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318.

Marcel PROUST

(1871-1922). L.A.S., [vers le printemps ? 1888], à Jacques

B

izet

; 1 page petit in-4 sur

papier ligné d’écolier (petit manque sur un bord avec perte de quelques lettres).

3 000 / 4 000€

U

ne

des

premières

lettres

connues

de

P

roust

, adressée à son ami et condisciple au lycée Condorcet,

probablement après le refus d’une avance sexuelle

.

« Je viens de parcourir au galop de ma peur ta lettre, sous l’œil sévère de M. Choublier [professeur d’histoire et

géographie]. J’admire ta sagesse tout en la regrettant. Tes raisons sont excellentes et je suis content de voir comme

ta pensée devient alerte et forte, pénétrante et vive. Seulement le cœur – ou le corps – a ses raisons que la raison

ne connaît guère. J’accepte donc cette admiration pour toi (je veux dire pour ta pensée et non point pour ce fait

que tu refuses, car je ne suis pas assez fait pour croire que mon corps est si précieux trésor qu’il faut une grande

force d’âme pour y renoncer) mais avec tristesse le joug superbe et cruel que tu m’imposes. Peut-être as-tu rai[son].

Pourtant je trouve toujours triste de ne pas cueillir [la] fleur délicieuse, que bientôt nous ne pourrons plus cueillir. Car

ce serait déjà le fruit… défendu. Maintenant c’est vrai que tu la trouves empoisonnée… Donc n’y pensons plus n’en

parlons plus, et prouve-moi par une très longue et très tendre amitié, comme sera j’espère la mienne pour toi, que

tu as eu raison »…

Correspondance

(éd. Ph. Kolb), t. I, n° 6.

Ancienne collection Henri

L

edoux

(avec son monogramme).