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argent à un ouvrage si indispensable. […] Les cavaliers des fermes arrêtèrent hier douze coupes de bled conduites par

un voiturier qui dit les porter à Cambassadez mais qui n’avait point de passeport. Je ne sais si on peut arrêter du bled

sur le grand chemin ; mais il est bien triste que ce genevois soit le prétexte continuel de la cherté du bled que les français

éprouvent, et du trouble où est notre pauvre petit canton. Le païsan est désespéré, pour moi j’espère en vous »…

63.

VOLTAIRE

. 3 L.S. « Voltaire », Ferney juillet 1773, au chevalier Louis-Gaspard

Fabry

, subdélégué [de

l’Intendance de Bourgogne] à Gex ; les lettres sont de la main de son secrétaire Jean-Louis

Wagnière

 ;

4 pages in-4, une adresse.

1 800/2 000

6 juillet 1773

. « Nous vous remercions, Mad

e

Denis

et moi, de la bonté que vous avez pour les Bramerels nos

vassaux. Nous vous suplions de leur continuer vôtre protection, et d’empêcher qu’un étranger ne les ruine. Le décret

de prise de corps contre deux hommes pour une querelle de femmes, est sans doute contre la raison et contre les règles.

Il y a déjà pour environ cent francs de frais, et l’affaire ne valait certainement pas la peine que la justice a prise. Il paraît

que le S

r

Rendu n’est pas encor bien instruit des loix du roiaume »…

10 juillet 1773

. M. Rendu a été bien vite, et il est

certain qu’« il n’y avait nulle raison de décreter deux citoiens de prise de corps parce que leurs femmes avait décoëffé

d’autres femmes, que c’est faire un étrange abus de la dignité de juge de village que de faire d’un trait de plume pour

plus de cinquante écus de frais à des laboureurs, de les détourner de leur travail, de les mettre en prison sans aucun

sujet, de les interroger étant yvre, de prononcer devant eux et devant leurs femmes les mots les plus indécents et les

plus grossiers »… Il y aurait de quoi faire condamner ce juge, mais Voltaire approuve l’idée d’« assoupir » l’affaire, en

présumant qu’il fût ivre : « je pense comme vous, qu’il faut assoupir toutes ces petites affaires qui ne servent jamais

qu’à ruiner les pauvres »…

13 juillet 1773

. « Vous êtes le conciliateur du païs, vous en êtes le père. Les Bramerels vous

ont grande obligation, car ils sont bien pauvres. Il faut espérer que les femmes deviendront plus sages ; que le S

r

Rendu

s’instruira des loix, et qu’il ira moins au cabaret »…