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Monet en soutien à la Révolution russe de 1905
83. MONET
(Claude). Lettre autographe signée «
Claude Monet
» à Élie Faure. Giverny, 14 février 1905. 2 pp. in-8,
en‑tête imprimé à son adresse de Giverny.
2 000 / 3 000
Le massacre du « dimanche rouge »
(
22
janvier
1905
). Ce drame, qui vit l’armée tirer sur des manifestants
pacifiques, donna le signal d’une première révolution en Russie, eut un retentissement international et suscita un large
mouvement de soutien. C’est ainsi qu’Élie Faure organisa immédiatement à Paris une tombola en faveur des
révolutionnaires russes.
«
Monsieur, je vous prie de m’excuser de n’avoir pas répondu à l’appel qui m’a été fait, mais
je suis surmené de travail
en ce moment et, n’ayant pas de toiles à pouvoir donner, je n’ai pas le temps de rien terminer en dehors de ce que
j’ai à faire en ce moment.
Je vous prie donc de m’inscrire pour la somme de 300 f. que je vous adresserai lorsque vous me le direz, vous priant
de m’excuser auprès de votre comité de ne pouvoir faire mieux. Agréez, Monsieur, l’expression de mes sentiments
distingués...
»
« Pour secourir les révolutionnaires russes... »
84. MONET
(Claude). Lettre autographe signée «
Claude Monet
» à Élie Faure. Giverny, 20 mars 1905. 1 p. in-8,
en-tête imprimé à son adresse de Giverny, enveloppe avec 5 cachets de cire à ses initiales.
2 000 / 3 000
«
Monsieur, étant absent, ce n’est qu’aujourd’hui qu’il m’est possible de vous adresser les 300 f. que j’ai promis pour
secourir les révolutionnaires russes. Je vous les envoie ci-inclus, vous priant de m’en accuser bonne réception. Recevez
mes salutations distinguées...
»
« J’ai beaucoup donné pendant les guerres... »
85. MONET
(Claude). Lettre autographe signée «
Claude Monet
» à Élie Faure. Giverny, 2 novembre 1921. 1 p. in-8,
en-tête imprimé à son adresse de Giverny ; enveloppe.
2 000 / 3 000
«
Monsieur, j’ai beaucoup donné pendant les guerres et suis à présent assez dépourvu de toiles à pouvoir donner.
Je ne veux cependant pas rester sourd à votre appel, en faveur d’un confrère si cruellement touché.
Je vous envoie
donc ci-joint un billet de mille francs, qui lui sera utile de suite. Croyez, Monsieur, à mes meilleurs sentiments...
»
Aide au peintre Francisco Iturrino.
L’artiste espagnol, qui avait subi un temps l’influence du fauvisme (comme
Raoul Dufy) et introduit cette esthétique en Espagne, avait effectué des séjours prolongés à Paris avant guerre et y avait
noué diverses amitiés dans le milieu artistique. Amputé d’une jambe en
1921
, il connut de graves difficultés financières,
mais Élie Faure organisa alors une tombola à son profit avec des tableaux donnés par leurs amis peintres.
86. MORICE
(Charles). 3 lettres autographes signées, soit 2 à Élie Faure et une à l’épouse de celui-ci, Suzanne Gilard.
1904-1907.
200 / 300
À l’épouse d’Élie Faure. Paris, [fin mars
1906
]. Charles Morice lui communique le texte de
l’éloge funèbre qu’il allait
lire sur la tombe d’Eugène Carrière :
«
... Celui qui croyait si fermement à l’éternelle suite, à l’indiscontinuité
infinie des lignes des pensées, des sentiments, ne sera pas démenti par le destin. Sans cesse il rappelait que l’humanité
ne veut pas finir, qu’elle ne se lassera jamais de marquer sa présence par d’impérissables monuments : n’est-il pas
lui-même, par son œuvre admirable avec laquelle sa propre personne faisait une si indissoluble unité, l’un entre tous
de ces monuments d’immortalité ? Et cette œuvre innombrable et cet exemple héroïque ne sont pas les seules
assurances qu’il ait prises contre le malheur d’être venu et de ne pas rester.
Ce grand artiste était vraiment grand et
vraiment artiste parce qu’il était une représentation totale et intense de l’honneur, parce qu’il était en relations
constantes et profondes avec l’humanité entière,
parce qu’il sentait passionnément vibrer en lui toutes nos craintes
et toutes nos espérances. Certain du but où doivent tendre nes efforts, il ne cessait de nous l’indiquer par la parole
comme par l’œuvre.
Avec quelle éloquence il nous adjurait de réagir contre la dispersion et contre la violence, de
nous unir dans la joie de nous aimer les uns les autres et de travailler ensemble !
Vous vous en souvenez encore...
car c’est inoubliable, et vous le voyez encore comme vous l’entendez encore, debout, les traits tendus et frémissants,
les yeux pleins de lumière, et sa parole, à la fois balbutiante et sûre, vous rencontrait tous, vous atteignait tous et –
personne ne de fâchera que je le dise – vous grandissait tous !...
». Charles Morice publierait à la fin de l’année
1906
un essai sur Eugène Carrière. — À Élie Faure. S.l.,
5
mai
1907
: «
... Nous sommes par là en quelque sorte l’expression
vivante d’un temps qui commence à comprendre
l’incomparable supériorité du monde de l’imagination sensible sur
le monde de l’intelligence raisonnante...
»




