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les collections aristophil

LES ANNÉES 1920 - 1930

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MORAND PAUL

(1888-1976)

Ensemble de 28 lettres autographes, la plupart signées,

adressées à Roger NIMIER.

Paris, Vevey, Mougins, 1962, encre et stylo à bille, divers

formats, l’une avec dessin original, certaines enveloppes

conservées à l’adresse de Gallimard.

2 000 / 3 000 €

Belle correspondance amicale de Paul Morand au « hussard » Roger

Nimier relative à la vie parisienne, et à leurs travaux respectifs.

« 3h du matin c’est en effet votre dernier recours… La seule différence,

c’est que c’est l’heure où je me lève, quand je pars en auto ; alors que

c’est l’heure où vous couchez, différence immense ; prenez garde !

on me dit grand lieu de Jouhandeau ».

L’on joint

12 lettres dactylographiées de Roger Nimier.

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NADJA, LÉONA DELCOURT, DITE

(1902-1941)

Cinq lettres autographes signées adressées

à André BRETON.

[Circa fin 1926 et février 1927], 10 pages in-4 au crayon sous

polyvinyle blanc cassé, triple filet horizontal à froid au

centre des plats avec le mot « lettres », dos muet, doublures

et gardes de daim beige, chemise demi-veau gaufrée,

titre à l’œser, étui, (Ph. Fié, 2006).

20 000 / 30 000 €

Les cinq lettres sont conservées sous chemises de rhodoïd, quatre

des lettres sont signées par Nadja, la dernière est inachevée et non

signée. Léona Delcourt dite Nadja se décrit comme soumise à

l’ascendant d’André Breton elle admet l’échec de leur relation mais

souhaite que celle-ci serve à l’œuvre du poète.

« […] Je voudrais te dépeindre quelque chose de mystique te

broder tout en or, en gaze, en mousseline. Quelques paysages

romantiques où nous puissions vivre à deux […] Il est doux de

posséder une âme attachée à la sienne traverser tous les deux

par un même rayon. Marchant sans cesse côte à côte dans le

même sentier qui mène à la source, celle du bonheur […]

Grande banlieue (f. 9), dédié « à Irène Lagut » : « le chien a 14 mois /

le chat a 17 ans […] » ;

Omnium-participation (f. 10), brouillon très corrigé : « Ce

février à la terrasse des cafés / les corsages sont autant

de démonstrations d’amitié […] ». Au verso, ébauches et

brouillons pour Spectacle effrayant et Esprit d’entreprise.

Paradiso-Belvédère (f. 11), brouillon très corrigé portant deux titres

biffés (Pleasure Aldorf et Station climatérique) : « D’un coup de reins, /

la montagne s’était débarrassé des villages et des lacs […] ». Au verso,

brouillon biffé pour La Nuit de Charlottenburg, une des nouvelles de

Fermé la nuit).

Souvenir d’Istrie (f. 12), avec le lieu « Brione » noté en bas du feuillet :

« Je suis étranger à mon pays / mon pays est étranger aux autres

pays » ;

Sabbat (f 13) : « Ce soir, mes femmes sont venues / juste avant le

sommeil […] » ;

Bains publics (ff. 14-15) : « À Maintenon, dans l’Eure garnie de fausses

salades, / à Hossegor, dans les crèmes de phosphores […] » ;

Contentieux (f. 16) : « Le lycée s’avance. / Amandes douces, amendes

amères […] » ;

Pour mémoire (f. 17) : « Le temps perdu, les croiseurs cuirassés, /

l’approvisionnement des squelettes […] » ; Sérénade cardiaque (ff. 18-19),

dédié « à Francis Poulenc » : « Attendons sous la porte close, / nous

ses amants, ses actionnaires, / elle a suspendu ses paiements […] » ;

Bénéfices agricoles (ff. 20-21) : « Le ciel tient la terre entre ses jambes. /

le propriétaire du champ, / celui qui ne paie pas l’impôt […] » ;

Quant aux dames (ff. [21bis]-22) : « Et-ce notre faute / i nous ne pouvons

faire une large place / aux dames ? […] » ;

Vache citée en justice (f. 23) : « Le tribunal comprenait/ des juges, /

des témoins […] » ;

La Soirée musicale des peuples allogènes (f. 24), dédié « à Mac

Orlan ») : « Dans la salle de l’Exposition agricole de Moscou / les

sons gouvernementaux déplacent l’air […] » ;

Mon André, vous êtes parfois un magicien puissant, plus prompt

que l’éclair qui environne votre grave et doux regard - de Dieu […]

Peut être cette épreuve était nécessairement le commencement d’un

évènement supérieur - j’ai foi en toi... Que rien ne t’arrête... André,

malgré tout, je suis une partie de toi. C’est plus que de l’amour, c’est

de la force... tout ce qui vient de vous ne peut être que de l’amour […] ».

En octobre 1926, André Breton rencontre Nadja, femme énigmatique

qui le fascine. D’autres rencontres suivirent, parfois dues à un hasard

qui impressionna le poète. Une nuit dans un hôtel de Saint-Germain-

en-Laye marqua le déclin de leur relation que Nadja poursuivit par

l’envoi de dessins et de lettres dont celle-ci, et qui s’achevèrent par

une dernière entrevue en février 1927.

André Breton projeta de faire le récit de cet épisode de quelques

mois qui l’avait si fortement marqué : Nadja sera publié en 1928.

Rarissimes lettres de Nadja, tragique inspiratrice d’une œuvre

majeure de la littérature du XX

e

siècle.

Sans doute en rêve (f. 25) : « Nuisible nuit des eaux, nubiles nudités, /

leurs yeux en amandes salées […] » ; Profits & pertes (f. 26) : « Il n’y avait

pas de quoi rire / quand les sages disaient à l’homme qu’il est nu […] » ;

Voie lactée (f. 27), avec la mention : « [découper dans Flammarion

une voie lactée] » [une photographie de la voie lactée, extraite de

L’Astronomie populaire de Camille Flammarion, est imprimée telle

quelle dans le livre en guise de poème].

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