Background Image
Previous Page  55 / 83 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 55 / 83 Next Page
Page Background

Fils de Jean-Ignace Jacqueminot et de « dame Marie-Claire Dumaire, son épouse », Jean-François

Jacqueminot entra à l'École militaire en 1803. Il en sorti sous-lieutenant au 16

e

dragons. Successivement lieutenant

et capitaine de dragons, et chevalier de la Légion d'honneur à Iéna, il passa ensuite à l'état-major du maréchal-duc

de Reggio, dont il devint promptement le premier aide de camp, avec le grade de colonel. Il fit, auprès du

maréchal, toutes les glorieuses campagnes du Nord. Atteint à Essling de deux balles dont une qui traversa la

jambe, il se fit poser un mollet de fer blanc pour assister à la bataille de Wagram, et il ne quitta le champ de bataille

que lorsque la gangrène eut envahi sa blessure.

Dans la campagne de Russie (1812), lors de la funeste retraite de Russie, au passage de la Bérézina, le colonel

Jacqueminot se distingua à nouveau par sa bravoure. L'Empereur le désigna pour passer le fleuve avec 50 cavaliers

et pareil nombre de fantassins. Il prit avec lui quelques hommes déterminés, fit prisonnier un poste russe, choisit

parmi les captifs un sous-officier, le chargea sur son cheval et l'apporta à l'Empereur en lui disant : « Sire, voilà un

prisonnier. » L'Empereur, se retournant vers son état-major, prononça ces mots : « Voilà un fier gaillard ! » Il

ajouta ensuite : « M. Jacqueminot, on n'est pas plus brave que vous. » Après la bataille de Bautzen, il fut nommé

officier de la Légion d'honneur.

La première Restauration le mit en non-activité. Alors, au retour de l'île d'Elbe, il fut nommé par l'Empereur au

commandement du 5

e

lanciers, qui chargea, brillamment, plusieurs fois aux Quatre-Bras. Le maréchal Ney, à

l'occasion de ce fait d'armes, le proposa pour la croix de commandeur de la Légion d'honneur. Ce n'est qu'en 1831

que le roi Louis-Philippe I

er

, en le nommant commandeur, acquitta la dette contractée par la patrie en 1815.

La vie militaire du général Jacqueminot est semée d'actions héroïques et son nom a rarement été prononcé

sans l'épithète de brave à une époque même où ce titre se donnait avec d'autant plus de réserve que beaucoup

pouvaient y prétendre ; l'opinion de l'armée l'avait consacré pour lui.

Entré dans la vie civile, le général Jacqueminot rendit à son pays des services d'un autre ordre, il est vrai,

mais non moins utiles. Il forma dans la Meuse, à Bar-le-Duc notamment, et dans le Bas-Rhin, de vastes

établissements manufacturiers (filature) où près de 6 000 ouvriers trouvaient, avec du travail, l'aisance et le

bonheur calme qui en sont les fruits, un nouveau champ d'asile des défenseurs du pays, d'où jamais aucun des

anciens combattants des armées nationales ne fut repoussé. Il en fut récompensé par sa nomination aux fonctions

de juge au tribunal de commerce, comme il était membre de plusieurs sociétés ou commissions formées pour

favoriser les progrès de l'industrie, du commerce et de l'agriculture.

Il s'était placé depuis longtemps, dans ces contrées, à la tête de l'opposition constitutionnelle active,

lorsqu'il fut élu, le 21 août 1828, au collège de département, député des Vosges.

En arrivant à la Chambre des députés, le général Jacqueminot se promit de répondre à la confiance dont il

venait d'être l'objet, en soutenant, de tous ses efforts et de l'autorité de son caractère, toutes les propositions qui

avaient pour but l'émancipation de la France et l'honneur national. En regardant autour de lui, il vit qu'il y avait

encore des troupes d’occupation étrangères en France et résolut d'en poursuivre l'éloignement avec cette énergie,

cette persévérance, ce courage même dont il avait déjà donné tant de preuves, et l'on se souvient encore du

discours qu'il prononça pour son début à la tribune : il demandait le renvoi des gardes suisses et la réforme des

gardes du corps du roi. L'effet qu'il produisit fut immense. On en pourra juger en se rappelant que cette

proposition radicale, présentée de nouveau par lui, l'année suivante, amena un vote de la Chambre, et que la

première épreuve fut déclarée douteuse. C'était un grand pas de fait par l'opposition ; c'en fut un non moins grand

pour le député dans l'estime de la Chambre, qui le lui prouva en le nommant l'un de ses secrétaires. Du nombre

des 221, il fut réélu, le 23 juin 1830, demanda le renvoi des gardes suisses.

Accouru de Bar-le-Duc à franc étrier, en 1830, pour se joindre aux combattants des journées de juillet

1830, il organisa et dirigea, de concert avec le général Pajol, cette expédition de Rambouillet qui détermina Charles

X et les membres de la branche aînée des Bourbons à abandonner le sol de cette France, dont les étrangers ne

devaient plus songer à les rendre maîtres pour la troisième fois.

Partisan de la nouvelle monarchie, il fut, lors de la retraite du général La Fayette, déterminé par de

pressantes instances à accepter les fonctions de chef d'état-major-général des gardes nationales de la Seine. Il ne le

fit qu'en refusant l'indemnité de 20 000 francs qui lui était allouée pour frais de représentation. Le roi répondit à

cet acte de désintéressement en élevant le colonel Jacqueminot au grade de maréchal de camp. Cette promotion

avait été considérée d'ailleurs comme la reconnaissance d'un titre déjà acquis à la bataille de Waterloo, époque où il

avait, ainsi qu'on l'a vu, exercé les fonctions de ce grade.

Les sentiments des électeurs du département des Vosges se manifestèrent à leur tour par le don d'une

épée d'honneur votée à leur digne représentant.

Dans les journées des 5 et 6 juin 1832, le général Jacqueminot ne démentit pas sa belle réputation militaire non

plus que son caractère noble et généreux. Tous les journaux annoncèrent qu'il fit l'abandon d'une année de son

traitement d'officier de la Légion d'honneur au profit de la famille nombreuse d'un des gardes nationaux tués dans

ces déplorables journées.

Un mariage vint à cette époque accroître considérablement sa fortune. Jean-François Jacqueminot épousa,

le 3 décembre 1834, Sophie Angélique Vanlerberghe fille de Ignace-Joseph Vanlerberghe, munitionnaire-vivrier,

puis banquier à Paris. Mariage sans postérité.

Successivement élu député : dans le collège électoral des Vosges de 1828 à 1834 et dans 1

er

arrondissement de Paris, de 1831 à 1842. La Chambre l'appela quatre fois à la vice-présidence.