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Mercredi 7 octobre 2020
national, mais n’attristerait pas beaucoup ni profondément. Ce qui fait que je ne l’aime plus, et qu’on l’aime trop,
c’est qu’il est comme les autres hommes politiques – un peu mieux, oui – Léon Daudet c’est la Troisième République.
Charles
M
aurras
est mieux, quoique pas admirable, mais il est vulgaire, sa vulgarité est d’une époque antérieure
à celle de Léon Daudet »... Le lendemain, il passe plusieurs heures à écrire les quatre lignes d’avant-propos du
Bal
d’Orgel
: « Prétentieuses, comme il faut ». Ils font une excursion à Arcachon. « Acheté
La Geôle
, Choix de
M
oréas
,
Le Deuil des primevères
de
J
ammes
. Dans le bateau en revenant, lis Moréas. Vraiment pas bon. Constaté influences
sur l’A
pollinaire
d’
Alcools
»...
325.
Ernest RENAN
(1823-1892). L.A.S., Sèvres 12 août 1872, à un ami [Ernest
P
icard
?
] ; 1 page et demie
in-8.
100 / 150€
« Un jeune homme auquel je m’intéresse, M. Jules
L
ucas
, licencié en droit, désirerait passer un an au moins comme
secrétaire auprès d’un avocat de Paris, pour se former à la pratique des affaires. C’est un jeune homme sûr, honnête
et intelligent. Pourriez-vous recommander cette petite affaire à M. Albert Liouville, avec lequel M. Lucas se mettrait
en rapport ? »…
On joint
une L.A.S. de sa veuve (1892) ; et une l.a.s. de Charles-Hugues
L
efebvre de
S
aint
-M
arc
à François XII duc
de La Rochefoucauld (1766) ; plus la copie ancienne d’une lettre de Montalembert.
326.
Jules RENARD
(1864-1910). 5 L.A.S., 1899-1900, à Louis
P
aillard
; 7 pages in-8.
300 / 400€
C
orrespondance amicale
adressée au journaliste et écrivain Louis
P
aillard
(1876-1946), qui vivait à Corbigny, non
loin du village de Chaumot dont Jules Renard fut élu conseiller municipal avant de devenir maire de Chitry. Louis
Paillard a écrit un article sur son ami Jules Renard en 1907. Il était aussi lié à Henri Bachelin.
Paris 9 juin 1899
. Il le remercie de son envoi : « J’espère que vous n’êtes à Menton que pour votre plaisir et que
vous serez bientôt à Corbigny, d’où vous viendrez souvent me voir à Chaumot, à partir de la semaine prochaine »...
Chaumot 27 juillet 1899
, le priant de lui passer un numéro de
L’
Écho de Paris…
18 août 1899
[lors du procès Dreyfus
à Rennes (Paillard était antidreyfusard)] : « Je pense que vous êtes de retour et j’espère bien que vous ne me croyez
pas
désolé
au point de ne plus venir me voir »...
Chaumot 22 septembre 1900
, amusante lettre s’interrogeant sur la
présence du maire de Corbigny, M.
G
uillemain de
T
alon
, au Banquet des Maires : « Si M. de Talon n’a pas voulu aller
à Paris, il nous a trompés en nous jouant la comédie de son départ. S’il n’a pas
pu
(pour cause de coliques, paraît-il),
il aurait dû nous prévenir et déléguer l’adjoint – ou moi. […] Que votre nationalisme se réjouisse d’abord de la bonne
farce, et que votre loyalisme m’aide ensuite à éclaircir ce petit mystère ». Il fait suivre sa signature des mentions :
« Conseiller municipal de Chaumot (oui, oui.) Chevalier de la légion d’honneur (parfaitement) »…
26 septembre
1900
: « Peut-être fera-t-il beau demain jeudi. Voulez-vous que nous essayons d’aller à Clamecy ? »…
On joint
une L.A.S., Paris 18 janvier 1908, au directeur de l’Argus de la Presse.
327.
Pierre REVERDY
(1889-1960). L.A.S. « P.R », 29 octobre 1951, à son ami le peintre et critique d’art Roger
B
rielle
; 2 pages in-4.
500 / 700€
Belle lettre à l’illustrateur de
Sources du Vent
(Genève
et Paris, Éditions des Trois Collines, « Le Point d’or », 1946).
« Je ne vous oublie pas non plus et mon silence se repaît
de souvenir. C’est le grand équilibre de mon existence, à
présent. Tout le reste m’est inaccessible – le réel vraiment trop
incommode – le rêve, usé jusqu’à la corde. C’est pourquoi les
signes comme celui que vous me donnez me sont précieux
qui me prouvent que ma pensée ne va pas toujours vers le
néant. Les nouvelles que vous me donnez me font plaisir.
Travailler, vendre des toiles c’est le réel accessible. À partir
d’une certaine rigueur d’exigence rien ne signifie rien – mais
le réel sur quoi on se casse la jambe ou le bras – cette même
jambe cassée ou ce bras et ce que ça suppose d’em… que
ça signifie ou ne signifie pas, force est bien d’en tenir compte
et de s’y aligner. Par exemple il faut bien vivre, manger, se
vêtir, se loger, je veux dire, et l’argent a beau ne plus signifier
grand-chose par rapport à un étalon abitraire d’ailleurs et
défunt – le réel c’est que personne ne peut se passer de cet
argent fantôme pour réussir chaque jour l’opération bifteck –
non pas celle des farceurs sur le tréteau politique mais celle
plus authentique de la ménagère. Par conséquent même si
c’est l’État qui vous a acheté une toile ça signifie quelque
chose en soi : bifteck. Sans doute n’en êtes-vous pas là,
d’ailleurs. Je vous le souhaite »…




