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Mardi 6 octobre 2020
[Mai ? 1902]
. Il dit combien le souvenir de son « grand ami » lui est cher… « Je mène une vie absurde, accablé que
je suis de service maritime. Entre les essais de torpilleurs qui me mènent en mer et mon récit de l’Inde auquel je ne
puis travailler que la nuit, il ne me reste pas le temps de vivre »…
[Mars 1903]
, remerciant pour
Reflets sur le sable et
sur l’eau
: « Moi qui fais profession de ne pas aimer les vers […], je me suis laissé charmé par les vôtres comme par
certains de Rodenbach : c’est
autre chose
, mais il y a autant de mystère sur les mots… » Il faudra commencer
L’Inde
par le milieu : « Ce qui est avant me paraît singulièrement négligeable »… – Il lui a envoyé
L’Inde
: « toute la première
moitié est de M. Georges Ohnet »…
[Avril 1903]
, il va tâcher de lui trouver une place pour la réception d’Edmond
Rostand ; invitation à sa fête chinoise : « Ce sera vraiment un spectacle curieux, l’arrivée de l’Impératrice de Chine »…
[Juin 1903]
. Il se réjouit du mariage de Léon : « il aura trouvé là le port et le refuge ». Il part pour deux ans : « Je vais
commander un beau bateau dans le Bosphore et les parages d’alentour ; comme je suis aux trois quarts bédouin,
cela me plaît, j’en suis content avec mélancolie »…
[Le Caire] 19 mars [1907]
. Longue explication de la cause du froid survenu entre eux, à propos de sa nièce qui « est
un peu comme ma petite sœur ou ma fille » ; il est cependant touché d’être rappelé : « Les chers souvenirs que vous
évoquez, l’ami qui n’est plus, le temps où nous lui chantions
la jeune princesse
, votre accueil que je retrouvais
toujours en revenant de mes longs voyages, si vous saviez comme cela est resté vivant dans mon cœur ! »…
Rochefort
mercredi [12 février 1908]
. « Mercredi 19, mais je crois bien que cela tombera le soir de la première de
Ramuntcho
à l’Odéon »…
Décembre 1909
, il lui réserve une place pour la réception de Jean Aicard. – Il est grippé, ainsi que
Jean
A
icard
: « nous sommes deux pauvres oiseaux du Midi, que tuent les brumes de Paris et surtout ses calorifères »,
et risquant d’être « ridicules et lamentables »…
[Avril 1910]
. Il va lui envoyer un billet pour « la canonisation » de
Marcel Prévost ; il veut lui faire plaisir en soutenant la candidature de Pomairols… Il craint de ne lui avoir rien dit de
ses
Souvenirs autour d’un groupe littéraire
: « c’est une des formes de l’affaissement sénile […] Tout ce que vous avez
bien voulu dire de moi était discret, délicatement flatteur et m’a fait un vrai plaisir […] J’avais été si blessé au
contraire de certains passages du journal de M. de
G
oncourt
»… – Il a soutenu sans succès
Ma fille Bernadette
de
Francis
J
ammes
, mais a su par Thureau-Dangin que Jammes « est
sûr
d’avoir l’un des plus grands prix de poésie »…
Hendaye 1
er
mai [1910]
. Il ne pourra assister à la pose de la pierre commémorative de François
C
oppée
…
Hendaye 6
novembre [1911]
, en faveur de Louis de
R
obert
pour le concours de
la Vie heureuse
…
[4 juin 1912]
: « une chose qu’il
faut bien que je vous dise, bien que cela me soit très pénible : je ne voudrais plus rencontrer Léon, car il a écrit des
choses telles que je ne pourrais lui serrer la main »…
[1913]
, envoi de
Turquie agonisante
: « des gens m’avaient
affirmé, dans des salons parisiens, vous avoir entendu critiquer sévèrement mes plaidoyers pour les Turcs. […] Quel
inconcevable aveuglement est celui des catholiques de France qui s’obstinent à marcher avec leurs pires ennemis,
les Orthodoxes ! et surtout les Exarchistes ! »…
Hendaye Lundi [1914]
, il votera pour Henry
B
ordeaux
. Puis sur Léon
D
audet
: « J’ai haussé les épaules tristement, à la lecture du tissu de petites sornettes haineuses que ce pauvre Léon
vient d’écrire sur moi » ; il est inexcusable, « sachant l’affection si ancienne qui m’attache à sa famille et à la mémoire
de son père. Je m’étais détourné de lui parce qu’il a calomnié odieusement et
sciemment
la religion de mes ancêtres
[protestants]. […] Je le plains de vivre perpétuellement dans l’ironie et la haine »…
Aux armées 12 janvier 1916
. Il a quitté Paris « pour les armées de Champagne, où je suis plus près de mon fils, et
plus près du feu »...
Rochefort 25 décembre [1916]
. « Je vous assure que je suis un ami fidèle, quoi qu’ait pu en écrire
notre pauvre Léon, parmi tant d’autres billevesées malveillantes »…
1
er
février 1917
: « jamais, jamais plus je ne
reparaîtrai en public, à aucun prix […] J’ai fini mon petit bout de rôle, je suis tristement remisé »…
28 décembre
1917
: il ne fait partie d’aucune commission à l’Académie, où il n’a presque pas mis les pieds depuis le début de la
guerre, et où il n’a pas d’influence… « Mon fils Samuel vient d’obtenir une belle citation à l’ordre du jour ; mais je vis
dans une continuelle angoisse à son sujet »…
[Septembre 1918]
: « j’ai fait mon temps dans ce monde, je
suis de la
classe
, alors je me retire de plus en plus de tout et de tous ; je vous demande d’être indulgente pour mon grand âge
d’antédiluvien »…
[Janvier 1919]
, il considère comme « une petite redevance à vie » de réserver à Mme Daudet une
de ses deux cartes pour les réceptions académiques. « J’ai commencé un livre [
Prime jeunesse
] auquel je m’intéresse
avec passion et que je voudrais finir avant de mourir »…
Rochefort novembre 1919
. Il ne reviendra plus à Paris : « J’ai
décidément fini mon petit rôle terrestre ; mon temps me déplait et m’épouvante ; je ne peux plus m’y adapter et je
me retire dans l’ombre »… Il va lui envoyer ses « souvenirs de jeunesse, […] un livre qui prouve bien les affirmations
de Léon, à savoir que “
l’éducation protestante n’est autre que matérialiste et athée
” »…
Mars 1920
, annonce du
mariage de son fils Samuel…
Ailleurs, il adresse, accepte ou décline des invitations, il signale ses passages à Paris, évoque des prix littéraires et
des réceptions académiques, etc.
On joint
une L.A.S. de son fils Samuel Viaud, à Julia Daudet, au sujet de la publication des lettres de Daudet
conservées dans le journal de Loti.




