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Joe BOUSQUET
. Manuscrit autographe,
Pour une poupée de cristal
, [vers décembre 1936-février 1937] ; cahier
petit in-4 (21,7 x 17 cm) de 125 pages de papier quadrillé (le reste vierge), gardes couvertes de notes, rel. cartonnée
toile beige.
8 000/10 000
Important cahier inédit de vers et prose, recueillant des réflexions, souvenirs, citations, aphorismes, « idées à
noter » et anecdotes, ainsi que quelques des faits et gestes de la vie quotidienne. Le texte présente peu de corrections.
Au verso de la page de garde figure un titre-dédicace :
« Pour une poupée de cristal.
Un enchaînement de faits qu’on chante à sa mémoire »...
On lit en regard, cette recommandation de Bousquet à lui-même : « Et dans la critique et dans les notes, aboutir à cette langue
extraordinairement claire, un langage de poupée, de poupée de cristal »...
Le contenu de ce cahier est principalement littéraire. On y lit, à côté de notes pour son livre
Iris et Petite Fumée
, des confidences
personnelles (sur son enfance et ses parents, sur l’usage de l’opium), des réflexions sur le bonheur, l’homme contemporain,
la fatalité, diverses locutions familières ou proverbiales, la Foi dans la littérature contemporaine, et de nombreuses citations
(parfois sans attribution) d’Alain, Saint Augustin, Bergson, Flaubert, Lacretelle, Lacordaire,Antoine-Raphaël Mengs (
Réflexions
sur la beauté et sur le goût dans la peinture
, 1786), Paillot de Montabert (
Traité complet de la peinture
, 1829-1851), Albert
Thibaudet…, ainsi que des extraits de critiques sur son œuvre par Jacques Béchot (
La Hune
), Gabriel Bounoure (
NRF
), Edmond
Jaloux (
Les Nouvelles littéraires
), Fernand Lot (
Comœdia
), Carlo Suarès (
Cahiers du Sud
)... Les références bibliographiques
abondent : œuvres de J.F. Angelloz (thèse sur Rilke), Aragon, Bachelard, Barrès, Descartes, Goncourt, R. Huyghe, M. Jacob,
Lhote, Maeterlinck, L. Stein, Verne, Wagner, Zola, etc. Les familiers carcassonnais de Bousquet se retrouvent ici : sont nommés
Ferdinand Alquié (fréquents échos de leurs conversations), James Ducellier, Jean-Baptiste Fourès, Jean Mistler, René Nelli,
ainsi que des domestiques. On relève aussi, sur la première page de garde, les coordonnées à Hanoï d’un fournisseur de « Pilules
anti-opium ».
Nous ne pouvons citer ici que quelques entrées qui donneront une idée de ce cahier-journal.
Le cahier commence par la relation, en 6 parties, de ses efforts pour se ressaisir, depuis qu’une « crise nerveuse » à l’automne
lui a révélé la « désaffection générale » qui s’est emparée de lui : « C’est fini de me subir [...] Je quitterai, pour habiter la maison
de mes actes, le désert illimité de mes impressions. [...] Je vais avoir quarante ans. On me fait crédit d’une certaine sagesse
apparue par hasard dans des livres que j’ai écrits comme en rêve. [...] j’écris, en réalité, pour m’imposer, pour dresser, de force,
dans le cadre des institutions sociales une construction entièrement arbitraire et que ses bases négligeables n’empêcheraient
pas de concourir avec tout ce qu’édifient les exigences les plus respectables de la nature humaine. Je veux que ma fantaisie et
mon caprice tiennent boutique ; et, en ne me servant que de mes jouets, contribuer si bien à l’économie des autres que le soleil
semble, comme on dit, s’être levé pour moi aussi. Avec mes livres, lus par plaisir, mon stylo et ma papeterie, je veux, sans sortir
de ma vie d’enfant, et d’autant plus aisément que je m’y enfoncerai davantage, forcer les existences les plus viriles et les plus
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