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les collections aristophil

LES ANNÉES 1920 - 1930

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DRIEU LA ROCHELLE PIERRE

1893-1945)

Mesure de la France

, manuscrit

autographe.

1922, 92 pages in-4 à l’encre sur papier

montées sur onglets en un volume

petit in-4 relié demi-vélin à la Bradel,

pièce de titre de maroquin noir.

7 000 / 8 000 €

Important manuscrit de travail de cet essai,

méditation mélancolique sur l’avenir de

la France, de l’Europe et du Monde au

lendemain de la Grande Guerre.

Mesure de

la France

parut en 1922 dans la collection

des Cahiers verts dirigée par Daniel Halévy.

Le manuscrit est complet, à l’exception

de la première page, remplacée par une

dactylographie.

Daté en fin « [octobre biffé] mai 1922 », il

est écrit à l’encre noire (ou bleu-noir), sans

marge, au recto de feuillets de beau papier

vergé filigrané Joynson’s Parchment (et

quelques ff. au verso de papier administratif

de la Préfecture du Département de la Seine.

Direction de l’enseignement. Inspection).

Il présente de très nombreuses ratures

et corrections, avec plusieurs passages

biffés, et a fait l’objet d’importants

remaniements, comme en témoignent

des changements de pagination et de

nombreux passages découpés et déplacés.

De 1814 à 1914 sa position démographique

en Europe est passée du premier rang au

quatrième. De plus, l’entrée sur la scène

mondiale de deux empires géants, Russie

et États-Unis, introduit une nouvelle optique

mondiale qui la fait paraître petite entre les

“nouvelles nébuleuses”. La France doit

donc renoncer à un éclat solitaire. Il lui faut

s’amalgamer aux nouvelles constellations qui

se forment en Europe : l’ère des Alliances

est ouverte, même si celle des Patries n’est

pas close. Par la pratique de la fédération

on parviendra peut-être à évoquer l’âme

de l’Europe. […] l’auteur invite les Français à

se recueillir dans une méditation sévère sur

le sens de l’effort humain. En commettant

son “crime” : n’avoir pas fait assez d’enfants

pendant un siècle, la France n’a peut-être

péché que par excès de civilisation et a

démontré son sens de la mesure. Elle a eu le

mérite de mettre au jour qu’il faut empêcher

le pullulement de l’Europe. D’autre part, la

religion épuisante de la Production soulève

une grande interrogation “sur les fondements

de notre civilisation”. La réponse à cette

question angoissante qui fait le tragique du

monde moderne ne sera pas nécessairement

trouvée par le peuple qui semble peser le

plus par ses masses » (Frédéric Grover).

Citons l’étonnante conclusion, quand on

songe au destin de Drieu : « Il ne s’agit pas de

Révolutions, de Restaurations, de superficiels

mouvements politiques et sociaux, mais

de quelque chose de plus profond, d’une

Renaissance. Tandis que le XX

e

siècle verra

s’épanouir et s’exagérer le principe présent

de la civilisation, il faut que par un travail

souterrain qui renouvelle pierre à pierre les

fondements de l’Esprit ce siècle soit l’amorce

d’une époque où l’automatisme menaçant,

dont les manifestations viennent d’être

énumérées, sera surmonté. Il faut renoncer

à demain et travailler pour un jour à venir. Si

l’on croit que la vie mérite d’être vécue et que

son objet est de produire un enfant, une statue,

un poème clos. À moins qu’on ne préfère

s’écarter du centre conventionnel de choses,

marcher vers les confins, explorer la mort ».

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DRTIKOL FRANTISEK

(1883-1961)

« Portrait d’Ervina Kupferova »,

photographie originale.

[1919], tirage argentique.

21,5 x 17 cm, sous passe-partout.

1 200 / 1 500 €

Tirage argentique d’époque, contrecollé sur

papier noir, représentant Ervina Kupferova en

Cléopâtre le visage recouvert d’un casque.

Tampon au recto « DRTIKOL PRAGUE ».

Ervina Kupferova, danseuse célèbre, fut

la femme de Drtikol. Frantisek Drtikol,

photographe tchèque, célèbre pour ses

photographies de nus et ses portraits fut

proche de l’Avant-garde tchèque.

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DRTIKOL FRANTISEK

(1883-1961)

« Ervina Kupferova en princesse

égyptienne », photographie originale.

[1919], tirage argentique.

14,7 x 24,8 cm, sous passe-partout.

1 200 / 1 500 €

Tampon « DRTIKOL PRAGUE », tirage

argentique d’époque représentant Ervina

Kupferova, épouse de Frantisek Drtikol.

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DRTIKOL FRANTISEK

(1883-1961)

« Ervina Kupferova allongée »,

photographie originale.

1919, tirage argentique.

18,7 x 25,8 cm, sous passe-partout.

2 000 / 3 000 €

Tirage argentique d’époque de Drtikol

représentant Ervina Kupferova, son épouse.

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DRTIKOL FRANTISEK

(1883-1961)

« Nu au bras levé », photographie

originale signée.

1929, tirage aux pigments d’époque

contrecollé sur un passe-partout

d’origine.

28,3 x 23 cm, sous encadrement.

1 000 / 1 500 €

Cachet au timbre sec « Copyright Drtikol

Prague », signé au crayon par la main de

l’artiste sur le passe-partout Drtikol et daté

de 1929.

provenance

Ancienne collection praguoise, proche de

l’artiste.

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DRTIKOL FRANTISEK

(1883-1961)

« Les deux amies »,

hotographie originale.

S.d., tirage argentique

8,5 x 12 cm, sous encadrement.

1 500 / 2 000 €

Tirage argentique d’époque représentant

deux femmes sur un sofa, l’une habillée,

l’autre nue.

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Certains passages sont rubriqués au crayon

bleu en travers du texte : « préface », « bible »,

« chefs », « guerre ». Il est divisé en six

chapitres : I

Le Crime et la Loi

(p. 1-7). II

Le

Crime nous aliène les dieux et les hommes

[titre primitif biffé :

Les Crimes de la France

]

(p. 8-18). III

L’Esprit troublé

(p. 19-33). IV

La

France au milieu du monde

(p. 34-59). V

Les

patries et l’aventure

(p. 60-67). VI

Le citoyen

du monde est inquiet

(p. 68-92).

Citons un des passages supprimés (p. 61) :

« Le patries européennes sont sorties de

cette guerre couvertes de sang, chancelantes,

souillées dans leurs entrailles par l’immonde

travail du profit, mais que leurs faces sont

émouvantes, émaciées, exaspérées par les

sacrifices. Cela ne signifie pas grand’chose :

toutes les tendances humaines sont poussées

à l’extrême et raffinées par la conscience.

Notre sensibilité patriotique est inouïe. Elle

est maladive, faite d’inquiétude, de doute, elle

recueille le reste du sentiment religieux qui

ne trouve plus sa voie ancienne. Elle pousse

avaricieusement des racines dans toutes

les parties de notre âme. Elle se perd dans

la manie et le ridicule. C’est une dévotion

machinale. C’est une hallucination ».

Drieu « invite les Français à prendre

conscience de la situation diminuée de leur

patrie dans une Europe et un monde qui

ont changé depuis l’ère de la suprématie

française. […] La France a commis un crime,

mûri à la fin du XIX

e

siècle, consommé au

début du XX

e

 : elle n’a plus fait d’enfants.