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D’ALEMBERT (Jean le Rond). 1717-1783.

Mathématicien, philosophe.

L.A.S. à M. de Saint-Marc.

Paris, 20 mai 1778.

2 pp. ½ bi-feuillet in-4,

adresse au verso, cachet de cire rouge.

Critique littéraire à propos du dernier recueil

de Saint-Marc.

(…) Comme je n’attache

aucun prix à mon avis et que je vous conseille

même d’en faire autant, je vous ferai part

avec franchise du résultat de ma lecture. Je

pense donc avec vérité que votre ouvrage

est aussi utile par son objet qu’intéressant par

l’exécution, et vous avez très grande raison de

dire que dans l’éducation des enfants, on ferait

très bien de substituer cet exercice à la lecture

des Romans et des Contes de fée (…).

Il pense

comme lui que le second drame est inférieur

aux autres :

j’y ai d’autant plus de regrets que

l’objet très important de ce drame est peut-

être trop négligé, même dans les bonnes

éducations. Le 1

er

drame me parait aussi le

mieux fait des trois ; je voudrais seulement que

le langage des paysans, et même quelque fois

celui des enfants, fut encore plus simple pour

donner au dialogue encore plus de vérité (…)

Le 3

e

drame, quoique moins moral par son objet

que les deux premiers, me parait en même

temps devoir produire un spectacle plus animé

et plus agréable (…).

Plusieurs détails lui en

ont paru intéressants, et ajoute une remarque

sur la prononciation et le compte de syllabes

de «paysan».

Voilà, ce me semble (…) tout ce

que la critique peut dire contre votre ouvrage,

au moins si elle veut bien ne pas perdre de vue

l’intention dans laquelle il est composé (…).

700 / 800 €

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APOLLINAIRE (Guillaume). 1880-1818.

Ecrivain poète.

L.A.S. «Gui » à son amie « Lou ».

S.l., 8

juin 1915. 2 pp. in-4, sur papier quadrillé,

joint son enveloppe.

Lettre d’Apollinaire écrite sur le front en

Champagne-Ardenne, demandant à son

amante, Louise de Chatillon-Coligny, des

nouvelles et remplie d’évocations érotiques.

Mon Lou très chéri, je ne peux pas t’écrire plus

long aujourd’hui. Pas le temps trop à faire et

suis comme fou d’avoir chevauché énormé-

ment au soleil torride depuis 3 jours. Hier, fête

donnée par l’infanterie, me suis amusé un peu.

Mais Lou, mon ravissant petit Lou que j’adore,

tu es un petit salop de m’écrire si court. Tu

m’écris toujours sur tes emmerdements jamais

sur tes plaisirs et je te connais assez, mon

petit garçon voluptueux, pour savoir que ton

petit cul doit malgré tout, ne serait-ce que par

habitude, avoir des sensations, pour le moins

solitaires (…). Il fait chaud, chaud, chaud, les

charognes puent, mais le ciel est épatant

; les

Boches nous foutent la paix, mais j’espère

que nous ne leur foutrons pas la paix (…). Il

a échos que la guerre va continuer encore au

moins pendant un an.

J’ai quatre roses épa-

tantes dans les mains, je t’envoie un pétale

de chaque, et je t’embrasse pr chacune sur

les 2 joues et sur les 2 fesses (…).

Apollinaire

demande insiste pour qu’elle donne des nou-

velles.

Il faut que je foute le camp à cheval,

longue trotte, suis las, las, las (…).

1 200 / 1 500 €

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