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les collections aristophil

LES ANNÉES 1920 - 1930

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CHAR RENÉ

(1907-1988)

Vingt-et-une lettres et cartes autographes signées

adressées à Louis BARNIER.

1964-1983, 22 pages à l’encre sur papier, divers formats,

enveloppes conservées.

4 000 / 5 000 €

Correspondance de René Char à Louis Barnier, directeur de

l’imprimerie Union, relative à leur collaboration pendant près de 25 ans.

« […] J’ai toujours été heureux de parler de vous ici avec ceux et ils

sont nombreux, qui m’interrogent : « Mais quel est cet imprimeur

qui aime à ce point son travail et notre cause, pour faire si bien la

brochure et l’affiche ? » Vous ne passez pas inaperçu comme vous

le voyez ! Oui l’affiche est une réussite extraordinaire. Les gendarmes

nocturnes en ont bien déchiré quelques-unes, lacéré plutôt, mais elle

circule et les commerçants la montrent au public dans leur magasin.

Les vitrines la présentent parmi leurs objets ou leurs victuailles,

charmante denrée ! Encore merci. Nous mettons sur pied un grand

rassemblement pour le mois de mai. Beaucoup de difficultés certes,

la lourde machine des partis, volontairement met des ratés dans son

moteur. Nous arriverons à nos fins, je crois et j’espère ».

Il est joint

un télégramme de René Char à l’Imprimerie Union ainsi

que « Mille planches de salut », plaquette fac-similé du manuscrit

de René Char écrit en préface de l’ouvrage : « Dessins de Picasso ».

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COCTEAU JEAN

(1889-1963)

Visite

, manuscrit autographe.

S.l., [1923], 5 pages grand in-4 à l’encre sur papier fort et fin.

1 000 / 1 200 €

Manuscrit autographe comportant de nombreuses ratures et

corrections de Cocteau. Visite est un beau texte onirique et tragique

dans lequel un soldat tué sur le front s’adresse à Jean Cocteau :

« J’ai une grande nouvelle triste à t’annoncer : je suis mort je peux te

parler ce matin parce que tu somnoles, que tu es malade, que tu as

la fièvre » « Chacun de nous est une bouteille qui imprime une forme

différente à la même eau. Maintenant retourné au lac, je collabore

à sa transparence, je suis nous, vous êtes je, les vivants et les morts

sont prêts et loin les uns des autres comme le côté pile et le côté

face d’un sou, les quatre images que propose un jeu de cubes. Notre

rayon à nous traverse les murs. Rien ne l’arrête. Nous vivons épanouis

dans le vide […] ». Publié dans « Discours du grand sommeil » et repris

dans les

Œuvres poétiques complètes

, pages 444-446.

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COCTEAU JEAN

(1889-1963)

Lettre autographe signée « Jean » adressée à Max JACOB.

S.d. [entre le 9 et 15 mars 1925], 2 pages in-4 à l’encre.

(Traces de pliures.)

1 000 / 1 500 €

BELLE ET ÉMOUVANTE LETTRE, RÉDIGÉE LORS D’UNE CURE DE

DÉSINTOXICATION À LA CLINIQUE DES THERMES URBAINS À

PARIS. Épuisé par le traitement, Cocteau débute la lettre en s'excusant

auprès de son ami. « Pardonne moi d’écrire si mal & des choses si

bêtes - c’est le premier [sic!] lettre permis par le médecin et je n’ai

aucune force. Je ne peux encore aller du lit à la table, mais mon chéri,

mon pauvre enfant merveilleux tu ne comprendras donc jamais que

‘mes silences’ sur tes poèmes n’ont aucune signification de blâme

-- que la moindre boucle d’une de tes lettres a déjà du prestige

pour mes yeux et mon cœur -- que je t’approuve d’avance comme

faisaient les admiratrices de Sarah Bernhardt […] Depuis avant-hier je

suis hors de danger -- alors le médecin ne m’écoute même plus et

me laisse avec une tulle de nerfs autour du poumon gauche et des

aigrettes atroces […] Très heureux d’Hugnet libéré du service […] Mon

Max je t’aime. Ton amitié, ta bonté pour mon œuvre sont toute ma

récompense. Je t’embrasse, Jean ».

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CLAUDEL PAUL

(1868-1955)

Correspondance de 28 lettres et cartes de visites

adressées à Jacques BENOIST-MECHIN.

Japon et France, 1920-1927, à l’encre sur papier in-8,

certaines enveloppes jointes.

4 000 / 5 000 €

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La correspondance adressée à Jacques Benoist-Mechin, historien,

musicologue et homme politique, est surtout d’ordre littéraire ou

musicale.

Tokyo, de 1920 à 1924 : « J’applaudis de toutes mes forces à votre

idée de faire de la musique religieuse. » ; « L’artiste qui parle, qui

se laisse toucher est un homme perdu. » ; « Keiser me fait penser à

Keyserling et celui-ci à Hölderlin, le seul grand poète allemand que

je connaisse. » « La seconde idée qu’il faut écarter et qui gène tant

d’artistes est que le christianisme est une cause d’appauvrissement

pour l’esprit. » « Je vous envoie le prospectus suivant qui m’a beaucoup

intéressé et qui confirme bien des idées que m’a suggérées la musique

d’Orient. ». « Vivre, c’est lutter et c’est souffrir, et la vraie vie est celle

qui ne laisse pas indifférent la plus petite action, le rameau nerveux

le plus ténu de votre substance intime. » « J’écris en ce moment les

dernières lignes des Souliers de Satin qui est une espèce d’examen

et de moquerie de moi-même. ». « Je serai à Paris le 6 et j’irai chez

Adrienne [Monnier] — l’heure ? — avec la joie et l’intérêt que vous

pensez. » On joint une lettre adressée à Adrienne [Monnier] lui

demandant de rencontrer Larbaud pour différentes questions. — En

France, 1925. « Pouvez-vous m’envoyer une copie de ma Parabole

du Festin ? » — Tokyo et en mer, 1926. « Quant à Proust lui-même

ses vices monstrueux mettent entre lui et moi une épaisseur à la fois

transparente, infrangible et malpropre comme la verrière de la gare

d’Orsay que vous décrivez si bien. » « Je consens avec le plus grand

plaisir à vous servir de témoin pour votre mariage. » « Vous soulevez

une autre question qui est celle de l’infini et de la perfection. » — Tokyo

et Paris, 1927. « Gardez-moi la lettre que je vous ai écrite sur le Père

Humilié et que j’ai déjà oubliée. » « J’ai eu hier un bain de musique

magnifique ! Vos chœurs ont une plénitude, un rythme et une sonorité

admirable. » « C’est une très bonne idée d’y joindre ce Fragment d’un

drame, que j’avais complètement oublié. »

Sont joints

quelques brochures et ouvrages concernant Paul Claudel :

« Bulletin de la société de Paul Claudel », « Revue des Jeunes », « the

Way of the Cross », « Entretiens politiques et littéraires », la « Revue

indépendante », « Théâtre de l’œuvre — L’otage », etc.

Très bel ensemble.