81. LISzT (Franz). C
ORRESPONDANCE AuTOGRAPHE à
M
ARIE D
’A
GOuLT
, [1833-1841], ensemble de 23 lettres
autographes, en tout 58 pages in-12 ou in-8, quelques adresses et marques postales. — [O
N JOINT
:] SAND
(George). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
J
ENNY
M
ONTGOLFIER
, [juillet 1837], 3 pages in-12 ; LAMENNAIS
(Félicité de). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
M
ARIE D
’A
GOuLT
,
Lundi 29 décembre
[1845 ?], 2 pages in-12.
Sauf une, les 23 lettres de Liszt montées sur onglets et reliées en un volume in-8 (226 x 152 mm), demi-
maroquin rouge à coins, dos orné en long d’un décor doré avec motifs et filets (
Semet et Plumelle
).
30 000 / 40 000 €
M
AGNIFIquE CORRESPONDANCE
,
PRéCIEuX TéMOIGNAGE DE LA PASSION IMPéTuEuSE ET LéGENDAIRE quI uNIT
L
ISzT ET
M
ARIE
D
’A
GOuLT
.
Aux côtés d’Alfred de Musset et de George Sand, Franz Liszt et Marie d’Agoult forment un des couples les plus mythiques
du Romantisme.
En décembre 1832, la comtesse Charles d’Agoult, née Marie de Flavigny (1805-1876), rencontre Franz Liszt chez la marquise
Le Vayer. Le coup de foudre est immédiat et très rapidement se forge une adoration mutuelle qui s’éteindra en 1844.
Cette correspondance, où se mêlent billets et longues épîtres, débute peu de temps après leur rencontre et s’étale jusqu’en
1841. La plupart des lettres datent des toutes premières années de leur romance, avant que Marie ne s’enfuie pour vivre
avec Liszt en Suisse puis en Italie.
Les amants usent de mille subterfuges et précautions pour cacher leur liaison enfiévrée et déjouer l’attention de leur
entourage : l’absence de signature (seule une lettre est signée d’un paraphe), l’utilisation de phrases en allemand et en
anglais, afin de confondre d’éventuels lecteurs indiscrets, et la complicité de quelques proches (la marquise de Gabriac, le
romancier Jules de Saint-Félix et le littérateur Théophile de Ferrière) par l’entremise desquels circulent plusieurs lettres.
Au fil des pages et des années, Liszt passe de la plus totale exaltation à l’abattement et à la mélancolie. Son style, rythmé
d’incessants points d’exclamation et de suspension, reflète son humeur changeante et sa passion dévorante. Aux supplications
amoureuses se succèdent d’interminables lamentations romantiques. Implorant un jour une tendresse maternelle, il sombre
le lendemain dans un mysticisme enflammé, persuadé d’être marqué par le destin.
Il confie à Marie sa vie trépidante, entre travail et projets artistiques, concerts et mondanités. Tour à tour, il évoque son
protecteur, le comte Apponyi, ambassadeur d’Autriche à Paris, les femmes de la haute société dont il fréquente les salons,
Berlioz, Dumas, Balzac, Hugo, Chopin (que Marie n’aimait guère), George Sand, Pauline Viardot, etc. Ces années
parisiennes, 1833-1834, sont en effet une période extrêmement brillante pour Liszt. Lecteur invétéré, il émaille ses lettres
de citations de Pétrarque ou de Montaigne, et invite Marie à lire Sue (
La Salamandre
), Senancour et Desbordes-Valmore
(
Les Pleurs
). Certaines lettres dénotent cependant de son immense désir de solitude et de son souhait de se claquemurer à
Paris. La musique occupe bien entendu une place de choix, d’autant que Marie d’Agoult est elle-même excellente
musicienne. Liszt lui parle de ses tournées de concerts à travers l’Europe, des morceaux qu’il est en train de composer,
sollicitant souvent ses conseils et ses impressions.
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Franz LISZT
(1811-1886)
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