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[Paris, juin-juillet 1833] :

Je ne sais quel mauvais levain fermentait alors dans mon cœur, quel démon infernal se jouait

en moi

[…]

Je ne pus lire d’inexprimables angoisses tourmentèrent mon cœur, toute ma vie ne me semblait qu’une sourde

et dérisoire malédiction

[…]

Je relis Feu du ciel, Les Djinns, les Rêves… Vous voulez que je vous dise ce que je deviens ?

Eh ! mon Dieu, vous connaissez à peu près ce que j’appelle ma vie qui n’est que le développement d’une idée : cette idée,

c’est Dieu.

[Paris, juin-juillet 1833] :

L’ami Chopin avait le projet de vous faire une petite visite hier matin (dimanche), je comptais

le charger du deuxième volume d’Obermann que voici et que je vous prie de bien vouloir accepter, souligner et annoter

[…]

Ballanche que j’ai rencontré l’autre soir

[…]

m’a presque proposé de me conduire chez Mme Récamier de manière que

nous finirons probablement par y aller un de ces soirs

[…]

Vous savez sans doute déjà que Chateaubriand a accepté le titre

et le diplôme de Bénédictin honoraire ; ne serait-il pas possible que vous vous rencontriez une seconde fois avec “l’illustre

génie, que vous le surpassiez même de toute la hauteur de la Comtesse sur le Vicomte que vous vous proclamiez enfin

abbesse et fondatrice d’un nouvel ordre religieux.

[Paris, juin-juillet 1833] :

Pour la complète intelligence des signes, je suis bien aise de pouvoir vous apprendre que les

barres en long et à travers indiquent les accelerando à ma façon et les machines

[…]

qui ressemblent assez à l’épigraphe

de la Peau de Chagrin

.

[Paris, 8 août 1833] :

Vous connaissez depuis longtemps mon profond mépris pour les quasi et les à peu près. Je vous prie

et vous supplie une dernière fois de m’accorder douze minutes d’entretien. Il est en votre pouvoir de me rendre un immense

service ; ma pauvre et misérable destinée est entre vos mains.

[Paris, vers le 13 août 1833] :

Il lui envoie

La Salamandre

d’Eugène Sue et l’engage à le lire au plus vite.

Lisez de suite

ce prodigieux livre : mais lisez-le seule, et si votre état de santé le permet, de nuit. Surtout, je vous en supplie, ne le montrez

pas à la Marquise

[de Gabriac],

car, pour elle comme pourtant d’autres (moins purs et moins sincères qu’elle) ce n’est

qu’un livre profondément immoral, scandaleux et même dégoûtant. Toutes nos vertus parisiennes si délicates et si farouches

ont jeté les hauts cris

[…]

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