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les collections aristophil
LES ANNÉES 1920 - 1930
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CHAGALL MARC
(1887-1985)
Lettre autographe signée et manuscrit
autographe adressés à Jacques
GUENNE.
S.l.n.d. [circa 1927], 16 pages sur
4 doubles feuillets in-8 et 1 page in-12
à l’encre sur papier. (Quelques taches,
minuscules déchirures marginales,
2 petits trous au premier feuillet).
3 000 / 4 000 €
La lettre et le manuscrit de 16 pages sont
adressés à Jacques Guenne, directeur de
l’
Art vivant
, vers 1927.
Émouvante autobiographie dans laquelle
Chagall revient sur son enfance dans l’Empire
tsariste et sur ses premières années de
formation artistique : « Mon père, aux yeux
bleus, aux mains couvertes de durillons
travaillait, priait et se taisait toute sa vie. Moi
aussi j’ai été silencieux.Je ne savais pas ce
que je vais faire… J’ai eu des mains finies et
j’ai cherché une occupation plus délicate, et
l’essentiel, qui ne me fera pas détourner du
ciel et des étoiles […] » […] « Dans ma province
je n’ai jamais entendu prononcer les mots
l’art, l’artiste. Mais, un jour, un camarade
vint me voir et, apercevant mes dessins,
s’exclama : « Mais tu es un vrai artiste ».
Qu’est-ce que c’est l’artiste ? demandai-je. »
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CENDRARS BLAISE
(1887-1961)
Correspondance autographe signée
adressée à Armand GODOY.
1950-1951, 36 lettres ou cartes
autographes signées à l’encre.
15 000 / 20 000 €
Chaleureuse et amicale correspondance de
Blaise Cendrars adressée au poète symboliste
d’origine cubaine Armand Godoy (1880-1964)
qu’il appelle « son cher frère ».
36 lettres ou cartes autographes signées,
4 lettres écrites par sa femme Raymone,
un texte dactylographié de J. Jenloz sur
Cendrars et 2 photographies originales
le représentant, certaines enveloppes
conservées.
« Grand frère, soigne tes rhumatismes c’est
un poison ! » ... « Les grèves sont terminées,
le courrier en souffrance a été distribué.
Raymone attend les chocolats qui ne sont pas
arrivés. Je suppose que les postiers les ont
jetés à la poubelle comme les facteurs ont jeté
dans les ordures des milliers de colis de Noël
et déchiré en menu morceaux des centaines
de milliers de souhaits de Nouvel an ! Voici
les dernières nouvelles du pays de Saint
Louis. Les infidèles n’eussent pas fait mieux ».
Sur la lettre du 31 décembre 1950 figure un
dessin réalisé par Raymone et Cendrars et
signé par les deux. Sur une photographie
représentant Cendrars en présence d’un âne,
il dédicace la photographie : « A mon grand
frère Armand Godoy. Blaise Cendrars et son
petit frère l’âne. Villefranche 13 février 1950 ».
Il évoque également son arrivée à Paris en 1910
et sa réaction face aux œuvres des principaux
artistes de la seconde moitié du XIX
e
siècle :
« Au Louvre, j’étais effrayé devant Delacroix,
Courbet, Manet et bientôt mon atelier était
encombré de toiles ». Il décrit l’évolution de
son style, de ses idées esthétiques : « Tout
autour de moi des impressionnistes jusqu’aux
cubistes me semblaient trop réalistes [...] Ce
qui me tentait le plus c’était le côté invisible ou
soi-disant, allogique, de la forme et de l’esprit,
sans duquel la vérité extérieure n’était pas
complète pour moi, sans faisant du recours
au fantastique ».
Un véritable manifeste des conceptions
esthétiques de Chagall.




