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[Paris, 30 août 1833]

La Symphonie fantastique sera terminée dimanche soir. Dites trois Pater et trois Ave en son

intention

[…] Liszt évoque ici la transcription pour piano qu’il a faite de l’œuvre de Berlioz.

[vers le 8 août 1833] :

Il y aurait un étonnant chœur de matelots ivres à faire sur cette dernière orgie de La Salamandre.

Si E. Sue consent à me versifier cet épisode, je tenterai mes forces. J’en suis très tenté au moins

[…]

dimanche matin je

déjeunerai chez le docteur Esquirol avec deux de mes anciens amis qui m’ont prié de venir examiner avec eux un sujet

vraiment curieux, c’est une vieille femme de 60 ans, idiote, complètement idiote, mais doué

[sic]

de l’étrange faculté de

retenir et de répéter tous les airs qu’elle entend chanter, jouer ou fredonner

.

[1833] :

Vous avez été sublime samedi matin, oui tout bonnement sublime

[…]

Jamais Gœthe et Schubert n’ont été compris

ainsi

[…]

jamais émotion plus vaste n’avait transi mes entrailles et brûlé mon front

[…]

Oh ! il faudrait mourir après ces

heures d’enthousiasme, de délire. Quel Chant, quelle Poésie

[…]

vous savez, Madame, qu’il n’y a qu’à vous que je puisse

parler Art et Poésie.

[Douvres, 23 novembre 1840]

,

du bateau, quelques mots griffonnés sur un billet :

En attendant je lis Faust en suivant

encore de l’œil intérieur la blanche et pâle figure que j’ai vue s’éloigner au matin, le cœur plein de larmes

.

[Londres] lundi matin, 10 mai [1841]

, soirée chez le prince Esterhazy : […]

Dîner avec

[mot illisible]

le soir concert de

Parry. Public stupide. Succès convenable. Je joue l’ouverture de Guillaume Tell. On demande bis. J’attaque le God Save

the Queen

[morceau qu’il avait composé sur l’hymne national anglais]

Samedi je me mets à rafistoler mes trois fantaisies

Sonnanbula, Freischütz et Norma qui deviendront trois Robert ! Belloni me donne d’excellents conseils sur divers passages

[…]

Je parle très catégoriquement de Mme Sand à Pauline

[Viardot] :

amour du tripotage et des cancans, déplorable

manque de sincérité ; ce sont mes deux points. Pauline écoute en essayant de défendre d’abord son ami. Je lui coupe la

parole et elle finit par me dire : “Je ne suis d’ailleurs pas très liée avec Mme Sand ! “

[…] Rappelons que George Sand et

Marie d’Agoult, auparavant très intimes, finirent par se brouiller.

[Bâle, juin 1835]

: quelques lignes à la hâte pour lui fixer un rendez-vous furtif à l’hôtel :

My room is at the Hotel de la

Cigogne number twenty at the first étage — go at the right side

.

[Londres] 14 mai [1841]

:

Je travaille comme un enragé à des fantaisies d’enragé. Norma, La Sonnambula, Freischütz,

Maometto, Moïse et Don Juan vont être prêts dans cinq à six jours. C’est une nouvelle veine que j’ai trouvée et que je veux

exploiter

[…]

J’ai vu Rachel dans Les Horaces, hier, même impression : talent factice, sans tendresse, sans grâce ni amour,

mais grand, et magnifique par le dédain, le mépris, l’ironie. En un mot vraiment et sublimement juive.

Ces lettres ont toutes été publiées par le petit-fils du compositeur, Daniel Ollivier, dans son édition de la

Correspondance

de Liszt et de Madame d’Agoult

(Grasset, 2 vol. 1933-34). Le texte de cette édition est, exception faite de quelques mots

oubliés et d’erreurs de ponctuation, conforme à celui de nos originaux. Notons cependant qu’un billet d’une page figurant

ici [Londres, mai 1841] a été publié par D. Ollivier (t. I, p. 139) comme formant la fin d’une autre lettre. Il y est question

d’un projet : […]

Persiani et Rubini veulent s’associer avec moi pour une tournée du Rhin et en Belgique

[…] Ce billet est

écrit sur un seul feuillet ; sans doute fut-il glissé par Liszt dans la lettre en question, dont il aura été séparé plus tard. Dans

sa réponse (éd. Ollivier, t. I, p. 141), Marie d’Agoult répond en effet à la fois à cette autre lettre et au billet, en s’opposant

à ce projet de tournée.

[O

N JOINT

:]

- LAMENNAIS. L

ETTRE à

M

ARIE D

’A

GOuLT

[1845 ?] : Lamennais, dont Liszt était à la fois le lecteur, l’admirateur et l’ami,

deviendra également proche de Marie, jouant parfois, non sans mal, le rôle de conseiller intime. Il la remercie de son envoi

(un manuscrit d’elle à lire ?) et

de la permission que vous donnez de m’adresser à vous en des occasions semblables

. Il se

dit très malade :

Ma santé s’en va tout-à-fait

[…]

Je suis toujours un peu tenté de rire, quand j’entends parler de notre belle

France. Il y a soixante ans que je cherche cette beauté ; je la découvrirai peut-être un jour. Qui sait ?

- SAND (G

EORGE

). L

ETTRE à

J

ENNY

M

ONTGOLFIER

[juillet 1837]. Pianiste virtuose, Jenny Montgolfier avait été autrefois

l’élève de Liszt et donnait des concerts à Lyon. Elle évoque leur amie commune Marie d’Agoult :

Mille actions de grâces

pour votre amitié. Marie vous dira si je la désire, si je l’apprécie, si nous parlons de vous. Notre conclusion à tous les

discours sur votre compte est toujours : “C’est une fameuse femme” — littéral. Je voudrais bien accompagner Marie à

Lyon. Je serais si heureuse de vous voir

[…] Elle parle ensuite de l’acteur Bocage (un de ses amants) et demande de

jeter

au feu la lettre à Bocage, ou d’en allumer sa pipe etc. Bocage est retrouvé, et je lui ai dit tout ce que je lui avais écrit

...

Nous n’avons pas trouvé dans l’édition G. Lubin de la

Correspondance

de Sand cette lettre, qui

SEMBLE BIEN INéDITE

.

L

ES LETTRES DE

L

ISzT à

M

ARIE D

’A

GOuLT SONT RARES

, la plupart étant conservées à la BnF (fonds Daniel Ollivier).

Franz Liszt.

Marie d’Agoult. Correspondance

. Nouvelle édition établie, augmentée et annotée par Serge Gut et Jacqueline

Bellas. Paris, Fayard, 2001.

quelques rousseurs.