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Livres & Manuscrits

RTCURIAL

22 septembre 2020 14h30. Paris

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Livres & Manuscrits

RTCURIAL

22 septembre 2020 14h30. Paris

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KELLERMANN

(François Christophe).—

ALLAIS (Alphonse).—

DUMAS Fils (Alexandre)

Réunion de 3 lettres

autographes signées.

-

Lettre autographe signée de

Kellermann.

1 p. sur 1 f. in-8 (20,8 x

18,9 cm). Haguenau, 15 septembre 1786.

Lorsqu’il écrit cette lettre en 1786,

le futur maréchal de camp est en proie

à certaines difficultés financières

et demande à son correspondant

« la

continuation de vos bonnes dispositions

en faveur de mes pauvres sœurs. »

Il

ajoute : «

ma reconnaissance égalera

le grand et important service que vous

leur renderai

[sic]

ainsi qua

[sic]

moi qui suis obligé de pourvoir à leur

subsistance. »

-

Lettre autographe signée d’Alphonse

Allais.

1 p. sur 1 double f. in-8 (21

x 13,5 cm). Paris, 1899.

Il s’adresse au Secrétaire Général

pour lui demander de

« proroger d’une

quinzaine de jours le ci-inclus

permis. »

-

Lettre autographe signée d’Alexandre

Dumas fils.

1 p. sur 1 double f. in-12

(13,2 x 10,1 cm). S. l. n. d.

Il s’adresse à un ami qui lui demande

sa loge au théâtre Gymnase-Dramatique :

«

Tâchez de la demander la veille ou

le matin de bonne heure pour être

plus sûr.

»

Provenance :

Vente Coutau-Bégarie, Paris, 1

er

juillet 2002, lot 51 (pour la L.A.S.

de Kellermann).

Traces de pliures, infimes rousseurs

(pour la L.A.S. d’Alphonse Allais).

250 - 300 €

de l’effet ?) »

. Lacan se réfèrera

plusieurs fois au livre dans ses

écrits, notamment dans un article pour

la revue

Critique

, publié en avril

1958.

Le 28 février 1956, Lacan écrit :

« Je

ne partirai pas pour Guitrancourt avant

ce soir, 11 heures et demi […], ayant

les Koyré à dîner. »

Il s’agit du

philosophe Alexandre Koyré, dont Lacan

adoptera la conception discontinuiste

de l’histoire des sciences, qui

identifie une coupure épistémologique

entre les sciences anciennes et les

sciences nouvelles (

Séminaire II,

1954-

1955).

Dans une lettre non datée et sur un

ton plus léger, Lacan semble faire

allusion à un néologisme imaginé par

une Chapsal espiègle :

« “le Féminus”

est digne de figurer dans le séminaire

sur le trait d’esprit que je leur

fais cette année et qu’ils ont l’air

d’apprécier - même s’ils n’en mesurent

pas encore l’importance. »

Cette correspondance dessine le

portrait d’un homme joyeux. Lacan y

fait de nombreuses références à la

commune de Guitrancourt, où en 1951,

il faisait l’acquisition d’une maison

de campagne. Dans sa biographie du

psychiatre, Elisabeth Roudinesco nous

apprend que « jusqu’à sa mort, il s’y

réfugiait le

dimanche pour travailler,

y recevoir des patients, et y donner

de somptueuses réceptions. Il adorait

jouer la comédie devant ses amis,

se déguiser, danser, faire la fête

et porter des tenues extravagantes »

(

Jacques Lacan,

Fayard, 1993).

Le 28 février 1956, Lacan écrit

d’ailleurs à Chapsal :

« Tiens !

Si vous pouviez me dire en quoi je

pourrais me costumer pour un bal chez

Marie-Laure

[…]

, je vous en serais

reconnaissant, n’en ayant à l’heure

qu’il est aucune espèce d’idée.

[…]

Si

vous en avez une, téléphonez-là alors

à coup sûr et n’en parlez pas. »

Lacan laisse également libre cours

à sa facétie langagière, mentionnant

par exemple, le 20 décembre 1957, le

«

wékande

» approchant.

Mais il arrive aussi à Lacan de

dévoiler sa peine :

« Ce dimanche soir

où je me sens très las. »

écrit-il dans

une lettre non datée, et le 18 octobre

1960 :

« J’ai perdu mon père il y a

quelques jours et le deuil douloureux

que j’en ressens ne m’empêche pas

d’être sensible à la rectification que

vous m’apportez

[…]

. »

Le 28 novembre 1972, il admet même :

« Vous avez bien raison, ma chère

Madeleine, avec moi “rien n’est simple

ni ne va de soi”. »

Voir également le lot 11.

Rares défauts d’usage.

6 000 - 8 000 €

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LACAN (Jacques)

Correspondance intime

à Madeleine Chapsal.

9 décembre 1955-12 mars 1974.

Réunion de 18 lettres autographes

signées et une carte autographe signée

(4 enveloppes conservées), divers

papiers, divers formats.

Belle et intéressante correspondance

du psychanalyste Jacques Lacan à

l’écrivaine Madeleine Chapsal.

Madeleine Chapsal, née à Paris en 1925,

est une écrivaine de langue française,

auteure de très nombreux ouvrages

de registre varié. Elle fut aussi

journaliste et collabora notamment

aux

Échos

. Elle participa ensuite à la

création de

L’Express

aux côtés de son

époux, Jean-Jacques Servan-Schreiber,

et de Françoise Giroud.

Après son divorce et une liaison

amoureuse malheureuse, elle entama

une analyse. Elle refusa les soins de

Jacques Lacan, qui, selon ses propres

termes, lui faisait la cour...

Jacques Lacan (1901-1981), psychiatre

et psychanalyste français, intégra la

Société psychanalytique de Paris en

1934, en fut élu membre titulaire en

1938, et en démissionna en 1953. Tout

en poursuivant ses recherches, il donna

de 1953 jusqu’en 1980 des séminaires

à destination d’un large public.

Prônant un strict retour aux idées de

Freud, il s’appuya par ailleurs sur

le structuralisme et la linguistique

pour proposer une approche innovante

de la psychanalyse. Y introduisant

les notions de signifiant et de

signifié, il montra que l’inconscient

s’interprète comme un langage,

et étendit la grille de lecture

psychanalytique au domaine jusque-là

inexploré de la psychose.

Toutes les lettres de cette

correspondance ne sont pas datées, mais

celles qui le sont couvrent la période

du 9 décembre 1955 au 12 mars 1974.

Les lettres de Lacan à Chapsal ne

permettent pas de percer à jour la

nature exacte de la relation qui les

unissait, mais elles laissent deviner

de grands espoirs, des peines, et une

tendresse profonde et durable.

Le 9 décembre 1955, Lacan semble

confiant lorsqu’il déclare savoir

« qu’il y a de l’avenir entre nous. »

Chapsal est alors l’épouse de Servan-

Schreiber, mais leur mariage n’est

pas sans ombres : le 28 du même mois,

Lacan écrit :

« Qu’importe le nombre

de tes amants si nul d’entre eux ne te

donne l’univers. »

Dans plusieurs lettr

es, Lacan révèle

franchement son affection :

« Laissant

place à l’envie de vous voir,

d’entendre votre voix - que j’aime

assez pour préférer ne pas l’entendre

au téléphone. Comment faire ? Un verre

chez moi ce soir à huit heures. »

En

mars 1956, il déclare sans ambages :

« Il me semble qu’on ne peut plus

clairement vous dire le plaisir qu’on

a de vous voir. »

D’autres lettres témoignent d’une

relation tourmentée :

« Je vous

aime toujours bien - détruisez le

contenu du dernier pneumatique qui

dans cette figure de pieuvre furieuse

qu’il présente maintenant est aussi

déshonorant pour vous que pour moi »

,

ou encore, le 13 février 1956 :

« Pour

me trahir, vous avez l’instrument

suprême : cette loyauté qui est la

vôtre et à qui vous savez que je me

confiais pour ne pas me faire déclarer

les sentiments qui veulent dire pour

vous la guerre. »

En janvier 1956, puis en décembre 1957,

Lacan adresse un poème à Chapsal.

Le recours à la poésie lui permet de

donner voix à ses sentiments tout

en se réfugiant pudiquement derrière

l’ambiguïté des vers…

La correspondance de Lacan abonde

de références à ses publications et

à ses séminaires. Elle nous offre

également un aperçu de ses méthodes de

travail ; dans une lettre sans date,

il annonce :

« Je crois que je n’ai

pas fait aujourd’hui un trop mauvais

séminaire. Ce qui prouve qu’il m’est

possible de me coucher à 4 h et demi

du matin. Et pourtant à 9 h et demi

je n’avais encore rien planifié de ce

qui devait m’y servir d’appui. Je leur

ai donné rendez-vous pour le prochain

le 14 mars, vous y êtes cordialement

invitée

[…]

. »

Lacan ne semble pas avoir abordé

directement l’objet de ses recherches

dans ses échanges épistolaires avec

Chapsal, mais ses lettres laissent

parfois entrevoir les thèmes et les

auteurs qui l’occupent. Impossible

de ne pas percevoir le psychanalyste

derrière la question qui apparaît

dans sa lettre du 6 janvier 1956 :

« Comment pouvez-vous méconnaître

chez l’interlocuteur que je suis, ce

besoin de reconnaître dans celui qui

m’intéresse avant tout ce qu’il n’est

pas - et ce qu’il frémit d’être ? »

À deux reprises, le 1er mars 58 et le

9 août 1956, Lacan évoque le

Paludes

d’André Gide, que Chapsal elle-même

lui a fait parvenir.

« Nos lettres

se sont-elles croisées ? demande-t-

il. Ce serait bien - et dans ce cas

assez “paludes” en leur symétrie

(mais ce petit bouquin vous fait-il