329
142
328.
Antoine RIBEAUCOURT
(circa 1835-1905 ?) traducteur et imprimeur.
M
anuscrit
autographe signé
« A.R. »,
Note du Traducteur
, [1883 ?] ; 2 pages in-4 au crayon.
400 / 500€
Texte préliminaire à sa rarissime traduction des
Ragionamenti
de Pietro
A
retino
,
imprimée par ses soins
à la presse à bras à seulement 15 exemplaires.
Rare manuscrit de ce franc-tireur oublié de l’édition érotique
clandestine française
. Guillaume Apollinaire le cite louangeusement, et Pierre Louÿs possédait des manuscrits de
Ribeaucourt. [Voir David Chambers, « Antoine Ribeaucourt : translator, printer »,
Bulletin du bibliophile
, 2008, n° 1,
p. 114-128.]
« Bien qu’ayant un langage plus épuré et un plus grand respect pour les convenances les hommes du 19
e
siècle
sont-ils au fond plus vertueux que ne l’étaient ceux du 16
e
quand Arétin écrivait ses
Ragionamenti
? Il est permis
d’en douter quand on se rappelle que la nature de l’homme n’a pu changer et que les bases sur lesquelles était
alors fondée la morale sont restées les mêmes. Le catholicisme qui avait façonné les mœurs de cette époque exerce
encore sur nous sa fatale influence », notamment à travers les jésuites… « Aucun imprimeur en France n’aurait donc
consenti à s’exposer à leur rigueur en imprimant ma traduction des
Ragionamenti
, et, comme je tenais à ce qu’elle
ne se perdît pas et pût être vulgarisée quand enfin la liberté pourra exister sans entrave dans la patrie de Rabelais
et de Voltaire, j’ai formé le projet d’en imprimer moi-même une quinzaine d’exemplaires ; mais ce n’était pas chose
facile pour un homme ignorant complètement l’art typographique et n’ayant pas le moyen d’acheter une presse
ainsi que tout ce qui est nécessaire pour imprimer sinon élégamment du moins correctement un livre ». Il s’est mis à
l’œuvre, « n’ayant pour l’exécuter qu’un cadre en bois de 20 centimètres de long sur 13 de large, un petit rouleau à
main et quelques centaines de caractères, ce qui ne me permettait de composer et d’imprimer qu’une seule page à
la fois »...
329.
Georges RIBEMONT-DESSAIGNES
(1884-1974).
M
anuscrit
autographe signé,
Les Greniers du Vatican
,
[1922] ; 6 pages et demie in-4.
1 000 / 1 500€
D
éfense de
D
ada
, publiée dans la revue
Les
Écrits nouveaux, en février 1922.
« Il faut remettre certaines choses au
point. On a déclaré la guerre à Dada,
et les plus acharnés de cette nouvelle
croisade sont d’anciens dadaïstes. On
n’est jamais trahi que par les siens. […]
Dada a été une mode pour quelques
hommes. Le malcomplaisant cubisme
y a aidé. Mais il ne faut pas prendre
une collection de chapeaux pour de
la liberté d’esprit. Dada répond à une
nécessité profonde. Le grand règne des
vérités et de leurs accommodements
est fini. […] Une chose est certaine :
c’est que l’art dadaïste s’oppose à
Dada, et que pour tuer l’un on brandit
l’autre. […] L’essentiel de la force de
Dada est un principe de destruction
et de négation totales. Jamais la
foule n’aimera cela. [...] La force de
Dada doit maintenant s’employer à
détruire cette beauté dada formée
par le public avec l’assentiment tacite
et involontaire de quelques dadaïstes.
Détruire, toujours détruire. Il y a assez
de constructeurs dans le monde pour
suffire à l’appétit vorace des esthètes
et des sentimentaux », etc...




