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BOSSUET (Jacques-Bénigne).

Lettre adressée à l’abbé Nicaise

.

Germigny, le 11 juillet 1685.

Lettre signée “

J. Benigne E de Meaux

”, avec 3 lignes autographes, 3 pages 1/4 in-4, trace de cachet au dos.

Document exceptionnel évoquant les débats théologiques du moment : Bossuet s’y révèle

pleinement en défenseur légaliste du magistère de l’Église.

La missive évoque d’abord un litige qui opposait l’évêque de Grenoble, Etienne le Camus (1632-1707), aux

religieuses dominicaines de Montfleury-les-Grenoble refusant de respecter l’ordonnance de visite du 5 avril

1684 les obligeant à se cloîtrer.

je souhaitte de tout mon cœur à Monseigneur de Grenoble un jugement favorable dans une cause qu’il a entreprise

par zèle p

[ou]

r la discipline. Ses juges ne se feront pas beaucoup d’ honneur de traverser les pieux desseins d’un si

saint prelat

[...].”

Le jugement du Parlement de Bourgogne fut en effet favorable à l’évêque le 30 juillet 1685.

La seconde partie de la lettre porte sur une controverse théologique avec l’oratorien Richard Simon, la question

de l’inspiration des Écritures et de ses conséquences sur l’interprétation historique de la Bible.

L’auteur qui doit composer la critique de la Critique du pere Simon dont on vous a écrit depuis Geneve est apparemment

un nommé Leclerc qu’on soupçonne d’estre un peu socinien

[...].

C’est la coutume de ces messieurs de vouloir qu’on

tienne les dogmes p

[ou]

r assez indifferens et de compter p

[ou]

r rien tout ce qui a este décidé dans l’Eglise chrestienne

depuis quatorze ou quinze cent ans. C’est faire fort peu d’ honneur à J.C. et à son Eglise et à tout le christianisme en

general.

[...]

Tous ceux de la sorte blasmait fort mons.

r

Jurieu. Mais en condamnant avec justice ses emportem

[en]

s ils demandent une espece de moderation qui aille à l’indifference. Il est tombé entre mes mains un livre qui est de

ce caractere. Il est intitulé sentim

[en]

s de quelques theologiens de hollande sur l’ hist

[oi]

re critique du pr Simon, à

Amsterd. chez henry desbordes 1683. Vous me feriez plaisir de vous informer si ce livre est connu à Geneve, et s’il y

auroit moyen de m’en faire avoir deux exemplaires.

[...]

Vous pouvez croire que je n’ay pas dessein d’appuier la Critique

du p. Simon que j’ay fait supprimer en France lorsqu’elle y a este imprimée. Mais comme ceux qui l’attaquent, tombent

dans des sentim

[ent]

s encore plus injurieux à la S

[ain]

te Ecriture que luy, j’ay dessein de faire travailler quelque habile

homme sur ce sujet-là, et vous contribuerez à cette bonne œuvre en me procurant le moyen d’avoir ces livres du costé de

Genève, où ils peuvent aisément venir de Hollande,

ou par quelque autre voie que ce soit.

Correspondant de Leibniz, l’abbé Claude Nicaise (1623-1701) était Dijonnais, comme Bossuet.

(

Correspondance

III, 1910, n° 335).

2 000 / 3 000

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