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les collections aristophil

LITTÉRATURE

553

SOUPAULT (Philippe)

Lettres autographes signées.

1951-1971.

198 p., de l’in-12 à l’in-4, divers papiers, l’essentiel des

enveloppes conservé.

600 / 800 €

Importante correspondance autographe adressée à l’écrivain et

cinéaste Nelly Kaplan, rassemblant 111 lettres et 1 télégramme.

S’y ajoutent 4 feuillets concernant l’œuvre de N. Kaplan qui

paraissent avoir été joints à des lettres. La correspondance couvre

les dates extrêmes 1951-1971, même si l’essentiel des missives

s’échelonne du milieu des années 1950 au milieu des années 1960.

Belle correspondance amoureuse et littéraire. De nombreuses

lettres sont consacrées au sentiment amoureux et à ses péripéties

.

« Vous savez combien je vous aime et toujours plus. Mais la vie est

absurde. C’est pourquoi je suis quelquefois méchant et injuste […].

Ma chère Nellllly [

sic

], je vous dis des gros mots toute la journée et

parfois aussi la nuit. Et puis je pense à vous avez tendresse. »

(lettre

du 4 août 1960).

« J’aime tout de vous. Je ne suis pas cynique, au

contraire. Quand je vous vois, quand nous sommes ensemble, je me

sens plus clair, plus fort, plus vrai. »

(27 déc. [1963 ?]). Dans une autre

lettre, Soupault indique préférer s’abstenir de la fréquenter dans ses

moments de misanthropie aiguë : «

Ne m’en veuillez pas de ne pas

vous appeler. Je traverse une nouvelle crise de colère, de dégoût,

de rancune. Et comme je vous sens plus active, plus enthousiaste, je

refuse de vous imposer le spectacle que j’offre si intensément et qui

ne peut que […] vous décourager. »

Il insiste parfois sur les difficultés

de communication :

« je sais depuis que je vous connais que vous

êtes incommunicable. Vous êtes différente et tellement plus au-

dessus des autres. C’est à cause de cette différence que je vous

aime tant. »

(lettre du 1

er

nov. 1959). La correspondance rend parfois

compte de l’actualité artistique parisienne :

« J’ai vu hier Marguerite

Duras. […] Le film dirigé par Brook est commencé depuis ce matin.

Resnais était absent (malade). »

(lettre du 10 février 1960). Il s’agit

de l’adaptation de

Moderato Cantabile

de Duras par Peter Brook.

L’ensemble renferme aussi quelques lettres-essais où Soupault

exprime son avis de poète et de critique sur les écrits de N. Kaplan.

C’est le cas, par exemple, pour

La Géométrie des Spasmes

publiée

par Nelly Kaplan sous le pseudonyme Belen, au Terrain Vague, en

1959 :

« Pour moi, “la Géométrie des spasmes”, est plus proche des

“Illuminations” de Rimbaud (et pour [ ?] ce que parler veut dire) que

de toutes les élucubrations des pâles disciples de Jules Verne qui

n’ont jamais réussi à son vertige mais ont accepté sa conception

du monde bourgeois.

 » (2 p. sur 2 ff).

De même avec

Le Sunlight d’Austerlitz

(1960), reportage de tournage

de N. Kaplan, écrit pendant la réalisation du film

Austerlitz

d’Abel

Gance où elle officiait comme première assistante du metteur en

scène. Il la met par ailleurs en garde contre la misogynie lorsqu’elle

se lance dans son film sur Gustave Moreau (court-métrage sorti

en 1961) :

« Quant à la mysoginie [sic] de G.M. méfiez-vous…

Tous les hommes de cette belle époque, même les plus doués (!)

(Maupassant, Flaubert, Huysmans) étaient mysogines [sic]. »

(28

déc. 1960). Il l’invite même à la prudence vis-à-vis de son éditeur.

Face à Éric Losfeld qui lui a dit grand bien de

La Géométrie

, il lui

rappelle que

« L. sait flatter plus que payer »

(lettre du 6 juin 1959).

Bel ensemble

.

Quelques rares taches, quelques feuillets brunis.

haine, la plupart des gens que vous estimez. […] Vous avez vu quelques

très jeunes gens faire de grandes fortunes, soyez convaincue que quelles

que soyent les phrases et les apparences, pendant 2 ou 3 mois de leur

vie, ils ont été comme Julien. De 1806 à 1813, j’ai été à peu près ayde

de camp de M. le c[om]te Daru. Il était très puissant à Berlin en 1806, 7,

8, à Vienne en 1809. J’étais dans une sorte de faveur à Saint-Cloud en

1811. Je vous assure que personne n’a fait une grande fortune sans être

Julien. La forme de notre civilisation exclut les grands mouvements, tout

ce qui ressemble à la passion. »

(s. l., 28 avril 1831). La correspondance est

également riche en informations sur

Lucien Leuwen

. Stendhal y dévoile la

rédaction de son roman dans sa lettre du 4mars 1835 signée « Anastase de

Serpière ». Écrit avec interruptions de mai 1834 à novembre 1836,

Lucien

Leuwen

parut de manière posthume : sa première partie, « Le Chasseur

vert », parut en 1855 dans les

Nouvelles inédites

, et l’ensemble en 1894.

« […] Je finis un roman où je peins (comme disent les hommes de lettres

vos protégés), où je peins une ville de province de 30000 vers Metz ou

Nancy. Je l’appelle Montvallier. Là mon héros devient amoureux. Dites-

moi quelque chose de la province. Vous m’intéresserez doublement ou

triplement… »

(s. l., 4 mars 1835). Il évoque également à plusieurs reprises

la comtesse de Sainte-Aulaire, dont il fréquenta le salon à l’ambassade de

France à Rome : il la prit comme modèle pour sa nouvelle

Une position

sociale

, écrite en 1832, qu’il pensa un temps développer pour former une

troisième partie à

Lucien Leuwen

. Il fait également mention des

Mémoires

et voyages

d’Astolphe de Custine, son ami :

« J’ai remis chezmon portier…

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STENDHAL

Correspondance manuscrite à Sophie Duvaucel.

Paris, Trieste, Corfou, Civitavecchia, janvier 1830-mars 1835.

In-4 (28 x 22,5 cm), reliure janséniste, maroquin bordeaux,

dos à nerfs, doublures de maroquin rouge avec jeu de filets

dorés en encadrement, gardes de soie moirée bordeaux,

étui bordé

(G. Mercier Sr de son père - 1929).

30 000 / 50 000 €

52 p. sur 28 ff. in-12 et in-4 montés sur onglets.

Très importante correspondance de 14 lettres autographes de Stendhal

(11 L. A. S. et 3 L. A.) adressées à Sophie Duvaucel et à la mère de celle-

ci (une lettre). Elle présente quelques petits croquis originaux de la main

de Stendhal. Sophie Duvaucel (1789-1867) était la belle-fille du naturaliste

Georges Cuvier, avec qui sa mère s’était remariée. Elle faisait les honneurs

du salon de son beau-père au Jardin des plantes, ce que Stendhal

évoque avec plaisir dans ses

Souvenirs d’égotisme

. Courtisée par l’ami

de Stendhal, Sutton Sharpe, elle épousa finalement l’amiral Ducrest de

Villeneuve.

Cet ensemble exceptionnel rassemble des lettres-clés sur

Le Rouge et le Noir

et

Lucien Leuwen

.

Stendhal se livre à une analyse

psychologique et sociale approfondie de Julien Sorel, en soulignant à

quel point il est représentatif des arrivistes de son temps, insistant sur

le fait qu’il n’a lui-même jamais été ce personnage du

Rouge et le Noir

(1830) :

« Je vous assure que personne n’a fait une grande fortune sans

être Julien. »

Il évoque aussi sous son surnom de « madame Azur » son

ancienne amante Alberte de Rubempré, cousine de Delacroix, dont il

s’inspire en partie pour peindre Mathilde de la Mole dans

Le Rouge et

le Noir

. Il évoque la parution de ce roman :

« J’espère qu’on vous aura

envoyé une rapsodie de ma façon. Cela vous fera horreur et à MM. les

membres de l’Académie. Je ne vous engage point à lire ce plaidoyer

contre la politesse qui use à force de vouloir. Ne voyez dans ce livre qu’un

hommage, et un remerciement pour les soirées aimables que j’ai passées

au Jardin. Tous vos hommes puissans ou plutôt au pouvoir doivent être

bien polis, car leur faculté de vouloir est furieusement usée. »

(Trieste,

20 janvier 1831). Son personnage de Julien Sorel sert de fil rouge pour

dépeindre des situations sociales :

« […] Je méprise sincèrement et sans

le premier volume de M. de Custine. C’est le voyage en Italie et celui qui

convient le mieux à ces jolies âmes françaises pour lesquelles il faudrait

écrire avec les couleurs de l’arc-en-ciel. Quels que soient les torts de M.

de Custine, il n’est point charlatan. Il n’est point vaudevilliste courant après

la pointe, il peint vrai ; trois petites qualités assez rares. Il a 18 ans, dans

le volume… Il est quelquefois enfant. Son grand défaut est d’avoir peur

du public, qui, sauf votre respect, n’est qu’une bégueule crevant d’ennui

et mettant à son amusement des conditions impossibles à remplir… »

(janvier 1830). Il parle aussi de son ami Mérimée, vante son article sur

Byron

(« où il y a plus de philosophie et de véritable esprit que dans 1830

numéros du Globe »

) mais pointe

« le manque d’élan du personnage de

sa nouvelle Histoire de Rondino »

(7 mars 1830). On voit également défiler

Chateaubriand, Fielding, Hoffmann ou Lamartine.

Très bel ensemble autographe.

Bibliographie :

Stendhal,

Correspondance

, Pléiade, n° 891, 895, 897, 899, 902, 935, 945,

979, 1060, 1373, 1380, 1393, 1402, 1429.

Petits frottements au dos, quelques petits manques de papier sur 7 lettres

perdus au moment du décachetage (avec perte de quelques lettres),

traces de pliures, menues taches et rousseurs affectant quelques lettres.