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110.
Paul VERLAINE
(1844-1896). L.A.S., Stickney 15
septembre 1875, à Irénée Decroix à Fiefs par Heuchin
(Pas-de-Calais) ; 1 page in-8, enveloppe (timbres
découpés).
1 500/2 000
Verlaine professeur et représentant en vins en
Angleterre.
Il a enfin reçu par sa mère la lettre de « Monsieur
Irénée » du 10 « qui m’assigne un rendez-vous auquel je
me fusse rendu avec tant de plaisir ! », mais il était déjà en
route pour l’Angleterre, « appelé, convoqué à la hâte pour
lundi 13 – jour de la réouverture de l’École [la
Grammar
School
de Stickney], et me revoici ici pour peut-être 1 an,
sans désemparer, sans quoi certes j’eusse contremandé
mon arrivée ici pour quelques jours. [...] ce sera l’année
prochaine ». Il n’a pas oublié « qu’il y a des vins de France
qu’il s’agit de faire circuler dans la “
perfide Albion
”
.
Soyez
assuré de tous mes efforts », et il lui rendra bientôt compte
de ses efforts : « si je ne réussis pas, n’en accusez pas ma
bonne volonté »... Il le charge de remercier sa famille
« pour la bonne hospitalité », et donne son adresse à la
Grammar School de Stickney près de Boston (Lincolnshire).
[
Correspondance générale
, 75-16.]
111.
Paul VERLAINE
. L.A.S. avec dessins, Stickney 8 février 1876, à Irénée Decroix à Fiefs par Heuchin (Pas-de-
Calais) ; 4 pages in-8, enveloppe (timbres découpés).
15 000/20 000
Magnifique lettre illustrée de deux pages de dessins avec deux autoportraits.
Il a perdu la lettre qu’il avait commencée, « accompagnée de beaux (beaux ?) dessins », et il en recommence une autre
« ornée de non moins autres bonshommes pour lesquels je réclâme toute votre indulgence ». Il salue l’effondrement des
bonapartistes aux élections sénatoriales du 30 janvier [Verlaine était devenu néo-monarchiste] : « bravo pour le Pas-de-Calais,
enfin désembadinguisé. Excellentes élections puisqu’il paraît que ce M. Huguet, maire de Boulogne, est un républicain des plus
modérés, révisionniste et catholique [...]. Mais que vont être les grandes élections ? » Il félicite aussi « le Merle » [de Decroix
père, qui lui avait appris à siffler le refrain anti-bonapartiste] : « En apprenant la mirifique culbute de ses mortels ennemis, en
a-t-il du pousser des “L’pèr’, la mèr’ Badingue”. Heureux coquin ! » Puis il évoque un projet de spéculation numismatique « à
propos des pièces du Pape. Il y a là, je crois, toute une petite affaire à réaliser. Donc ne vous lassez pas de collectionner »... Il a
reçu des nouvelles du « grrand Ernest [Delahaye] qui se porte bien, “potasse” à mort son “bachmard” [baccalauréat] et très-
certainement, vers août prochain, reviendra dans nos départements cueillir les lauriers universitaires dont il a déjà fait l’an
dernier une moisson qui ne le rend que plus insatiable. Il serait fameux de saisir cette occase pour l’entrainer vers la blonde
Albion sur le rivage de laquelle je vous attendrai prêt à vous piloter tous deux dans la capitale (pas jolie, mais très-intéressante)
de ce pays tout à fait curieux pour les “Continentaux” comme ils nous apppellent »... Il donne son adresse à la Grammar School
de Stickney près de Boston (Lincolnshire), et ajoute : « Quant au mal de mer, merci de votre bonne sollicitude. Grâce à un
plantureux déjeûner, et malgré une mer atroce je n’ai pas cessé de fumer et causer tranquillement avec un voyageur français
également invincible. »
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