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82

légendes »... Il avait envoyé en juillet à

L

ugné

-P

oe

son

Vers Damas

mais n’a pas eu de retour : « Si vous fréquentez L’Œuvre, voudriez-

vous extorquer un mot décisif sur la destinée de ma pièce. Je l’ai présentée en traduction allemande, et j’ignore si la traduction française

soit exécutée ou non »... Il joint, « dans la livraison Munch-Strindberg, une nouvelle inédite, quasi-occulte

Das Silbermoor

,

La mare

d’argent

que l’on pourrait caser dans une revue quelconque, si cela vous fera plaisir »... N’ayant pas de nouvelles de M.

H

errman

, il serait

« curieux de savoir de quelle manière sa destinée s’évolue »... Il termine : « Et enfin c’est tout ce que j’ai à vous raconter, cher Monsieur

Réja, encore déprimé par les suites de l’Influenza »...

288.

Laurent TAILHADE

(1854-1919). M

anuscrit

autographe signé,

Au pourchas de l’étymologie

, [1916]

; 8 pages in-4

avec de nombreuses ratures et corrections.

200/250

A

musante

chronique

de

guerre

sur

le

langage

. « 

Nomen, numen

. Ce brocard des antiques souffleurs que Victor Hugo traduisait

avec son emphase coutumière de “Jocrisse à Pathmos”

le mot c’est le verbe et le verbe c’est dieu

, fournirait une devise congruente aux

investigateurs de la chose argotique. À pêcher des perles dans un flot qui n’a rien du Golfe du Bengale, ces curieux ont discerné, en fin

de compte, la valeur peut-on dire surnaturelle du mot pris en lui-même, la décisive influence du vocabulaire sur la cristallisation de la

pensée ». Il se réfère à Théophile Gautier qui « mettait le Dictionnaire fort au dessus de l’un et l’autre Testaments. [...] Par la parole,

l’homme élabore son intellect. Le verbe, en créant la Loi fait naître les dieux »... Tailhade dénonce les néologismes qui foisonnent, puis

il étudie quelques emprunts à la langue populaire, voire argotique, certains étant dus à la Guerre, comme le terme

Boche

, par exemple,

qui « n’est autre que l’apocope d’

alboche

 » et qui a « la vertu d’exaspérer nos ennemis ». Il loue ce méritoire usage d’un mot utilisé

contre l’ennemi « à la manière des gaz asphyxiants au nez de l’infâme Germania ! », mais ne pourrait-on pas « concilier le civisme et la

grammaire ? Ne pourrait-on lorsque même on dévide le jargon, le dévider correctement ? Ne pourrait-on enfin [...] pousser le patriotisme

et l’amour de la France jusqu’à parler français ? »

O

n

joint

2 L.A.S. :

Paris

20 juillet 1913

, sur un retard pour l’envoi d’un texte ;

Nice 7 février 1916

, autorisant son ami à émonder ses

articles en cas de besoin, et annonçant l’envoi d’un article au sujet du livre sur l’aviation de Jean Ajalbert.

289. [

Louis TESTE

(1844-1926) homme de lettres, monarchiste]. Environ 80 lettres, la plupart L.A.S. à lui adressées, 1863-

1923.

200/300

Général

A

bonneau

, comte Adhémar d’

A

ntioche

, Edmond

B

iré

(2, très intéressantes sur l’enseignement sous la Révolution, et son

Balzac

), Albert duc de

B

roglie

, Étienne

C

arraby

, Félicien

C

hampsaur

(sur l’origine de sa famille), P.A.

C

heramy

(sur Stendhal), Jules

C

laretie

, Louis duc

D

ecazes

, Hector

D

epasse

(4), René

D

oumic

,

Victor

F

ochier

, Louis de

F

ourcaud

, Georges

G

oyau

, Henry d’

I

deville

,

Henri

L

asserre

, Auguste

L

augel

, Mathurin de

L

escure

, Francis

M

agnard

, abbé Élie

M

éric

, Arthur

M

eyer

, Alfred

M

ézières

, général

Louis de

N

oüe

(2), Mgr Osmin

G

ardey

, Louis

P

auliat

, Casimir

P

érier

, Paul

P

ierling

, Adolphe

P

ieyre

, comte de

P

ina

, baron Félix

P

latel

, comte de

P

uymaigre

, Antoine-François comte

R

oselly

de

L

orgues

(sur son livre sur Christophe Colomb), Émile et Edmond

R

ousse

, Paul

T

hureau

-D

angin

(2)

, Edgard

T

inel

, Victor

T

issot

, E.

T

rogan

, Oscar de

V

allée

, Louis

V

euillot

, marquis de

V

alfour

,

marquis de

V

aulserre

, etc.

O

n

joint

une carte de visite autogr. de Louis

T

este

; et 4 documents, 1839-1879, certificat de bachelier, diplôme de licencié en Droit,

diplôme de membre honoraire de l’Académie d’Héraldique italienne, certificat de membre de l’Arcadia.

290.

Paul VALÉRY

(1871-1945). 85 L.A.S., 1920-vers 1933 et s.d., à son amie Renée, baronne de

B

rimont

 ; 133 pages formats

divers, la plupart avec adresse ou enveloppe (une quinzaine au dos de cartes postales illustrées).

8 000/10 000

I

mportante

correspondance

à

son

amie

la

poétesse

R

enée

de

B

rimont

(1880-1943),

confidente

de

sa

liaison

avec

C

atherine

P

ozzi

.

Ayant fait la connaissance de Valéry en 1919, Mme de Brimont lui présenta Catherine Pozzi (C.) ; elle le consultait pour ses propres

écrits (dont une traduction de

La Fugitive

de R. Tagore), l’assista dans sa recherche d’un gagne-pain après la mort du « Patron » Édouard

Lebey (dont Valéry était le secrétaire), et le comblait d’attentions amicales. Valéry, qui lui écrit : « vous qui m’avez vu la tête perdue, – et

à laquelle je voue une dévotion des puissances les plus hautes de mon âme » (2 avril 1922), apprécia en elle sa fidélité pérenne. Nous ne

pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de cette abondante correspondance.

1920

.

Paris mardi [15 juin]

. Il écrit à Mme

B

ourdet

-P

ozzi

pour lui dire son contentement de leur petite réunion. « Je suis non moins

heureux de savoir que mon poème ne vous a pas déplu. Je n’en aurai pas juré, car il a paru un peu prématurément, et il garde certaines

ténèbres qui ne sont pas toutes de celles que le sujet comporte »...

Lundi [octobre]

. Il évoque « le calme infini, les prévenances, la douceur

de se laisser vivre » à La Graulet, où C.P. fut « d’une bonté, et d’une intelligence » de son état qu’il ne sait comment reconnaître. « C’est

à vous que je dois une relation si précieuse, et je me permets de vous en remercier très profondément »...

31 décembre

. Même sans ses

vœux, il se trouve déjà « très favorisé, et presque comblé par les dieux » et l’amitié de Mme de Brimont. « Il me semble que vos poèmes

se portent à ravir, et que vous travaillez merveilleusement à cette petite table qui n’est pas loin de votre divan. C’est pour moi qu’il faut

implorer les Puissances, et ces Filles divines qui n’habitent pas souvent mon cerveau. Voici bientôt six mois et un peu plus, que je ne

sais plus ce que c’est que le vers »...

1921

.

Mardi [1

er

février]

. « L’engrenage est terriblement bien assemblé. J’ai eu la sotte idée de me lier presque autant par mes promesses

littéraires que je l’étais par mes occupations fondamentales. Et voici que ces architectures qui m’empoisonnent depuis 6 mois, me

pressent et me retardent à la fois, me harcèlent et me garrottent [...]. Je ne puis ni avancer mon travail, ni le différer, pour des raisons si

compliquées d’impuissance, de

langage

, de souscription etc. que je n’y comprends plus rien »...

7 mars

. Il se retrouve sans enthousiasme

devant une table nette : « Si j’écoutais mon instinct, je me mettrais voluptueusement à perdre du temps, c-à-d à gagner ou à regagner

quelque goût de mon esprit. [...] Mais la raison, peut-être mauvaise conseillère, m’engage à achever quelques pièces, et à précipiter loin

de moi, le petit volume de mes vers. Alors je prends, je délaisse, je reprends mes lambeaux de poèmes inachevés et je les triture dans

… / …