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les collections aristophil

LES ANNÉES 1920 - 1930

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NAU JOHN-ANTOINE

(1860-1918)

Poèmes triviaux et mystiques

, édition originale des poésies

enrichie de lettres autographes signées de l’auteur.

Paris, Albert Messein, 1924. In-8, demi-maroquin rouge

à coins, dos à cinq nerfs titré, tête dorée, couverture et dos

conservés (Canape).

1 000 / 1 500 €

Édition originale de ces poésies publiées de façon posthume par

Jean Royère, exécuteur testamentaire de Nau. 1 des 25 exemplaires

sur vergé d’Arches.

Bel exemplaire enrichi de 2 photographies originales de la tombe de

Nau et de 11 lettres et 4 cartes autographes signées de John Antoine

Nau à Jean Royère représentant en tout 48 pages. Premier lauréat

du prix Goncourt pour Force ennemie en 1903, John Antoine Nau

(1860-1918) fut selon les termes de Huÿsmans « le meilleur que nous

ayons couronné ».

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PAULHAN JEAN

(1884-1968)

Ensemble de soixante-sept lettres autographes

et tapuscrites signées adressées à Joë BOUSQUET.

1929-1946, à l’encre sur papier, divers formats,

enveloppes conservées pour certaines, à entête « N.R.F. ».

10 000 / 15 000 €

Correspondance amicale et de travail : à partir de 1938, ils se tutoient

et les lettres deviennent plus familières, plus intimes.

En 1929, il remet en question le surréalisme « J’ai trop aimé le

surréalisme- c’est peu dire j’ai trop cru au surréalisme- pour que

ce grotesque ne me gêne pas. Si le mot « charlatan » vous déplait,

mettez que ces gens ne se rendent pas comptent de ce qu’ils font,

ou ne s’en soucient pas et que l’on ne doit tenir aucun compte

de ce qu’ils affirment d’eux-mêmes. Simplement je ne voudrais

pas être d’eux, déjà pour cette seule raison. Ajoutez que je sais

pourquoi ils ont commencé à déraisonner. Quand je songe à Breton,

à Eluard, je vois des hommes qui ont d’abord apporté les exigences

les plus fortes, les plus bouleversantes à force de justesse, celle

auxquelles je suis le moins prêt à renoncer. Ils les ont vus repoussées.

Depuis ils boivent pour oublier. La faiblesse des surréalistes est dans

leur conformisme » ;

1932 : « Tantôt le rendez-vous d’un soir d’hiver m’enchante et tantôt

il me paraît faux à crier…Je ne retiens enfin de ces cent trente pages

que quelques poèmes… » ;

1938 : « Gardez le Tao Te King, s’il vous est nécessaire. Je me reproche

à présent d’avoir fait un choix. Or je crois qu’il faut à la fois le fatras

et ce qu’il s’en dégage lentement. Mais comment se défaire à jamais

de l’illusion que l’essentiel peut se dire » ; « J’en suis encore à me

demander pourquoi Marcel Jouhandeau a écrit le Péril Juif. Mais il l’a

écrit : et si vous n’avez pas reçu ce petit livre, je vous l’enverrai » ; Lui

propose d’acheter une œuvre d’Henri Michaux. « (Que je choisirais avec

lui parmi celles de l’exposition Pierre [Galerie Pierre Loeb, novembre

1938] très belles) pour 500 ou 600 ? H.M. les vend en général 1500 » ;

« Bien cher ami, le plus impossible de tout serait pourtant que je vous

mente. Je ne trouve dans vos nouvelles pages rien qui les sépare des

anciennes. C’est toujours cette fuite insensible, cet effilochement, cette

perte à tout moment de substance, sans que votre lecteur en soit

enrichi, cette suite où rien ne s’accumule, cet échange qui manque au

moment où on l’exigeait…Mais qui parlerait de vous sans faire grande

place d’abord aux machines que vous montez contre vous-même… ».

Il se montre très sévère sur l’art : « depuis la grande époque il ne

s’est révélé que deux très grands peintres : Soutine et Fautrier. / Je

voudrais ajouter Ernst. Pardonne-moi ».

Joe Bousquet lui a envoyé une œuvre d’Ernst qui ne lui plait pas :

« Je ne l’aime pas. Je trouve curieux qu’il lui ait donné à tel point

l’air d’une reproduction… que tout cela est intellectuel, réfléchi (au

mauvais sens du mot) de pur truc et de mécanisme ». Lui demande

s’il a lu Le Château de Kafka, « le livre le plus merveilleux qu’il soit, et

les Vanilliers » [de Georges Limbour] ;

1939 : C.P. lui demande s’il aurait dans ses connaissances quelqu’un

qui pourrait accueillir un écrivain espagnol échappé des camps de

concentration. Découvre la pratique de l’opium de Joë Bousquet :

« je suis content de savoir enfin le sens de cette pipe et de cet envoi

(mais soyez très prudent). Je dois revoir Artaud dans quelques jours.

La question des devises est je pense assez grave ». Sur un article de

Bousquet à paraître aux Cahiers du Sud : « et je serais si désireux qu’il

y ait entre la NRF et eux plus d’amitié. Hier longuement parlé de vous

avec Daumal ». J. Paulhan vit chez Joë Bousquet, « Où cette entrée

de neige et d’escalier m’était si vite ouverte ». Il a « vu chez Parisot les

cinq plus beaux Ernst que je connaisse (avec les tiens), Eluard ne veux

plus, près de lui de ces toiles surréalistes. (Qui, dit-il, le troublent) ».

Remarquable correspondance.

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