Background Image
Previous Page  89 / 188 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 89 / 188 Next Page
Page Background

87

eu véritablement une “presse” merveilleuse. Et je demeure froid – étranger à ce bruit inattendu. Je suis absent. D’autre part, je me sens

voguer dans l’inconnu. Santé, situation, état-du-cœur – tout est énigmes. L’esprit aussi. Je travaille vaguement et comme à la surface

de ma pensée »...

1923

.

Vendredi [Paris 16 mars]

. Il vient de quitter C. : « Quelles fluctuations ! – Le pire, le mieux, sont inextricables dans cette tragédie

singulière. […] Quelle étrange créature, je crois même que sa bizarrerie, ces extrêmes, sa terrible mobilité m’ont possédé comme un de

ces problèmes dont l’esprit ne peut s’arracher »...

Montpellier mercredi [2 mai]

. « J’ai eu un mois de bonheur. Ce mot est bête. Il est pour

les femmes de chambre. Mais après tout elles ont peut-être raison de croire à la chose et de la nommer. J’ai eu grand-peine à quitter ce

mois ou ce moi »...

Samedi [Paris 2 juin]

. Il est dans un tourbillon : « Les choses académiques sont aussi des choses infernales. On m’a

jeté dans des difficultés inutiles, et dans des fatigues supplémentaires. Je suis à bout. Il a fallu cette semaine courir, trouver, interroger.

J’ai vu Boylesve, Régnier, Barthou, de Flers... Demain, je reviens à Hanotaux qui attend une réponse. [...] Barthou et Flers me font sentir

que je ne suis pas tout à fait mûr encore. Ils ont raison, les autres sont plus affirmatifs. J’ai envie d’envoyer tout au diable. [...] Mais on

dit que le fauteuil nourrit son homme »...

Lundi [18 juin]

. Il a vu

G

ide

. « Il ne s’engage pas beaucoup. Mais je compte bien qu’il ne sera

pas

contre

, et c’est énorme ! »...

Montpellier 11 [mai 1924]

. « Me voici en route pour Madrid. J’ai été magnifiquement reçu en Italie, Mussolini, D’Annunzio etc. et

même une princesse sœur de la reine, m’ont comblé de prévenances »...

Jeudi

. Sur

Belle Rose

de Mme de Brimont (1933)

: « ce qui demeure et s’impose aussitôt est l’étrange atmosphère créée. L’analyse y

trouve un complexe bien rare d’élégance, de sensualité fine et d’ésotérisme. Vous avez certainement un sens singulier de cet accord –

c.à.d. de telle et de telle époque qui l’a réalisé. Je ne vous savais si instruit des choses girondins »...

Jeudi

. « Cet hiver mal vécu me rappelle

d’autres hivers. J’ai retrouvé, ce matin, quelques lettres et cartes de vous, d’il y a plusieurs années. J’ai ruminé des souvenirs [...]. J’ai

pensé avec douceur que vous m’étiez demeurée une amie fidèle et sûre. On se voit peu, mais dans le tohu-bohu de la vie de Paris telle

qu’elle est aujourd’hui, on ne peut se voir que si mal ! »... – La correspondance se poursuit jusqu’en 1941, avec une lettre de condoléances

sur la mort du baron de Brimont : « Il est donc une victime morale de la guerre, tué par le sentiment de la défaite – pendant que l’on

voit de tous côtés trop de Français qui ont pris légèrement leur parti de cette ruine peut-être irréparable de la nation »… On rencontre

aussi au fil des lettres les noms de Capus, Donnay, Robert de Flers, Fabre-Luce, La Sizeranne, Meyer, Pourtalès, Mmes de Béhague, de

Clermont-Tonnerre, de Pierrebourg, etc. Citons encore un

Sonnet à Renée

: « Esprits subtils qui traversez les murs / pour nous jeter la

rose inimitable »… ; et un quatrain sur carte de visite :

« Ce n’était que fange et limon

Ô Narcisse que ton mirage

Auprès du transparent ouvrage

De la baronne de Brimont ».

Littérature