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HISTOIRE
que l’un à l’autre devant Dieu et notre conscience pour toujours, ce
qui nous relève à nos propres yeux et nous soutient aussi [...] Je
comprends que tu es hanté par nos bons moments passés ensemble,
oh ! que j’aime à te carresser car tu es si appétissant et délirant [...]
je sens que nous sommes plus fous amoureux que jamais l’un de
l’autre et que cela déborde terriblement »…
4-5/16-17 novembre 1871
, n° 294. « J’ai des douleurs au bas-ventre
depuis cette nuit [Katia est enceinte pour la première fois], cela
m’agasse aÀreusement. Ta bonne lettre que je viens de recevoir
m’a remplit de soleil et est le reflet de ce cœur qui ne vit que par toi
mon ange adoré, ma vie, ma seule et unique consolation. Je t’aime
à la folie et suis heureuse de t’adorer et me dire que tu n’appartiens
qu’à moi seule devant Dieu et ta conscience pour toujours, ce qui
nous relève à nos propres yeux et nous soutient en tout, aussi il faut
avouer que rien ne peut être comparé au bonheur d’avoir un trésor
sacré en soi et ne former qu’un de corps, d’âme et de cœur. [...] nous
ne pouveons plus vivre sans penser l’un à l’autre, cette absorbation
est un vrai bonheur que nous sommes les seuls à connaître. Je sens
aussi que nous éprouveons la même impatience de nous retrouver
ensemble dans notre cher nid et cela déborde en nous plus que
jamais »...
17-18/29-30 novembre 1871
, n° 307. « Je savais bien que notre bonne
journée d’hier nous laisserait la même délicieuse impression, et
j’adores comme toi à nous reposer et jouir comme des fous que nous
sommes. Je suis contente pour toi de mon appetit qui certes ne peut
cœur. […] j’espère te rencontrer au Nevski, puis au quai et à 3 h. au
boulevard. Ma lettre de ce matin t’aura aussi prouvé que ton mari
se sentait, comme toi, imprégné de nos bons moments d’hier et de
nos bingerles délirants, qui nous ont fait jouir à crier et c’est sous
cette impression que nous nous revîmes à l’Opéra, ne voyant que
nous et nous sentant fiers et heureux de nous sentir mari et femme
devant Dieu pour toujours. Tout le reste pâlit et disparaît pour nous,
devant notre culte sacré, qui est devenu notre vie »... À minuit ¾.
« Revenu du spectacle français à minuit, j’ai du encore achever des
paperasses […] ton mari se sent tout imprégné de notre délicieuse
soirée et de nos bingerles, qui nous ont fait jouir de nouveau jusqu’au
délire. Oh ! que
c’était bon
! [...] Je suis persuadé que mon adorable
petite femme éprouve la même chose et que tous les détails de ces
chers moments la hantent comme moi. Je te vois encore couchée
dans ma chemise et promenant ensuite en écossais par en bas et
en hussard par en haut, et dansant ensemble la mazourka, comme
des fous que nous sommes »...
Catherine Dolgorouki
3-4/15-16 novembre 1871
, n° 293. « Je me sens toute triste de ne pas
te voir de toute la journée [...] je ne puis plus vivre loin de toi, c’est un
besoin de mon existence de me retrouver dans tes bras, mon ange
délirant, ma seule consolation. […] je t’aime à la folie, tu es mon mari
adoré qui forme mon bonheur, aussi rien ne peut être comparé au
sentiment de s’adorer comme nous et jouir du délire de n’appartenir




