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HISTOIRE

des scènes et des cancans de tous côtés » (5/17 janvier 1868)… « Je

vois que le manque de nos bingerles commence déjà à produire son

eÀet ordinaire sur toi » (Berlin 1/13 mai 1870)… « Oh ! Quel bonheur de

s’adorer comme nous et d’être la vie l’un de l’autre. […] cher ange, j’ai

admirablement dormi grâce à toi, mon idéal, mon trésor, mon tout

et me sens encore tout imprégné de nos bingerles délirantes d’hier »

(6-7/18-19 mai 1870)… « tu as vu et senti que ton mari avait joui de son

aimable petite femme jusqu’au délire » ; il se sent « plus ensorcellé

et plus amoureux que jamais » de son adorable lutin (29 juin/11 juillet

1870)… Sa lettre l’a « inondé de soleil comme toujours » : il y trouve

« plus que jamais le reflet de notre cœur qui est heureux de n’en

former qu’un seul depuis 6 ans (5/17 juillet 1872)… « toute ma vie est

en toi » (1

er

/13 février 1877)… « Je me sens encore tout imprégné de

nos bingerles délirants de tantôt. Ce fut bon à crier » (8/20 janvier

1879)… Enfin, au lendemain de leur mariage : « Cette jouissance qu’on

se donne mutuellement, quand on s’aime comme nous, ne peut être

comparée à rien » (7/19 juillet [1880])…

Alexandre évoque parfois du travail avec des ministres et sa « besogne »,

des engagements à la Cour de Prusse, des chasses et des spectacles

(telle une audition de

Lohengrin

à Weimar), mais il privilégie leur vie

intime et familiale (ils sont « Peperle » et « Memerle »). Leurs enfants

occupent une place importante dans cette correspondance : de loin,

il espère que leur fils « pense encore quelquefois à son Papa, qui

l’adore et qui soupire de ne pas le voir, ainsi que la chère Olga » ; il

compte retrouver Gogo (Georges) et son adorable maman à Ems (25

avril/7 mai 1874)… Que Dieu bénisse les prochaines couches de Katia,

« et qu’Il te rende tout le bonheur que tu n’as cessé de me donner

depuis près de 10 ans » ; il admire l’appétit et l’humeur des petits, et

regrette de n’avoir pu assister à leur coucher (31 décembre/12 janvier

1875)… Que son fils prétende être lavé par lui « prouve une fois de

plus combien il pense en tout à son Peperle et qu’il se sent aimé »

(11/23 janvier 1877) ; il s’amuse des questions incessantes de Georges

et de leurs lectures, mais souÀre d’avoir à le punir d’un mensonge :

« la manière dont il m’en a demandé pardon m’a touché, car il fut

plus tendre que jamais » (20 janvier/1

er

février 1877)… Il n’oublie pas

l’anniversaire de la mort de leur « Baby » Boris (né en 1876 et mort en

bas âge) ; un quatrième naît en décembre 1878. Sa « véritable vie » se

concentre dans les moments passés ensemble : « La présence des

chers enfants forme ma joie et leur gaîté insouciante me fait du bien

au milieu de tous mes soucis » (15/28 mars 1879)…

Lors de voyages à l’étranger, il adresse à Katia quelques lignes pour

accuser réception de ses envois et l’assurer de sa santé, entre des

lettres plus longues.

Celles de 1877 reflètent l’engagement d’Alexandre dans la guerre

russo-turque, car il suit son armée en Bulgarie. « J’ai reçu encore une

fois la confirmation du sujet du protocole, mais pas un mot de l’envoi

d’un Ambassadeur, ce qui probablement sera également rejetté et

ce que nous saurons demain. Alors seulement nous pourrons fixer

le commencement des hostilités et de la publication du Manifeste.

Tout cela me poursuit je l’avoue comme un cochemar. Que Dieu

nous vienne en aide » (29 mars/10 avril 1877)… « À 9 h. à la cathédrale,

puis à la revue, où il y a eu Te Deum devant la troupe, avec lecture

du Manifeste, qui a produit un enthousiasme général. La batterie

d’Emanuel superbe, ainsi que tout le reste » (12/24 avril 1877)… Il se

réjouit de l’abandon de Matchine par les Turcs ; les troupes russes

l’occupent : « Le clergé et les chrétiens de Matchine vinrent à leur

rencontre les saluer comme des libérateurs. […] Ainsi nous voilà

établis d’un pied ferme sur l’autre rive du Danube. Le succès obtenu

aujourd’hui justifie les lenteurs du Gén. Zimmerman, car l’attaque

de Matchine, s’il avait été défendu par les Turcs, nous aurait fait

éprouver des pertes énormes » (Ploesti 11/23 juin 1877)… Il avance dans

la nuit du 14, escorté par des Cosaques du Don, entendant de loin