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72.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.A.S. « T. » et L.A., Philadelphie mars-avril 1795, au banquier
newyorkais
Olive
; 2 et 1 pages in-4 (petits trous de liasse).
1 200/1 500
Sur le commerce et les colonies
.
15 mars 1795
. Il transmet une lettre du consul général, pour l’ami qui va à Hambourg : « Si M
r
Desbassaings
n’est
pas embarqué remettez la lui ; s’il est embarqué renvoyez la moi : nous avons ici dans la semaine prochaine un batiment
qui part pour Hambourg. Cette lettre seroit une tres bonne recommandation pour M
r
Desbassaings auprès du chargé
d’affaires de France en Allemagne, ce qui pourroit lui être de quelque utilité. – M
r
Swan
part d’ici positivement de
demain en huit, et avec lui s’en vont tous les moyens d’argent de la légation : ainsi soyez assez bon pour dire tout ce
qui est le plus près des injures à l’engourdi consul de New York pour le faire finir : proposez lui de décider avec lui
la question. Vis à vis du consul general il n’y aura point de difficultés »… Il n’a pas de nouvelles d’Europe, « mais
il paroit que les troupes angloises sont arrivées à la Barbade au nombre de 1600 hommes ». Il demande enfin : « Est
ce que les prix des caffés et sucres à Hambourg ne font pas penser tous les feseurs de New York à des expéditions
pour Hambourg ; ici on y pense assez serieusement : mais l’argent ce diable d’argent est employé de tous les cotés, et
personne n’en a pour faire des affaires de commerce d’une manière et dans une ligne raisonnable »…
7 avril [1795]
. Il doit rester quelques jours de plus à Philadelphie. « Les nouvelles des colonies sont bien
mauvaises ; encore un massacre de quelques malheureux blancs qui etoient dans la partie françoise. Les derniers
decrets de l’assemblée, et les choix faits par le pouvoir exécutif prouvent qu’on est dans de mauvaises routes pour le
rétablissement des colonies : il faudroit tout y adoucir, et on y exaspere tout »…
Lettres publiées par Michel Poniatowski dans
Talleyrand aux États-Unis
, p. 526 et 367.
73.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.A.S. « Tall. », New York 3 juillet 1795, à Emmanuel
Sieyès
,
député à la Convention nationale, à Paris ; 1 page in-4, adresse.
800/1 000
Lettre d’exil en Amérique à son ancien collègue de la Constituante
.
« J’aime à donner des lettres d’introduction pour vous, mon cher ami, aux Americains de la bonne espèce, c’est-
à-dire a ceux qui sont d’une manière bien prononcée contre le traité insultant pour la France que l’Amerique vient de
faire avec l’Angleterre [le Traité de Londres, décrié pour ses articles relatifs au commerce des denrées coloniales]. Le
porteur de cette lettre est M.
Prevost
jeune homme d’esprit et d’espérance. Son beau père le col.
Burr
un des sénateurs
de l’état de New York est un homme de la premiere distinction dans ce pays ci ; il aime la liberté, il a beaucoup d’esprit
beaucoup d’instruction, est un peu amant de votre chere metaphisique et a des gouts rafinés qui lui font desirer d’aller
passer quelques années en France, vous l’y verrez à ce que je crois d’ici à un an. Ayez la bonté de voir quelquefois son
fils et de lui faire faire les connoissances qui peuvent lui être agréables et utiles. Adieu, conservez moi amitié, la mienne
pour vous ne finira qu’avec la vie »… En post-scriptum, il réclame tout ce que Sieyès a imprimé depuis six mois, « et
parmi les brochures celles qui valent la peine d’etre lues »…
74.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.A.S. « T. », NewYork 12 septembre [1795], à
Moreau de Saint-
Méry
à Philadelphie ; 2 pages in-4, adresse avec marque postale.
800/1 000
Amusante lettre à son ami Moreau de Saint-Méry, ancien constituant, exilé comme lui, libraire à
Philadelphie
.
« Je vous donne bien de l’embarras, mon cher maître, avec toutes mes petites commissions ». Il cite la lettre du
baron de
Brugière
qui « vous auroit payé de toutes vos peines attendu qu’il me demande de lui procurer
une plasse
dom daffer parcequi lest prop a toute spesse d’agryqulture
et de plus il m’assure qu’il parle et ecrit l’anglois comme
le françois ». Il le demande de lui envoyer les fusils « par eau mais par un capitaine connu pour qu’ils ne soient pas
abimés, et que l’on ne se couche pas trop sur mes chapeaux ».
Briois de Beaumetz
va revenir de sa course. « Vous
êtes bien heureux que votre société soit dissoute, car le nouveau commensal que je vous ai donné auroit bien inquiété
Monsieur le baron qui vous auroit demandé des comptes du lait qu’il boit »… Il lui fera parvenir dès que possible l’arc
de son fils, et annonce que « Demeunier est parti pour le Connecticut et Boston »…
Lettre publiée par Michel Poniatowski dans
Talleyrand aux États-Unis
, p. 529.
75.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.A., New York 2 novembre 1795, à
Moreau de Saint-Méry
à
Philadelphie ; 1 page et demie in-4, adresse avec marque postale.
1 200/1 500
Annonce de sa radiation de la liste des émigrés, et exposé sur la situation politique en France
.
Il remercie son ami libraire de l’envoi d’un journal « qui m’apprend que je ne suis plus émigré ». Il a reçu bien des
lettres de France : « Voici ce que la lecture bien attentive que j’en ai faite me laisse dans l’esprit. L’opinion publique est
meilleure que le gouvernement et semble forcer au bien de la même manière qu’elle nous a si souvent forcés au mal.
Il existe de la liberté, – et pour les hommes raisonnables il y a de la tranquillité, mais je ne vois pas encore ce qui en
garantit la durée. Cependant l’influence des propriétaires paroit chaque jour croissante, et avec leur secours, on pourra
se trainer quelque tems. – Les chouans depuis la paix avec l’Espagne n’inquiètent plus personne ; on se croit sur de
les anéantir ». Il projette d’aller voir quelques mois son ami à Philadelphie. Leur excellent ami
Demeurier
retourne
…/…




