48
182.
Léon DAUDET
(1868-1942).
M
anuscrit
autographe signé,
Les Femmes Savantes
, [juillet 1934]
; 4 pages in-4 sur papier
vert pâle.
300/400
É
loge
des
femmes
et
de
leur
rôle
dans
la
culture
et
la
société
. « De nouveau c’est une jeune fille, Mademoiselle Lucienne
V
itrey
,
pupille de la nation, qui emporte le prix d’honneur de dissertation philosophique au Concours général. Ce succès [...] fait partie
de l’accession générale des femmes à la connaissance et à la haute culture, accession qui peut très bien concilier avec les devoirs du
foyer et de la maternité ». Le grand
M
olière
, « génie peu cultivé et mari malheureux », avait dans
Les Femmes Savantes
fait dire à un
personnage : « “Je vis de bonne soupe et non de beau langage” ; mais une bonne soupe peut parfaitement s’accommoder d’une causerie
élevée », où celle qui a fait la soupe parle avec esprit : « Il n’y a pas d’antinomie entre la lecture de Spinoza et celle d’Ali Bab ou de
Tendret. Des affinités mystérieuses existent entre la cuisine et l’imagination philosophique et littéraire. C’est pourquoi les hommes de
lettres sont si gourmands et les femmes lettrées généralement aussi »... Léon Daudet se souvient de son enfance : « je voyais ma mère
travailler aux côtés de mon père, recopier des chapitres entiers de ses romans et je croyais qu’il en était ainsi dans toutes les familles ».
Il se rendit bientôt compte que c’était loin d’être le cas. Aujourd’hui les choses ont changé, et il se réjouit de voir que de nombreuses
femmes ne sont plus laissées dans l’ignorance scientifique par leurs maris, mais au contraire, collaborent avec eux, en particulier dans
les milieux de la médecine, où l’on voit de nombreuses étudiantes qui feront ainsi « des collaboratrices parfaites [...] Même remarque
pour les avocats et avocates, mathématiciens et mathématiciennes », etc. « La grande époque de la culture féminine a été le seizième
siècle. Celles d’alors s’occupaient également de lettres et de sciences. Nombreuses étaient celles qui savaient le latin et le grec. [...] Cette
effervescence intellectuelle de la femme se prolongea dans le dix-septième », avec Mme de
S
évigné
, « savante par excellence »… Suivit
« une sorte de syncope dans la vivacité d’esprit et d’érudition des femmes, jusqu’à ce que parut le type, immortellement peint par
les
G
oncourt
, de la femme du dix-huitième, encyclopédique, pédante, sensuelle, athée »… L’on cite des scientifiques, qui ont fait des
expériences intéressantes, mais à qui semble manquer « l’esprit de synthèse, qui permet d’user des bottes de sept lieues [...] Mais rien
ne dit qu’il ne viendra pas “une” Claude Bernard ou “une” Pasteur. Puis, dans les prochaines guerres que nous ménagent le pacifisme et
l’humanitarisme, on verra dans les États Majors une émule de Mangin, de Joffre et de Foch, qui décidera de la victoire »...
183.
DIVERS
. 33 L.A.S. et 2 L.S., dont 6 à la cantatrice Jeanne
L
ouail
et 23 au médecin aliéniste et poète Marcel
R
éja
.
150/200
André Antoine, Dany Brunschwig, Maurice Dide, Charles Flammarion, Paul Fort, Paul Herrmann (4), Elisabeth Hijar, Maurice
Jacquemont, Lucien Lévy-Bruhl, Jeanne Lion, Guy de Lioncourt (2), Georges Migot (4), Ahmad Rachad (4), Louis de Serres, Arthur
Symons, Georges Taconet, Claude Terrasse, Henry Vasseur, etc.
O
n
joint
un tapuscrit de Marcel Réja (
L’Exode et les fous
, pour le
Mercure de France
), un programme de concert et un poème manuscrit (auteur non identifié).
184.
Alexandre DUMAS père
(1802-1870). P.A.S. ; 1 page oblong in-8.
200/300
« Vers mis sur un album où l’on avait fait à l’auteur l’honneur de lui réserver une page blanche, entre des pensées en prose de M.
Gonzalès et une romance en vers de M. St Georges ». Suit le quatrain : « J’affirme ici que sans délais / L’auteur de ce quatrain se couperait
la gorge / S’il eut commis la prose à Monsieur Gonzalès / Ou les vers de Monsieur St Georges »…
O
n
joint
une L.A.S. d’Alexandre
D
umas
fils, à M. Moinaux dont il a lu la pièce et qu’il invite à venir causer avec lui.
185. [
Paul ÉLUARD
]. 2 L.A.S. à lui adressées par Emmanuel
A
egerter
et Albert
A
yguesparse
, juillet 1939 ; 2 et 1 pages in-4.
100/120
R
emerciements
de
poètes
pour
l
’
envoi
de
C
hanson
C
omplète
et
D
onner
à
voir
.
26 juillet,
Emmanuel
A
egerter
compte parler de ces
deux volumes dans la
Nouvelle Revue Critique
. Il a été heureux de lire et relire ces pages, dont il connaissait certaines, « mais qui, par
leur réunion, prennent une force nouvelle, offrent en quelque sorte une vague plus large de suggestion ». Il disserte sur les qualités des
ouvrages ; il y retrouve « ce qui m’a toujours vivement intéressé dans le surréalisme : cet effet de ne faire de la vie de l’homme, rêve
et veille, qu’un tout. Comme cet apparent mélange unifie l’être ! Nulle rupture. […] Et puis l’essentiel n’est-il pas de trouver le joint
pour faire se briser les apparences, pour libérer l’âme et retrouver l’univers ? »…
Bruxelles 20 juillet,
Albert
A
yguesparse
a trouvé dans
ces deux ouvrages « quelques-uns des plus beaux poèmes qu’il m’ait été donné de lire […]. J’estime que votre poésie est de celles qui,
méritent d’être connues et aimées du public le plus vaste »…
O
n
joint
1 télégramme de Paul Éluard envoyé chez lui, juillet 1947 ; et une
photographie
du poète en Italie au milieu d’ouvriers
(1947 ?).
186.
Claude FARRÈRE
(1876-1957). 4
manuscrits
autographes dont 2 signés, 1909 et s.d. ; 74 pages in-fol., montées sur
onglets, le tout relié en un volume demi-vélin ivoire à coins.
1 000/1 200
B
el
ensemble de quatre
récits de marins
, en manuscrits de travail avec ratures et corrections. –
Borda
(9 p. à l’encre violette). D’abord
intitulé
Souvenir du Borda
, ce texte évoque le vieux trois-mâts de l’École navale sur lequel Farrère fit ses classes, dans les années 1894
à 1896 : « la vie sur le
Borda
n’était point du tout folâtre, mais au contraire, monotone, revêche et morne à souhait. C’était une vie
de couvent cloîtré », et pourtant, « notre éducation de loups de mer » s’accompagnait de chants et de l’ascension (interdite) du grand
mât... –
Perdu corps et biens
(nouvelle)
(24 p. à l’encre noire sur papier bleuté). Nouvelle recueillie dans
Dix-sept histoires de marins
(Ollendorff, juin 1914), narrant le naufrage de la
Luisa
. « “Matelot, ça s’est passé en 99. Moi, dans ce temps-là, j’étais un blanc bec. –
Comme je te le dis : matelot de troisième classe, gabier auxiliaire !” », etc. –
La Tourelle
(conte)
, signé et daté de Venise 17-18 octobre
1909 (21 p. à l’encre violette et noire). Conte recueilli dans
Dix-sept histoires de marins
: relation vive d’un épisode où la ligne de mire




