324
140
323.
Louis RACINE
(1692-1763) fils de Jean Racine ; auteur de poèmes d’inspiration janséniste et de mémoires
sur son père. L.A.S., 4 mai [vers 1752], à Gerhard Nicolas
H
eerkens
, docteur en médecine, à Groningue ;
3 pages in-4, adresse avec restes de cachet de cire rouge.
400 / 500€
Il lui promet un exemplaire de son ouvrage en trois volumes, qui paraît [
Remarques sur les tragédies de Jean
Racine, suivies d’un Traité sur la poésie dramatique ancienne et moderne
], et évoque des éditions de Cicéron, celles
de Glasgow ayant rendu les autres « moins curieuses ». Puis il livre son jugement sur quelques écrivains du jour :
« M.
L
e
F
ranc
[de
P
ompignan
] m’a envoyé les vers latins qu’il vous a adressés.
V
oltaire
n’en feroit pas tant, mais il
vous ecrit en prose, et sa lettre vous a sans doute beaucoup flatté ; vous le regardez comme le dieu du Parnasse ;
il vous devoit ses remercimens, pour les superbes eloges que vous lui avez donnés. Pour moi, le meilleur eloge que
je demande, et la traduction du Poeme de
la Religion
, et avec toutes les connoissances que vous avez, vous devez
vous faire un plaisir d’y ajouter des nottes savantes. Je n’entends point parler du cardinal Guérini : si je reçois de ses
nouvelles vous jugez bien que je vous en ferai part.
M
arivaux
n’est point un de ces auteurs qui doivent vous imprimer
un si grand respect ; je n’entends plus parler de
C
rebillon
le fils ; j’ignore s’il a fait quelque nouvelle ouvrage. Les
Poesies sacrées de M. Le Franc paroissent depuis 8 jours en 8°. M. Le Franc n’est que l’Académie de Montauban
dont il est le soutien, et n’a point l’ambition d’etre de nos academies de Paris ; son seul titre, est
premier President
de la Cour des Aydes à Montauban
»…
On joint
une L.A.S. « Racine fils » du fils de Louis, Jean (1734-1755), à sa sœur Anne, Mme Louis Grégoire Mirleau
de Neuville, Paris 17 janvier 1749.
324.
Raymond RADIGUET
(1903-1923).
M
anuscrit
autographe, [
Journal
], 16-18 août 1923 ; 5 pages et
quart in-4 écrites recto-verso.
3 000 / 4 000€
T
rès
rares
et
intéressantes
pages
d
’
un
journal
intime
ébauché quelques mois avant
sa mort
.
Radiguet l’avait rassemblé avec d’autres manuscrits en
vers et en prose, sous le titre
Désordre
. Le texte a été publié
par les soins de Chloé Radiguet et Julien Cendres dans les
Œuvres complètes de Radiguet (Stock, 1993).
Radiguet raconte des événements et des conversations
tenues au Piquey, en compagnie de Jean
C
octeau
, Russell
G
reeley
, Jean et Valentine
H
ugo
, Bolette
N
atanson
, François
de
G
ouy d
’A
rcy
et Georges
A
uric
. « J’ai vu hier le journal de
Jean
H
ugo
, qu’il écrit jour par jour depuis quatre ans. Cela
me rend jaloux. Et je décide d’en faire autant sur des feuilles
de papier volantes en attendant un carnet comme le sien.
Ma seule peur en commençant est de déformer la vérité –
même cinq minutes après. [...] (Je voudrais que ce journal
soit triste et niais, comme les associations d’idées – avec leur
vérité profonde !) »... Il raconte une longue conversation avec
Gouy, au sujet d’une
Histoire des Influences
qu’il n’écrira
pas, et porte un jugement critique sur le
Voyage de Sparte
de Maurice
B
arrès
: « une ou deux idées – peu d’érudition,
de véritable culture mais c’est sans doute davantage qu’un
livre documentaire – intelligent et juste. Faut-il être juste ?
Inventer à son avantage. – Mais si l’on combinait les deux
choses ? Pourtant la fiction d’une façon ou d’une autre
(roman, mensonge ?) est peut-être utile, indispensable »... Il
consigne dans ce journal quelques propos sur la révolution
et la civilisation d’après-guerre, précise qu’il a commencé ce
matin de refaire
Le Comte d’Orgel
(« mal équilibré – Jean
m’a aidé »), et raconte la visite qu’il vient de recevoir de Jean
F
ayard
, le fils de l’éditeur. « En rajoutant cet épisode,
je pense à ce que j’avais oublié de notre conversation avec F. de G. : De l’utilité de l’art. J’y crois – peut-être pas à
la façon de
M
aurras
. Il faudrait penser sérieusement à sa Politique d’abord. Mais à cette façon : une maison belle
est aussi utile qu’une laide, sinon plus. [...]
Le Diable au corps
– utile ? Oui, mais de quelle façon, il faudra y penser.
Peut-être à cause de tout ce patriotisme, et autre déluge de beaux sentiments qu’il a suscités »... Il rapporte une
conversation du soir sur le Moyen Age :
C
octeau
cite Renan,
R
adiguet
pense à son
Charles d’Orléans
,
A
uric
songe
à Maritain et à l’Action française. Le lendemain, il se rappelle une discussion de l’an passé à Pramousquier entre
Gouy et Cocteau à propos de P
roust
. Il résume leurs remarques et ses réflexions sur Stendhal, Balzac, Mme Caillaux,
Calmette, Jaurès, les assassinats politiques. « Léon
D
audet
. Il est trop protégé par la République. Le déploiement de
forces fait autour de lui, non par Camelots du Roi, mais par le gouvernement. Son assassinat serait peut-être deuil




