou dont il fait une description détaillée. Relation de la visite du Tsar à Moscou le 23 : « à cette même époque se trouvaient
dans l’ancienne capitale de la Russie les ambassadeurs de France, d’Angleterre et d’Autriche. M. Horace Vernet était aussi à
Moscou L’Empereur doit y faire renouveler son couronnement et repartira ensuite pour Nijni Novgorod, où se tient la grande
foire de S. Macaire. L’Ambassadeur français doit y accompagner l’Empereur »... Jugement sévère sur les auberges à Moscou.
Puis départ pour Saint-Pétersbourg « dans une diligence de la rue Petrofska » ; détails et prix sur le voyage, les auberges et les
tarifs, les relais de poste, les charrettes et « les sidika, voitures très lentes », etc. Visite de Pétersbourg (notamment l’Académie
des beaux-arts, le palais impérial, etc.). 10 septembre : « je m’embarquai sur un pyroscaphe (petit bateau à vapeur) pour aller
à Cronstadt. Le trajet devait durer 2 heures, nous en mîmes 18 ». Puis voyage en bateau sur la Baltique vers Travesmunde,
Lubeck, Hambourg, Cassel, Francfort, Mayence, Heidelberg, Mayence, Coblence, Nassau, Ems, Cologne, Aix-la-Chapelle, Liège,
Bruxelles, Mons, et enfin Paris, où le voyageur va voir jouer Déjazet au théâtre du Palais Royal... Le 9 novembre, il se met en
route pour Le Héron (château des Pomereu à l’est de Rouen). Retourné, le cahier a servi à des notes de lecture (histoire, sciences,
industrie etc.). On joint divers feuillets de notes pour le voyage (glossaire allemand, notes en anglais, comptes, notes diverses,
etc.).
410.
RUSSIE
. [
Alexander BRÜCKNER
(1834-1896)]. Manuscrit,
De l’Influence de l’Europe sur la Russie
.
[
L’Européification du pays & du peuple russe
rayé]. Traduction française par Philippe Morin, avocat, Sedan 1899 ;
462 pages in-fol. (premiers ff. effrangés et fragilisés).
500/600
Intéressant manuscrit inédit qui forme un essai de traduction française de l’une des œuvres majeures de l’historien
russe d’expression allemande, Alexander Brückner. Ce dernier, d’une famille d’origine finlandaise, naquit à Saint-Pétersbourg,
mais étudia l’histoire dans les universités allemandes, où il fut le disciple de Ranke et de Droysen. Revenu en Russie, il occupa
plusieurs postes d’enseignement de l’histoire russe dans les universités de ce pays, notamment à Dorpat, où il reçut l’obligation
d’enseigner en russe, conformément à la politique alors en vigueur pour les pays de la Baltique. C’est à Dorpat, en 1888,
qu’il fit paraître son ouvrage,
Die Europilisierung Russlands. Land und Volk
, dans lequel, prenant le contrepied des positions
panslavistes alors en vogue dans la recherche comme dans la société, il démontrait que le mouvement culturel russe des deux
derniers siècles consistait dans l’assimilation progressive mais profonde, des idées, des techniques et des mentalités occidentales,
surtout sous l’impulsion de Pierre I
er
et de Catherine II. L’ouvrage ne plut pas dans sa patrie, et lui valut une semi-disgrâce : c’est
que ces idées offusquaient trop le mythe de l’auto-suffisance slave par rapport aux influences étrangères.
L’essai de traduction de Philippe Morin forme, à notre connaissance, la seule version française de cet essai qui ne fut pas
traduit dans notre langue à l’époque ; le texte en fut cependant communiqué à Charles de Larivière, qui en fit état dans sa
recension de
La Russie au dix-huitième siècle
(1904) d’Émile Haumant.
411.
SAINT-DOMINGUE
.
Henri DEPESTRE
, banquier, propriétaire et négociant à Saint-Domingue. Manuscrit en
partie autographe,
Livre de copie commencé le 11 octobre 1785
, [Saint-Omer, Paris et Saint-Domingue], 1785-
1790 ; un volume in-folio de [61] ff. n. ch. (plus ff. vierges), reliure de l’époque demi-parchemin, attaches de corde
(bien conservées), tranches rouges.
4 000/5 000
Très intéressant registre de la correspondance des frères Depestre, banquiers, propriétaires et négociants à Saint-
Domingue. Ces lettres sont écrites du 11 octobre 1785 au 23 novembre 1790, probablement à deux mains (les deux frères),
écrites successivement : de Saint-Omer (4), 11-16 octobre 1785 ; de Paris (10), 15 avril-11 mai 1786 ; de Saint-Domingue, au
Cap Français, mais surtout Mont-Rouy, où Depestre semble avoir eu sa résidence : 118 lettres, c’est-à-dire l’essentiel de cette
correspondance, du 20 juillet 1786 au 23 novembre 1790, avec une interruption du 13 novembre 1787 au 6 mai 1789 (« Je n’ai
tenu copie d’aucune lettre tant pour l’Europe que pour les colonies ». Depestre est arrivé en effet le 19 juillet 1786 au Cap, et
s’est de suite empressé de mettre ses affaires à jour.
Correspondance d’affaires. L’essentiel de la correspondance concerne l’activité des frères Depestre à Saint-Domingue. On
peut y suivre leur installation et le développement de leurs activités. Leurs débuts dans la colonie relèvent essentiellement du
recouvrement de créances. Même s’ils se plaignent de mauvaises affaires (ils s’adressent à des créanciers !), leur réussite semble
bien réelle et va leur permettre d’acquérir un domaine où la production de café est leur activité principale. Le 29 octobre 1786,
l’achat d’un domaine est évoqué ; ils sont arrivés au mois de juillet. Dans une lettre à leur tante Mme de Falligan à Gand
(22 janvier 1787), Depestre explique que la fortune semble leur sourire. Ils envisagent de s’installer dans l’île de la Gonave et se
livrent à un calcul financier de ce qu’elle coûterait en concession et de ce qu’elle pourrait rapporter en sucre et en café (12 février
1787). Ils expliquent que cette concession sera difficile à obtenir, car les administrateurs de la colonie ont dans ce moment un
marché avec un entrepreneur qui l’oblige à fournir tous les bois dont le Roi a besoin, et supposent que le surplus financier est
partagé avec les administrateurs... Leurs affaires passent par une solidarité familiale puisque cette lettre est adressée à leur
cousin le comte de Seneff à qui est proposée une association…
L’esclavage est souvent évoqué dans ces correspondances. Nous citerons quelques passages.
12 septembre 1786
, ils se portent
acquéreurs de nègres pour leurs habitations près de négociants à Port au Prince : « Nous en prendrions jusqu’à vingt ». Le 22,
… /…




