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chaque jour « car elle se méfie, et c’est pour que je n’aille pas fumer quelque pipe en cachette [...] de même elle m’envoie le boy et
un billet 2 fois par heure, pour s’assurer que je suis bien au bureau. Ah, c’est une femme, en vérité ; et brave ! »...
1
er
septembre
.
Nouveau départ demain pour Hanoï où il est nommé vice-résident. Son travail sera intéressant, très important et relatif aux
indigènes, ce qui le réjouit. Il va beaucoup travailler et comme ils ne souhaitent fréquenter que peu d’Européens, ils craignent
l’ennui, et il demande des livres pour égayer leurs soirées (Ronsard, Goudeau, Tolstoï, Dostoïevski, Stendhal, Michelet, Balzac,
Sainte-Beuve, Musset…), et le confirmer « dans le vieil oubli de l’opium (car j’ai eu cet héroïsme, de l’oublier, vous savez ?) ».
Il va envoyer sa longue nouvelle
Journal d’un déserteur
« avec des instructions
ad hoc
»...
Hanoi 10 novembre
. Il a appris par
Daudet que
L’Écho de Paris
avait publié sa nouvelle
Le Blockaus incendié
… Il a enfin terminé « la nouvelle qui fera le tiers
de mon bouquin,
Le Journal d’un déserteur
» ; cela ne pourra paraître qu’en feuilleton… Le sujet de sa prochaine nouvelle
est « l’aventure de 12 chanteurs et chanteuses royalement hébergés pendant une semaine et plus par un chef de bande, et à la
fin décapités, sans haine », juste pour protéger son refuge. « Des paysages, des intérieurs, un chef jeune, lettré, raffiné, doux,
cruel à l’occasion et par nécessité [...] on verra qu’il s’agit de fumeurs d’opium surtout par les alentours et la psychologie »...
12 décembre
. Il envoie sa nouvelle
Journal d’un fusillé
, avec des instructions pour la publication... Il recommande de ne jamais
nommer « le véritable fusillé, dont le nom réel était de Clausade »...
21 janvier 1893
. Il a fait un froid sibérien, exceptionnel
pour le Tonkin. Les nouvelles qu’ils reçoivent des journaux de Hong-Kong les inquiètent, avec les rumeurs d’accusations de et
contre Andrieux et Constans, les deux seuls hommes forts « dans toute la boutique politicienne et politiquailleuse »… Quant à
lui, « Loin de tout ce bruit, en notre modeste ermitage hanoïen, je travaille assidûment mes nouvelles, et, pour me présenter à
l’examen de juillet, les caractères chinois »...
Avignon 31 décembre 1895
. Il a presque fini de corriger son livre [
Fumeurs d’opium
] : « cela fera donc un gros bouquin,
comme me le conseillait M. Daudet »...
18 février
1896
. Il faut passer chez Lemerre pour demander des exemplaires de
Devant
l’énigme
et
Provensa
, ainsi que le règlement de son compte...
21 février
. Revue de presse sur l’accueil de son
Fumeurs d’opium
publié chez Flammarion : « c’est bon, puisque dans tout cela ne sont pas compris les articles qu’on m’a promis »... Il a reçu une
prolongation jusqu’à fin février et ne veut pas partir « sans avoir vu l’accueil fait à mon livre par la presse. L’idée de la remise
de mon livre à M. Brunetière m’empêche de dormir »...
Hanoi 24 avril 1897
. Il est débordé de travail. Thérèse est enceinte de 4 mois et demi : « Si tout continue à marcher bien,
septembre me verra – moi, Pitou, père ». Il espère que ce sera un garçon et demande à sa mère d’en être la marraine. Ils auraient
souhaité rentrer cette année en France, d’autant qu’il vient encore d’avoir de la fièvre : « J’aurai besoin d’au moins un mois de
repos au bord de la mer, cette année : le médecin a insisté là-dessus »... Ils souffrent du climat, avec la menace permanente de
la fièvre ou d’autres maladies, mais veulent rester le plus longtemps possible pour mettre de côté de quoi vivre en France pour
deux ans. Il va écrire à Daudet et à Mallarmé « dont j’ai reçu un beau livre. J’aurais aimé savoir si mes
Fumeurs
avaient eu une
vente honorable : d’après votre phrase “beau succès de presse”, j’ai compris que cela devait me cacher l’annonce d’un insuccès
de vente »... [Il meurt le 12 août.)
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