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VIGNY (Alfred de). 1797-1863.

Ecrivain poète.

L.A.S. à un ami de caserne. 6 Rue des

écuries d’Artois, dimanche 19 octobre

1862.

7 pp. in-8.

Lettre profondément pessimiste et chargée

d’émotion dans laquelle Alfred de Vigny,

atteint par la maladie qui l’emportera, me-

sure l’importance de l’amitié, évoque lon-

guement sa jeunesse, révèle sa fascination

pour Bouddha et son souhait de détruire ses

œuvres de jeunesse.

J’ai écrit quelque part:

l’amitié est la seconde chose de la terre. J’y

ai cru quelquefois

mais en vérité je ne pense

pas que la vôtre soit bien sérieuse malgré les

lointains souvenirs que nous conservons. Vous

vous ennuyez à la campagne chose qui ne

peut manquer à un homme d’esprit (…) Vous

pensez que moi qui suit au lit je pourrai vous

distraire par des histoires parisiennes et des

souvenirs de nos temps de garnison et, par

conséquent, de désœuvrement. Eh! bien !

non

! mon cher ami, je ne me reporterai pas

aujourd’hui à cette époque engourdie qui

aurait paralysé ma première jeunesse sans

deux choses qui possédaient mon âme 

: un

premier amour insensé et profond pour

cette belle et jeune personne dont le nom

et la figure ressemblaient au nom et aux

traits des anges, cette passion de mes dix-

huit ans

qui me charmait jusqu’au jour où elle

me désespéra et, sans une sorte de passion

de l’Esprit qui dure encore, plus persévérante

et plus ardente que jamais,

l’Etude. L’Etude

incessante, l’Etude de toute chose, l’Etude

acharnée, inexorable me suit et me poursuit

et je lui obéis parce qu’elle m’a toujours

servi à oublier. Elle absorbe toutes mes

émotions et les impressions d’ennui ou de

chagrin que la journée vous a apportées.

Elle m’ouvre les portes du monde Idéal et

m’y retient. Hier par exemple, j’étais ravi par

l’étude que

je me plais à faire des beautés de

la Poésie Indienne et de ses extases dans

un monde merveilleux et philosophique. La

plus singulière, la plus mélancolique des

Religions, celle de Bouddha

est aujourd’hui

celle de quatre cents millions d’hommes. Elle

a été le Protestantisme de Brahma et l’a ren-

versé, lui ses côtés, ses incarnation éternelles.

L’Orient ne veut plus naître et renaitre à jamais,

il exècre la vie comme devait faire un Peuple

esclave, et n’aime que le sauveur

Bouddha

qui lui enseigne une charité sans borne et

pour récompense, enfin : l’Anéantissement

ou le Nirvana.

Quel curieux et sombre spec-

tacle, n’est-ce pas, que celui de notre pauvre

race humaine si malheureuse qu’elle aspire

au Néant pour ne plus avoir à recommencer

la comédie fatigante de la vie ! (…).

Etc. En fin

de lettre, Vigny ajoute à propos de ses écrits

de jeunesse :

N’avez-vous rien oublié en par-

tant de Paris qui ressemble à des brouillons

d’enfant, à des cahiers d’écolier et que vous

m’avez juré de m’envoyer? (…). Etes-vous

assuré d’avoir satisfait à votre parole envers

moi ?

Me croyez-vous enchanté de penser

que ces niaiseries d’enfant subsistent (…).

Rien ne restera de mes ouvrages que ce

que je signe, il est vrai. Le reste n’existe

pas

. Une nouvelle édition de mes œuvres se

fait encore en ce moment et c’est la quator-

zième de Cinq-Mars et des autres volumes. Je

la revois feuille par feuille et je serais disposé

à abréger plutôt qu’à l’augmenter.

On ne peut

trop brûler et détruire le fatras dont presque

tous les écrivains encombrent leurs écrits. Il

faut choisir comme je vous l’ai dit: non pas

ses chef d’œuvres, ce mot là est par trop

orgueilleux, mais les Chefs de ses œuvres.

(…).

Il demande cependant de détruire

ses

vers d’enfants (…) ces alphabets d’écolier, ces

bégaiements écrits, insupportables à lire et à

entendre. Revenez m’en parler, mon ami (…).

1 500 / 2 000 €

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VILLON (Jacques). 1875-1963.

Artiste peintre cubiste.

5 C.A.S. à Jean-Emile Laboureur.

1929-1932.

5 pp. in-8.

Au sujet de son adhésion et de l’envoi des

notices pour l’exposition des peintres et

graveurs indépendants.

1929.

(…) Ci-joint la

notice des Peintres graveurs Indépendants (…).

1931.

Quand faudra-t-il vous envoyer la notice

pour l’exposition des P.G.I. ? (…).

1932.

J.P. me

demande s’il lui serait possible d’exposer aux

graveurs indépendants. A vous grand maitre de

l’institution, je transmets cette requête (…).

E.t.c.

300 / 400 €

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