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Ensemble de notes, plans, ébauches et brouillons, chantier de sa toute première œuvre.

Un projet de page de titre, sous le pseudonyme de Jean-Flour Montestruc, pour le « conte gothique »

Clair de lune empaillé

…,

porte la date du 20 septembre 1923 ; il s’agit probablement d’une première ébauche du conte

La Fiancée du vent

, roman que

Bousquet publiera en 1928 dans la revue

Chantiers

... De nombreux plans d’intrigue, des ébauches et notes préparatoires, et de

nombreux brouillons et versions successives d’un même passage s’y rattachent, avec les personnages du roman : Miauline, Loïs,

Ermetrude, Azoulaïs… Des feuillets mis au net sont corrigés, ou biffés, avec des notes et remarques en marge.

Un feuillet à la date du 17 mai 1927 recueille une citation d’Henri Clouard sur le génie poétique, et diverses réflexions :

« Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. – L’originalité n’est pas le fruit de la volonté pure mais celui de la liberté

du Moi profond », etc. Un autre, de la même époque, consigne l’entrée : « Remarqué le 8 avril 1927 – dans

Le Passé vivant

[d’H. de Régnier] – suivant le caractère des personnages, plus ou moins de discours parlé dans leur bouche. Et pour Jean de

Lannois, pers. taciturne et falot

ne dit jamais un mot

»... Réflexions sur le style… Notes diverses et pense-bêtes : « Demain

matin avec P. Eluard. Le voyage d’Urien »... « Lire tout Jean Cocteau – Apollinaire etc. »... «

Fouiller les personnages

plus

profonds

que nature

»... «

Écrire tout d’abord, entièrement dialogué

»... Notes de lecture d’Emerson ; passages en latin sur le

péché de gourmandise et sur l’imagination tirés de Raymond Lulle (

Opera ea quae ad adinventam ab ipso artem universalem

scientiarum artiumque

) ; notes sur

Phèdre

et

Hamlet

; etc.

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Joe BOUSQUET

. Notes et manuscrits autographes ; 21 pages in-8.

1 800/2 000

Écrits intimes, de premier jet, parfaitement lisibles. Trois feuillets ont été arrachés à un cahier ; y figurent des citations,

un dialogue et des réflexions sur l’écrivain et ses choix, des observations sur une liaison et un fragment témoignant d’une

nostalgie personnelle : « Au milieu de l’après-midi, j’ai bavardé une grande heure avec mon père ; et comme nous avions

agité affectueusement mille pensées qui nous ramenaient toutes à l’époque où j’étais enfant, nous nous vîmes, par une pente

naturelle, amenés à parcourir en esprit la campagne où nous passions en ce temps-là, les étés entre les arbres et les vignes, dans

une jolie maison que mon père avait relevée et que nous aimions chacun en notre façon. Moi j’en parlais par la peine que je

trouve à savoir cette campagne en des mains étrangères, exprimant au fond le regret que j’ai de ma jeunesse par le chagrin

que j’éprouve à n’y pouvoir revenir »... D’autres feuillets comportent des ébauches, notes et réflexions diverses : « L’idée de la

fatalité, incompatible avec la foi en l’homme »... « Un paralytique écrit naturellement comme un aveugle. Grandir, c’est pour

lui faire concurrence à ce qui l’opprime. La courbe de ses progrès tend à le faire écrire comme un manchot »... « Cette vierge

de plâtre qui est dans une niche au-dessus de la porte qu’ont franchie la nuit, pour venir à moi, tour à tour, toutes mes amies,

Mygale me la montrait de loin, hier, en me disant : “C’est moi qui change l’eau de ses fleurs” »... « Si j’ai vécu pour détruire

l’idée du temps, je dois sentir que je n’ai pas d’âge. Le monde est devenu si clair qu’il efface le souvenir de mes yeux »... « Son

corps était un lieu d’étonnement et de délices où je me proposais d’inventer l’amour. Ma joie, c’était d’en éprouver la vie au plus

secret de moi-même. Il y avait quelque chose de miraculeux dans l’opération de la dévotion »... « Un mouvement de tête fort

joli comme si elle voulait mordre dans sa joie »... « Un artiste est un œil, un œil privé de corps : il donne des yeux à la lumière,

il trouve nécessairement dans l’activité des hommes un prolongement des grands spectacles naturels »... Etc.

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