A
UTOGRAPHES
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et des dettes élevées, des chevaux, des lectures. Père très attentionné, il parle souvent de leur fils Daniel (sa santé,
ses remarques etc.) ; il s’inquiète des effets sur l’enfant des ambiguïtés, voire de la fausseté de leurs rapports. En
1852, il se plaint de ne pas voir Claire, et de « l’extrême indifférence » qu’elle manifeste à son égard… En 1854-1855
les lettres trahissent une nette crispation des rapports : Guy s’adresse à Claire avec formalisme (« Madame ») et
plusieurs fois à la troisième personne (« M
r
de Charnacé prie M
me
la C
tesse
de Charnacé de vouloir bien lui envoyer
son fils demain »), allant jusqu’à une entrevue dramatique, et la rupture ; mais à la fin de 1856 elle redevient sa
« petite Claire chérie », son « enfant chéri », sa « petite femme chérie », et Guy écrit à plusieurs reprises sur un
ton ardent : « rien ne me rendrait plus heureux que de me croire votre meilleur ami en même temps que je suis le
plus fidèle et plus enthousiaste de vos adorateurs ! – Mais pour que cette confiance soit sincère, il faut qu’elle soit
réciproque […]. Ne vous laissez pas attrister par les ennemis de notre réunion, et prouvez-leur que ce qu’ils pensent
devoir devenir un ménage, ne sera qu’une association, brisée sur un amour réciproque, dont le fruit est un enfant
charmant » (1
er
novembre 1856)… ...« tu m’as donc oublié toute la journée d’hier. C’est bien mal, moi qui pensais
tout à toi, et qui t’écrivais ce que [je] pense aujourd’hui et ce que je penserai toujours, c’est que tu es la personne
du monde que j’aime le plus. – Je sais que tu travailles, aussi je ne te demande pas de longues épîtres comme les
miennes, un seul mot, et je serai heureux ! » (27 décembre 1856)… « Lorsque je ne vous voyais pas, mon égoïsme
me faisait souhaiter ardemment de vous retrouver, et me faisait verser des larmes sur votre esprit et votre jeunesse
absurde. Mais lorsqu’on vous voit, comment ne pas songer à vous, surtout quand comme moi on pense qu’on a
encore bien peur pour vous que j’aime de toutes les forces de mon âme. – Aussi à cette heure, si je savais un moyen
de vous rendre heureuse, […] je consentirais même à vous quitter, ce qui certes serait pour moi le plus grand des
sacrifices ! […] Mille baisers de celui qui vous aime trop pour ne pas vous le dire » (3 janvier 1857)… Mais le jour
viendra où il déclarera à son père « que les faibles liens qui nous unissaient encore étaient brisés à jamais ; c’est le
plus grand chagrin de ma vie, et vous n’avez pas craint de le consommer. – Hier encore je pouvais croire qu’il serait
quelque bonheur dans une vie commune, et ce matin, je vois que souffrirai toute ma vie par vous loin de mon enfant
que j’aime […]. Vous avez mesuré vos outrages à la mesure de l’affection que j’avais pour vous, c’est abominable de
cruauté. Pauvre enfant, tu apprendras de ta mère à détester ton père […] Ah ! Claire, priez ou espérez que je ne sois
jamais aussi cruel pour vous que vous l’êtes en ce jour pour moi »… Ailleurs, il mentionne ses articles ; on rencontre
fréquemment les noms de Louis de
R
onchaud
, Mathilde [de
F
lavigny
], Auguste
N
efftzer
, Louis
T
ribert
, etc.
O
n
joint
quelques minutes ou copies de Claire ; et 4 L.A. de sa belle-mère la marquise de Charnacé à Claire
(1865-1867).
5
Marie d’AGOULT
. 19 L.A.S., 1860-1872, à son gendre Guy de
C
harnacé
; 67 pages in-8 ou in-12. 2 500 / 3 000
B
elle
et
intéressante
correspondance
avec
son
gendre
et
confrère
, mari de sa fille Claire, journaliste,
littérateur et agronome.
Saint-Gervais les Bains dimanche [2 septembre
1860
]
. Nouvelles de sa cure, et de la vue de LL. MM. à Sallanches.
« Mon ami, mon cher Guy, j’aurais voulu redevenir un
centre
et appliquer doucement mon expérience de la vie à
rendre tolérable et bienséant ce qui ne semble plus pouvoir être heureux. Il m’est très cruel de ne pouvoir plus rien
pour des êtres qui me sont si chers mais je persiste à croire que vous pourrez beaucoup auprès d’une personne au
fond pleine de raison et de bon vouloir si vous savez mettre un peu d’
art
dans vos rapports et parler comme je vous ai
entendu le faire avec moi, en frère désintéressé et dévoué. Le voyage d’ailleurs sera un bon dérivatif à l’ennui qui me
paraît, à vrai dire, l’
unique
cause de tout le malaise moral et physique, et quand nous reviendrons d’Italie, ce qui nous
semble impossible à réaliser aujourd’hui, se fera peut-être tout simplement »…
14 septembre
. Sa joie et satisfaction
de voir Guy dans des dispositions selon son cœur ; ses efforts seront récompensés : « je vous donnerai les meilleurs
lettres possible. J’irai moi-même à Turin […] également
très volontiers
à Florence
et quelles que soient les projets ou
les désirs de votre femme je prendrai Daniel très volontiers le jour où cela pourra entrer dans vos convenances »...
Lundi [décembre 1860]
. Elle se réjouit de penser qu’elle le reverra au printemps. « Si vous voulez bien
pour cette année
encore suivre mes avis
[…] je me flatte qu’au lieu de nous donner les uns aux autres trouble, chagrin tourment, nous
pourrons nous entre-aider et nous faire,
chacun selon sa nature
, une vie si ce n’est heureuse, du moins très tolérable »…
Elle aurait une préférence pour Meudon, Saint-Germain ou Versailles, ou bien le quartier des Champs-Élysées, afin
de
refaire son milieu
par une vie stable. Elle n’a pas encore reçu la lettre de Nefftzer, annoncée par Dollfus, mais elle
serait très disposée à collaborer [à la
Presse
] par son drame de Jacques-Cœur. « Vous savez que M. de
B
ülow
et
L
iszt
viennent à Paris pour la 1
ère
rep. du
Tannhäuser
[13 mars 1861]. Je vous avoue que j’ai de grandes curiosités
de ce côté-là. Tout ce que vous pourrez m’apprendre, communiquez-le-moi. N’allez-vous pas chez
W
agner
? »…
Nice 6 janvier
1861
. Remerciements pour l’envoi de
La Presse
: « je vous trouve toujours en progrès et accusant de
plus en plus votre personnalité dans votre style qui est également exempt de banalité et de prétention »… Il est
question aussi d’une visite de
C
osima
, au printemps…
11 novembre
. Elle l’exhorte à ne pas se laisser aller à la tristesse ;
pour aimer la vie il a des facultés intellectuelles, un enfant doué et, « à défaut de l’amour conjugal qui n’est si j’en
crois mon expérience, le partage de
personne
en ce tems-ci il ne dépend que de vous de vous assurer l’amitié d’une
personne qui, j’en ai la conviction profonde, tiendra avant peu le premier rang entre les grands esprits de son tems
et de son pays. […] Nous nous sommes trompés vous et moi, et tous nos amis avec nous en
lui
croyant un caractère
sans énergie et sans initiative. Il m’a suffi de l’entendre en ces derniers tems pour me convaincre que tout ce que
nous pouvions considérer comme actes de faiblesse était actes de force et […] ce but étant infiniment honorable, plus
elle s’en rapprochera plus elle trouvera de satisfaction et en répandra autour d’elle. Quant aux influences que vous
… /…




