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Il est accablé par l’ordre qu’il vient de recevoir « de quitter l’Angleterre », et proteste contre cette injustice

provoquée « par les calomnies de mes ennemis. Ils m’auroient bien fait du mal, si après avoir surpris au roi cet acte de

rigueur vous n’aviez pas la bonté de m’admettre à lui faire parvenir par vous ma justification. […] Je ne cherche point à

pénétrer les secrets de l’administration ; je renonce même à connoitre mes dénonciateurs ». Il veut prouver de manière

évidente « que j’ai religieusement respecté l’azile que m’a accordé votre gouvernement [depuis le mois de septembre

1792

biffé

]. Depuis votre rupture avec la France, si mes pensées se sont tournées souvent vers ce malheureux pays,

ce n’a été jamais que pour en déplorer les désastres, et pour aider quelques amis à s’échapper de cette vaste prison ».

Il sait aussi « qu’on a cherché à vous persuader que mon inaction n’étoit qu’apparente. J’ai ignoré trop longtemps

ce stratagème de mes ennemis, et quand je l’ai connu, j’ai cru devoir le mépriser. Pouvois-je prévoir qu’à force de

constance il parviendroient à vous tromper sur ma conduite, et à m’ôter ainsi le seul azile qui me reste en Europe. Vous

êtes trop éclairé, Mylord, sur la situation de toutes les parties du continent , pour ne pas sentir l’affreuse position d’un

homme connu pour avoir désiré en France une Monarchie limitée, et banni par là même de tous les lieux où la France

est influente, et de tous ceux où ses anciens collègues dans les fers, l’avertissent trop de ne pas se présenter »… Certain

d’avoir respecté les devoirs de l’hospitalité, il ne mérite pas cet excès d’infortune, et il « demande à votre humanité,

comme à votre justice, la révocation d’un arrêt qui n’eut point été prononcé, si la vérité eut été mieux connue »…

Lettre publiée par Michel Poniatowski dans

Talleyrand aux États-Unis

, p. 505.

70.

Charles-Maurice de TALLEYRAND

. L.A.S. « Tal. » et L.A., New York 13 janvier et 26 août 1795, à

Moreau de Saint-Méry

 ; 1 page in-8 et 1 page in-4, adresses (fente soigneusement réparée à la 1

ère

).

800/1 000

À son ami Moreau de Saint-Méry, ancien constituant, exilé comme lui, et qui s’était installé libraire à

Philadelphie.

Mardy [13 janvier 1795]

. Il l’invite à dîner le soir-même ainsi que le lendemain, et se doutant de son refus, il

l’informe que le général

Knox

viendra dîner, que ce dernier « a fait ici longtems des affaires de librairie, qu’il s’intéresse

à vos succès, qu’il m’a dit […] qu’il vouloit causer avec vous pour vous indiquer les moyens qu’il croit les meilleurs

pour prospérer »…

New York

26 août 1795

. Il lui recommande un nommé

Dupuis

qui « arrive de Paris et apporte avec lui « la

nouvelle constitution. C’est le seul exemplaire qu’il y ait en Amérique : il y auroit de l’argent à gagner à l’imprimer ».

Il lui conseille de la faire traduire par M. Nugent. « Il faut surtout imprimer le discours de

Boissy

[

d’Anglas

] qui

est pensé et écrit d’une manière fort remarquable. Vous retrouverez deux cents articles de notre connoissance dans la

constitution, et le grand mot d’amnistie prononcé dans ce discours »…

La 2

e

lettre publiée par Michel Poniatowski dans

Talleyrand aux États-Unis

, p. 436.

71.

Charles-Maurice de TALLEYRAND

. L.A.S., Philadelphie 18 janvier 1795, au banquier

Olive

à New

York ; 2 pages in-4.

1 000/1 200

Au sujet de la nouvelle loi américaine

sur la naturalisation

.

Il rassure son ami sur « la loi nouvelle relative

à la naturalisation. D’abord cette loi n’est pas

encore passée au senat, et là elle pourra éprouver

quelques changements. – De plus les personnes

(comme nous autres anglois disons) de votre

description, ne sont point compris dans la loi

nouvelle ; il n’y a point pour eux de prolongation

de tems, comme on vous l’avoit dit. – Pour vous

répondre plus pertinemment, j’ai consulté hier

M

r

Smith qui avoit fait l’amendement qui nous

etoit favorable. M

r

Smith m’a dit positivement

que son amendement etoit passé, et que tout

ce qui etoit en Amerique avant la loi ne seroit

point soumis aux clauses nouvelles qu’elle

renferme »… Il envoie des remerciements à Mme

Olive pour le joli chien qu’elle lui a donné, et

salue ses partenaires de whist. « Quand il arrive

a New Yok quelque batiment venant de France,

seriez vous asses bon pour me mander ce que

vous êtes autorisé à regarder comme sur »…

Lettre publiée par Michel Poniatowski dans

Talleyrand aux États-Unis

, p. 507.