125
Mardi 6 octobre 2020
292.
Stéphane MALLARMÉ
(1842-1898). L.A.S., Paris [20 juillet 1883], à son ami Henry
R
oujon
; 7 pages in-8
(traces de montage ancien).
1 500 / 2 000€
Belle lettre
. « Que devenez-vous ? Un peu de soleil qui traversait mal les rideaux nous a fait croire à du beau temps
pour l’arrière-saison : l’été est-il fini ? Nous avons bien songé à vous, pendant que tombait la pluie. Comme c’est
pénible, n’avoir qu’un mois, tout mouillé […] Vous voilà presque à la moitié de vos vacances »… Ils partent mardi soir
pour Valvins, et il reviendra vendredi, pour la distribution des prix. « Vous ignorez peut-être qu’on m’a fait officier
d’Académie. J’ai été colère toute une après-midi. Le proviseur que j’ai été remercier m’a dit avoir demandé de lui-
même que mon traitement fût porté à cinq mille francs, et qu’on lui a accordé cette fin de non-recevoir violette. Et
dire que je pourrais faire plaisir à Villiers avec cela… – J’aurais voulu, plus tard, avoir traversé l’université en redingote
noire, sans qu’il me restât de palmes. Tant pis. Nous tâcherons alors de repasser cela à quelqu’un, si ce n’est point
un signe indélébile. Une joie extraordinaire, par exemple, qui me vient de vous, celle-là, c’est d’avoir assisté (à côté
de Marras) à la représentation d’
Œdipe
[à la Comédie-Française]. Quel art magnifique ! Nous en causerons au bord
de l’eau ». Le ballet
Excelsior
à l’Éden « est une ineptie ; et on y a gâché à l’avance quelques-uns des effets des
fameux ballets futurs. Puis, ne plus voir que les grands chênes, pendant deux mois. Je suis bien à bout de moi, plus
fatigué que jamais ; mais si j’arrive à la semaine prochaine, je suis sauvé. […] Au fond, je ne songe qu’à travailler »…
Correspondance
(éd. B. Marchal), n° 558.




