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Le 2 mai 1780, l’escadre française appareille de Brest avec
une quantité considérable de matériel et quatre régiments
à son bord : Bourbonnais, Royal Deux-Ponts, Saintonge et
Soissonnais, où le vicomte de Noailles est colonel en second.
L’escadre entre dans la baie de Newport le 11 juillet 1780.
Lafayette arrive à Newport le 25 juillet où il rencontre aussitôt
Rochambeau, et Noailles. Mais après cette longue traversée,
l’armée ne peut entamer sa campagne.
Le 7 août 1780, Lafayette est nommé par Washington à la
tête d’une troupe d’infanterie légère d’environ 2000 hommes,
les fameux
riflemen
dont le comportement offensif suscitera
plus tard l’admiration de Napoléon : « recrutés parmi des
hommes entraînés, excellents tireurs, disciplinés et aptes
à mener de dures campagnes, reconnaissables à leurs
plumets noirs et rouges » (E. Taillemite,
La Fayette
, pp. 76-77).
Le 18 août s’ouvre la correspondance entre Lafayette et
Noailles. Le 2 septembre, dans sa deuxième lettre, Lafayette
décrit la composition, l’uniforme et le modeste équipement de
son corps de partisan. Pour le moment, l’absence de l’escadre
de Guichen rend impossible toute opération combinée
des forces navales et terrestres. La prise de New York est
repoussée. L’automne et une grande partie de l’hiver se
passent pour Lafayette en escarmouches, en projets soumis
à Rochambeau et Washington, ou en écritures de lettres.
Noailles et Lafayette sont très éloignés : « être tous deux dans
l’Amérique Septentrionale (…) sans pouvoir causer ensemble
pendant deux heures » (23 octobre 1780). Lafayette demeure
à Philadelphie. Mais le 20 février 1781, Washington lui donne
le commandement d’un corps de troupe envoyé vers le sud.
Au début de cette année 1781, Washington et Rochambeau
ont décidé l’envoi d’une mission diplomatique à Versailles pour
soutenir Benjamin Franklin dans ses demandes de renforts,
tant militaires que financiers. Le Congrès confie cette mission
au jeune colonel John Laurens, fils de Henry Laurens son
ancien président (1777-1778). L’accompagnent le célèbre
Thomas Paine (auteur de
Common Sense
), le major William
Jackson (Père fondateur des États-Unis en tant que signataire
de la Constitution) et le vicomte de Noailles, chargé de guider
la mission dans les labyrinthes de la Cour. Lafayette écrit une
lettre à sa femme Adrienne, le 2 février 1781, pour lui présenter
son ami John Laurens et une autre à John Laurens lui-même,
le 3 février, pour le charger de lettres de recommandations
auprès des ministres et de ses amis (
Lafayette in the Age
of the American Revolution
, S. J. Idzerda éd., III, p. 309 et
319). Cette mission appareille de Boston à bord de la frégate
Alliance
le 11 février 1781. Elle arrive à Lorient le 9 mars pour
se rendre aussitôt à Versailles. L’information entre les deux
officiers semble circuler difficilement. Lafayette sait Noailles
parti « sur une escadre » (8 avril 1781). Il ne semble pas certain
qu’il soit au courant de sa participation à la mission Laurens ;
la conclusion de cette même lettre demande à Noailles de
saluer des camarades de camp alors qu’il est en France. Il faut
dire qu’auparavant, le 6 avril 1781, Washington avait prescrit
à Lafayette l’ordre de se rendre dans le sud, en Virginie, vers
sail on the
Hermione
and landed in Boston on April 27, where
he announced the arrival of an expeditionary force.
On May 2, 1780, the French squadron departed Brest, loaded
with a considerable quantity of material and four infantry
regiments : Bourbonnais, Royal Deux-Ponts, Saintonge and
Soissonnais, with the vicomte de Noailles acting as second-
in-command. The squadron landed in Newport Bay on July 11,
1780. Lafayette arrived in Newport on July 25, and soon met up
with Rochambeau and Noailles. However, after the long journey,
the army was not prepared to start fighting immediately.
On August 7, 1780, Washington appointed Lafayette at the
head of a light infantry unit of about 2,000 men, the well-
known
riflemen
, whose behavior during attacks would later
garner Napoleon’s admiration : “hired among trained men,
outstanding marksmen, disciplined and able to carry out
arduous campaigns, they were easily recognizable due to their
black and red feathers.” (E. Taillemite,
La Fayette
, pp. 76-77).
The exchange of letters between Lafayette and Noailles started
on August 18. On September 2, in his second letter, Lafayette
described the composition, uniforms and modest equipment
of his unit. At the time, the absence of Guichen’s squadron
made a combined operation of both naval and ground forces
impossible thus postponing the capture of New York. Lafayette
spent the fall and most of the winter skirmishing, submitting
proposals to Rochambeau and Washington and writing letters.
Noailles and Lafayette were far apart : “We are both in northern
America…unable to speak together for two hours” (October
23, 1780). Lafayette stayed in Philadelphia. However, on
February 20, 1781, Washington gave him a command of troops
sent to fight in the South.
In early 1781, Washington and Rochambeau decided to send
a diplomatic mission to Versailles in order to support Benjamin
Franklin’s request for additional military and financial backing.
Congress entrusted this mission to the young colonel John
Laurens, the son of former President of Congress Henry Laurens
(1777-1778). He was escorted by the famous Thomas Paine
(author of
Common Sense
), Major William Jackson (one of the
Founding Fathers who signed the Constitution) and the vicomte
de Noailles, who was responsible for guiding the mission
through the labyrinth of the court of Versailles. On February 2,
1781, Lafayette wrote a letter to his wife, Adrienne, to introduce
his friend John Laurens and also wrote a letter to John Laurens
himself on February 3 to give him letters of recommendations
for the ministers and his friends (
Lafayette in the Age of the
American Revolution
, S. J. Idzerda ed., III, p. 309 and 319).
The mission departed Boston on the sailing frigate
Alliance
on February 11, 1781. They arrived in Lorient on March 9 and
departed for Versailles immediately. It seemed information had
trouble spreading between Noailles and Lafayette. Lafayette
knew Noailles had gone “as part of a squadron” (April 8, 1781) ;
however, he did not seem aware that Noailles was taking part
in the Laurens mission : in the conclusion of the letter dated
April 8, Lafayette asked Noailles to give his best to his camp