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86.
Jean-Michel MOREAU le Jeune
(1741-1814) dessinateur et graveur. L.S., Paris [1805 ?], à « Sa Majesté
l’Empereur » Napoléon ; 3 pages in-fol.
400/500
Moreau, « ci-devant Dessinateur du Cabinet du Roi et membre de l’Académie de Peinture, depuis Professeur de Dessin aux
Ecoles Centrales du Département de Paris », expose ses titres à devenir Dessinateur du Cabinet de l’Empereur, si S.M. souhaitait
rétablir cette place supprimée en 1792. « En 1775, il a été chargé de faire le Dessin du Sacre ; et c’est après l’avoir gravé lui-même
qu’il a obtenu le Brevet et l’exercice de la place de Dessinateur du Cabinet ». Il a dessiné et gravé « tous les ouvrages destinés
à transmettre à la postérité quelque Cérémonie importante », comme « les quatre grands dessins des fêtes pour la naissance
de M. le Dauphin ; ceux des réceptions d’ambassadeurs extraordinaires, ceux de l’ouverture des Notables, des Etats-Généraux,
de la Constitution de l’Assemblée Nationale, &
a
. [...] Plus de deux mille dessins composés par lui, et destinés en grande partie
aux meilleures éditions des plus grands Ecrivains, ont exercé les talens des principaux Graveurs de la Capitale, et ont contribué
à maintenir, chez l’étranger, la supériorité de la France dans un genre d’industrie aussi profitable pour le Commerce qu’utile
pour l’Art »...
87.
Charles MORICE
(1861-1919). Manuscrit autographe,
Notations
, [1906]
; 21 pages in-4 (premier feuillet un
peu sali).
400/500
Manuscrit complet, avec quelques petites suppressions et corrections, de ces
Notations
parues dans
Vers et Prose
(n° 7,
septembre-novembre 1906). Ces
Notations
se composent de souvenirs, aphorismes, idées et réflexions : « J’ai lentement conquis
ma jeunesse. – Il faut accepter l’initiation à la vie par la faute. – Cette grave ardeur & cette légèreté, tant de vanité toujours
prête à mentir & tant de sincérité, cet amour du sacrifice et cet égoïsme intense, cette puissance sur les autres, cette impuissance
parfois sur soi-même, cette faculté sans bornes & de travail & de paresse, cette passion du luxe & cette austérité... – “J’ai osé
le faire, & je n’oserais le dire ?” Enfantillage. Que de choses on doit ou on peut faire & dont il ne faut pas parler ! La charité...
l’Amour... – Les vrais irréguliers, les incurables privilégiés du chaos ont la frénésie de l’ordre. – Victime, soit. Dupe, non. –
Théâtre, église, tribunal... Dans tout lieu où l’on fasse quelque chose de beau ou de tragique si j’entre à titre d’anonyme témoin,
je souffre aussitôt d’une gêne indicible, – troublé de ne pas jouer le rôle principal »... Etc.
88.
Henry MURGER
(1822-1861). Manuscrits autographes (fragments) pour une nouvelle ; sur 45 feuillets petit
in-4.
500/600
Fragments de souvenirs de la Bohème, mettant en scène le narrateur, son voisin Maurice Hervieux, et Porel, ami
d’Hervieux. Ces fragments, à l’encre bleue, existent en plusieurs versions : 10 feuillets chiffrés « 16 », par exemple, témoignent
d’efforts renouvelés pour fixer la rédaction d’un seul passage, allant de 5 lignes à une page entière, avec des variantes dès les
premières lignes : « Bien que j’eusse trouvé cette leçon un peu vivement donnée je ne répliquai point et j’allai chercher le
médecin que je ramenai trois quart d’heures après. Celui-ci ne dissimula point ses inquiétudes et refusa de se prononcer avant
la fin du jour. Lorsqu’il revint le soir, la situation avait empiré »...
On joint un sonnet autographe signé de Jules Lacroix (1809-1887) : « Insatiable, ô toi, qui veux avoir le monde ! »…
89.
MUSIC-HALL
. Environ 200 pièces, la plupart photographies dédicacées, programmes signés, etc.
400/500
Madeleine Ardy, Rose Avril, Charles Aznavour, Bach, Ricet Barrier, Alain Barrière, Jeannette Batti, Gilbert Bécaud, Guy
Berry, Andrée Bertin, Joe Bridge, J. Charpini, Christophe, Petula Clark, André Claveau, André Dassary, Simone Dorly, Leny
Escudero, Gaston Gabaroche, Georges Guétary, Lisette Jambel, Lucien Jeunesse, Roger Lanzac, Maxime Le Forestier, Luis
Mariano, Maryse Martin, Zappy Max, Yves Montand, Anita Moralès, Marie-Josée Neuville, Jacqueline Picard, La Régia,
Francine Relly, Line Renaud, Tino Rossi (4), Catherine Sauvage, Willy Thunis, Georges Ulmer, Jean Valton, Maria Vincent, etc.
90.
Charles NODIER
(1780-1844). L.A.S., 24 juin 1839, [àM. Millot] ; 2 pages et demie in-4 (petites fentes réparées).
600/800
Consultation philologique sur le mot Marchandise. Nodier a été interrogé par M. Millot, au nom des administrateurs
des Messageries Françaises, sur le sens de ce mot, pour savoir s’il désigne le trafic, le négoce, la chose commerciale en elle-même,
ou « seulement la matière, ou les objets sur lesquels s’exerce la spéculation ». Cette réponse de Nodier, ainsi qu’une seconde,
avec les lettres de Millot, a été publiée en plaquette :
Consultation grammaticale sur le mot Marchandise
(Paris, Maulde et
Renoult, 1839).
Nodier, « de l’Académie française », répond : « Quoique mes opinions personnelles n’ayent d’autorité que sous la sanction de
l’Académie, je me livre volontiers à l’examen de la question que vous m’avez fait l’honneur de me soumettre, parce qu’elle ne
présente pas à mon avis la moindre difficulté essentielle. L’ancienne acception du mot
marchandise
dans la langue françoise est
celle qu’on représente plus généralement aujourd’hui par le mot
commerce
, mais l’acception primitive subsiste.
Marchandise
signifie aussi la denrée, la matière ou l’objet d’exploitation sur lesquels se fondent les divers genres de
marchandise
ou de
commerce »... Nodier s’oppose aux dictionnaires de Nicot, Monet, Richelet, Trévoux, et même
de l’Académie, en arguant que
la terminaison en
ise
prouve l’antériorité de la première acception… « On a quelquefois reproché au style du Palais de pécher
par l’archaïsme, c’est-à-dire par sa fidélité aux acceptions anciennes. C’est le plus grand éloge qu’on puisse en faire. Si le texte
de la loi était sujet aux caprices de l’usage, la loi serait le chaos. Il y a vingt mots qui ont subi dans leur acception de plus grands
changements que le mot
marchandise
, et qui n’en sont pas moins pris en justice dans leur acception originelle. L’opinion des
juristes philosophes n’a jamais varié sur ce point »… Il démontre l’identité étymologique des mots
marchandise
et
commerce
.
Et de conclure : « Que ces deux mots ayent fourni, parmi les déviations d’un long usage, à des acceptions diverses, je suis le
premier à le reconnoître ; mais ils n’en restent pas moins indivisibles dans leur acception primitive et dans les termes de la
législation. Quand on voudra leur faire signifier autre chose, il faudra déchirer la loi, et en publier une nouvelle »...




