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Mercredi 7 octobre 2020
en faveur de son « antique cuisinière »...
21 décembre.
Il ne veut pas laisser « filer dans le sablier cette mourante
et obscure année » sans rappeler les jours « doux et indisposés […] passés dans l’Abbaye aux Dames, légumes
compris »...
1942
.
18 avril
. Il est « en pleine… rogne », ayant reçu son laissez-passer en retard : sa conférence à Lyon, et sans
doute Limoges et la visite à Montrozier sont manqués. « Ah ! Les printemps m’en veulent ! La bêtise des poètes,
d’avoir chanté ces pubertés agrestes ! […] Je mets à vos pieds un nerveux et lamentable vieillard et ami ».
[Limoges
22 mai]
. Instructions concernant divers objets laissés à Montrozier, dont un calepin et des livres (Joyce). Le Dr
Périgord lui a radiographié « ce fameux estomac nerveux. Il a fait mieux. J’espère, grâce à lui, avoir [...] de quoi
chausser mes pieds ! – Quant à la conférence, elle fut ce qu’elle fut. Théâtre plein »...
[Paris] 18 juin
. Il ne sait ce que
sera son été, mais pense au « château ami […] M. votre époux sort d’ici. Je lui ai exhibé de sales manuscrits dont
celui de la
J. Parque
»...
10 août
. Il a eu des ennuis, dont l’hospitalisation de sa fille, « et puis la maudite insomnie.
Et je devrais travailler
plus que jamais
! » Il craint aussi les conditions de voyage : « la vie est impossible aujourd’hui.
Pardonnez-moi de vous écrire dans un flot d’humeur massacrante »...
24 août
. Sur son imbroglio d’été : accident de
sa fille, chute de sa femme, projets de voyage en zone franche, et « peu de rendement utile. Mais, à quoi ? On m’a
refusé le papier du volume tout prêt »...
2 septembre
. Mme J.V. [Jean Voilier] ne peut le recevoir à Béduer. « D’autre
part, j’ai ici femme et fille en état peu prospère ». Mais il espère aller à Montrozier, et « un peu encore m’abriter
sous votre aile, poussin de 71 printemps ! Et de quelle humeur ! Car je suis de la pire. Le travail en masse mais tant
d’autres idées en tête »...
21 septembre
. Il sera son hôte pour peu de temps : « Mon papier rouge est consumé aux
deux tiers et je laisse ici beaucoup de travail que ce vilain été n’a pas voulu accomplir »...
Lundi [19 octobre]
. Récit
de sa nuit de retour en train, où « trois paires de narines exécutaient en canon dans une atmosphère sans courant
d’air, le Nocturne en dodo mineur » ; remerciements...
18 novembre
. « Je travaille. Mon cours reprendra le 9 janvier.
Mais il faut faire aussi bien d’autres choses que j’avais acceptées en prévision de ma cessation de fonctions ! Figurez-
vous que les M.P. font quelque bruit. Même si à l’Académie et des gens imprévus se réjouissent ou se scandalisent
de les avoir lues... Un directeur connu de théâtre de genre veut absolument que je fasse qq. chose pour lui »...
[4 décembre]
. Évocation d’un dîner donné par M. Gay au Fouquet : « Il y avait aussi des frites, chose presque
fabuleuse »...
28 décembre
. « Je trébuche d’incidents fâcheux en incidents pénibles. Pas assez de globules rouges
et trop de blancs. Bref, on se délabre, et l’esprit ne se reconnaît guère plus dans ce qu’il tente de faire. Rien de plus
déprimant que ces offensives de travail presque aussitôt arrêtées, noyées dans le vague et l’ennui »...
1943
.
19
janvier.
Remerciement pour le « pavé veiné d’azur », et l’« alérion » ; une bronchite l’a empêché
de reprendre son cours : « 30 leçons à
créer
et à débiter !.. Le pauvre vieil homme en est accablé d’avance »...
[Janvier ?]
. Il devrait être en chaire, mais il est au lit, démoli. « L’année s’y prend fort mal avec moi. Il n’y a qu’un
avantage à ce triste état – c’est de raviver le souvenir des soins, tendres bouillons, bêtises tolérées quant aux
propos, canules transcendantes »...
20 juillet
. Spirituel remerciement pour l’envoi de roquefort ; il pense « au départ
vers vos mâchicoulis. Bientôt le petit vieux, dans son
plaid à carreaux, / Viendra vous demander le sommeil
de la nuit. / Lui qui tombe le jour, lourd comme ses
paupières, / Espère à Montrozier, toutes grâces
rendues, / Retrouver (sauf respect) bien des choses
perdues »...
3 août
. Il a retenu sa place pour Rodez.
« Si j’en croyais maint dire ou pronostic, je n’aurais pas
bougé. Donc, je bouge ! »... – Exposé à « Seigneur
Robert » de ses maux physiques ; et c’est « cet
affreux vaisseau à secrets, à ceintures de douleurs, à
poignances, à imminences de vertiges auquel vous
avez adressé ces ravissantes Roses lesquelles eussent
plus dignement fleuri les pieds de votre Venerable
Doña Juana de l’Asuncion »...
On joint
quelques documents et copies, dont une
l.a.s. de François Valéry sur son père (1945).
370. [
Paul VALÉRY
].
Georges CHARAIRE
(1914-
2001) dessinateur et metteur en scène.
D
essin
original
aux pastels de couleur ; 17,5 x 13,7 cm.
150 / 200€
Portrait de profil de Valéry, habillé d’une chemise et
cravate, gilet bleu et robe de chambre plaid, par son
disciple, qui devint son ami. [Charaire avait suivi les
conférences de Valéry au Collège de France.]




