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* Essai sur l’amour, la mort, et lui-même. Manuscrit mis au net avec quelques corrections au début. « Je suis homme
et je vis cloué à la croix. Qu’on n’attende de moi que je développe cette idée en étant moi-même le développement. À peine
indiquerai-je ici mes points de repère, pour les moins sages de mes lecteurs qui n’auront pas su les deviner derrière mes
premières lignes. Tuer, créer ? Dégager de la vie cette clarté dont elle est le couchant, la pure flamme dont elle n’a jamais fini
de diviser la lueur. Malheureux, mon malheur signifie toujours pour moi quelque chose et c’est cette fatalité de clarté qui rend
ma vie si difficile à supporter. À certains moments, le fardeau de l’existence est si lourd que je pousse, naïvement comme une
bête, un cri terrible, mais qui s’achève en paroles ; comme pour révéler à mon essence la plus profonde la vérité surhumaine
de ma douleur. Plainte où toute ma vie, sans doute, se débat contre ma volonté de la chasser comme un songe. Alors, avec un
frisson de véritable terreur, je m’avance à travers une naissante idée qui, malgré moi, s’éclaire dans la convulsion purement
physique de ma peine. Et cette connaissance qui m’est donnée, ce n’est déjà plus moi, mais ma mise au rancart comme à la
lueur d’un éclair, révélée dans l’espérance foudroyée que je donnerais le monde comme contenu à l’expression de ma tristesse,
que j’enfermerais l’être de ce qui m’exile dans les limites de mon exil. [...] je ne puis me voir, ni jamais m’aimer jusqu’au
sang, m’aimer à travers mon idée de l’amour »... À la suite, 3 feuillets de notes avec schémas, sur l’immobilité, le mouvement,
l’imagination et l’illimitation...




