Background Image
Previous Page  13 / 239 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 13 / 239 Next Page
Page Background

12

laquelle le théâtre des opérations s’était déplacé. A Versailles,

au bout de six semaines de tergiversations, le succès est au

rendez-vous. Louis XVI accorde un crédit de 16 millions de livres

dont 6 en don et deux cargaisons d’armes et équipements

qui partent de Brest le 1

er

juin. Le 22 mai, Lafayette écrit à

Noailles depuis Richmond (Virginie) « il y a des siècles que je

n’ai reçu de tes nouvelles ». Il y fait face à des forces quatre fois

supérieures en nombre.

Le 6 juin, le colonel Laurens regagne Boston porteur de la

nouvelle d’un renfort et de l’arrivée imminente d’une nouvelle

escadre. En Virginie, Lafayette relance sa campagne marquée

par les combats de Williamsburg (25 juin) et Norrelmill

(6 juillet). La dernière lettre à Noailles est précisément écrite

de Williamsburg le 9 juillet. Avec l’arrivée de la flotte de l’amiral

de Grasse (30 août), l’opération combinée terre/mer peut enfin

avoir lieu. L’armée de Washington, et donc Noailles avec le

régiment de Soissonnais, rallient les troupes de Lafayette le

15 septembre. Ils n’ont plus besoin de s’écrire. La victoire à

la bataille navale de Chesapeake, dès le 5 septembre, rendait

certaine la chute de Yorktown. Durant le siège, le vicomte mena

deux charges victorieuses. La capitulation de Yorktown, l’une

des plus graves défaites britanniques, fut signée le 20 octobre.

Les articles en avaient été rédigés conjointement par Laurens

et Noailles, à la demande de George Washington lui-même.

Ces douze lettres forment donc un témoignage précieux sur

ces chassés-croisés héroïques. D’après les recensements

de L. Gottschalk et de C. de Tourtier-Bonazzi, une seule

lettre de Lafayette à Noailles manque à l’appel, celle du

4 octobre 1780 conservée à Cornell University. Les grandes

correspondances de Lafayette, adressées à ou reçues par

des personnages français ou américains de premier plan dans

la Guerre d’Indépendance, sont d’ores et déjà entrées dans

des collections publiques, à l’exception de celles conservées

dans les archives du château de La Grange. Les lettres

à Rochambeau se retrouvent pour dix-huit d’entre d’elles aux

Archives nationales de France, et pour quinze autres à Yale

University depuis le don de la collection de Paul Mellon (les

archives Rochambeau, acquises en 1952 par les libraires

M. Chamonal et L. Scheler, furent vendues sept ans plus

tard à Paul Mellon par H.-P. Kraus ; Paul Mellon les donna

à la Beinecke Library en 1992). Les vingt-six lettres à l’amiral

d’Estaing sont conservées aux Archives nationales ; il ne s’en

trouve, selon Gottschalk, aucune aux États-Unis. Soixante-dix

lettres à Vergennes sont également conservées aux Archives

nationales. La Sparks collection de Harvard College Library

possède une soixantaine de copies réalisées par Lafayette

lui-même des lettres qu’il adressait à Vergennes et Maurepas.

Aucune lettre de Lafayette à Rochambeau ou à Estaing n’est

passée en ventes aux enchères dans les pays anglo-saxons

depuis 1977, selon

American book prices current

, qui ne

recense, par ailleurs, qu’une seule lettre mineure à Vergennes

(4 août 1779) et qu’une seule lettre à Washington (8 juillet

1781). On ne saurait donc mieux souligner la grande rareté de

ces douze lettres.

mates, not realizing Noailles was in France. It must be noted

that on April 6, 1781, Washington had ordered Lafayette to go

south, to Virginia, where the fighting was now taking place.

Meanwhile, in Versailles, success finally materialized after six

weeks of prevarications. Louis XVI granted a credit of 16 million

livres

, including 6 as a donation and two shipments of weapons

and equipment which were sent from Brest on June 1. On May

22, Lafayette sent Noailles a letter from Richmond (Virginia), in

which he wrote : “I have not heard from you in ages.” At the

time, Lafayette faced forces four times the size of his own.

On June 6, Colonel Laurens returned to Boston, bearing the

news of the imminent arrival of both reinforcements and a

new squadron. In Virginia, Lafayette resumed his campaign,

highlighted by the battles of Williamsburg (June 25) and Norrell’s

Mill (July 6). His last letter to Noailles was written in Williamsburg

on July 9. After the fleet led by Admiral de Grasse (August 30)

arrived, it was finally time to launch a combined operation of

both naval and ground forces. Washington’s army, including

the regiment of Soissonnais led by Noailles, joined Lafayette’s

troops on September 15. They thus no longer needed to

maintain a correspondence. After the French naval victory at

Chesapeake, on September 5, the fall of Yorktown was now

assured. During the siege of Yorktown, the vicomte led two

victorious charges. The surrender of Yorktown, one of the most

significant defeats ever suffered by the British army, was signed

on October 20. At the request of Washington himself, both

Laurens and Noailles composed the articles of capitulation.

Therefore, these twelve letters constitute a precious account

of Noailles’s and Lafayette’s heroic deeds. According to

L. Gottschalk and C. de Tourtier-Bonazzi’s inventory, only one

letter written by Noailles is missing. Dated October 4, 1780,

it is kept at Cornell University. The great correspondences

between Lafayette and major American and French figures in

the American Revolution have already become part of public

collections, except for the archives of the Château de La

Grange. Eighteen of Lafayette’s letters written to Rochambeau

are at the Archives nationales de France, and fifteen have been

at Yale University since Paul Mellon donated his collection.

(The Rochambeau archives, acquired by the booksellers

M. Chamonal and L. Scheler in 1952, were sold to Paul Mellon by

H.-P. Kraus seven years later ; they were given by Mellon to the

Beinecke Library in 1992). The twenty-six letters addressed to

Admiral d’Estaing are kept at the Archives nationales ; according

to Gottschalk, none of them are currently in the United States.

Seventy letters addressed to Vergennes are also kept at the

Archives nationales. The Sparks collection of Harvard College

Library owns about sixty autographsmanuscript copies of letters

written by Lafayette to Vergennes and Maurepas. According to

American Book Prices Current

, not one letter from Lafayette

to Rochambeau or d’Estaing has been up for sale in Anglo-

Saxon countries since 1977. Moreover, only one minor letter

to Vergennes (August 4, 1779) and one to Washington (July 8,

1771) are part of

American Book Prices Current

’s inventory.

Therefore, one cannot overstate the rarity of these twelve letters.