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83. LISzT (Franz). L

ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à

H

ECTOR

B

ERLIOz

, datée

3 janvier 1849

, 6 pages in-8 (205 x 129 mm),

sous chemise demi-maroquin rouge moderne.

6 000 / 8 000 €

L

ONGuE ET SuPERBE LETTRE à

B

ERLIOz éVOquANT SA FERVENTE ADMIRATION POuR

W

AGNER ET LES TuRBuLENCES DE SA VIE

AMOuREuSE

.

écrite de Weimar, où Liszt est maître de chapelle du théâtre de la cour grand-ducale depuis près d’un an, cette lettre est un

précieux témoignage de l’amitié et du culte qu’il voue à Wagner. Il annonce à Berlioz, qu’il a laissé sans nouvelles depuis

longtemps, qu’il dirigera prochainement

Tannhäuser.

Il lui recommande vivement

cette grande partition

et tout

particulièrement l’ouverture qu’il a récemment transcrite pour piano. quelques semaines plus tard, le 16 février 1849, Liszt

dirigera l’opéra de Wagner. Ce sera la deuxième représentation de l’œuvre créée à Dresde le 19 octobre 1845.

Se dessine ici en filigrane la “propagande wagnérienne”, dont Liszt se fera le héraut le plus zélé, et s’affirme la filiation

Liszt-Berlioz-Wagner si féconde pour l’histoire de la musique.

Enfin, c’est à l’ami que Liszt confie les difficultés que rencontre son projet de mariage avec la princesse Carolyne de

Sayn-Wittgenstein, qu’il n’épousera finalement jamais.

Ta dernière lettre est venu

[sic]

me trouver au milieu des préoccupations les plus graves, des circonstances les plus troublées

[...]

ton souvenir m’allait droit au cœur

.

Depuis 7 mois je n’ai point quitté Weymar, où je compte encore passer tout l’hiver

[…]

Le mois prochain nous représenterons le dernier opéra de Wagner “Tannhäuser”. C’est une grande partition dont je te

recommande en particulier l’ouverture, où tu auras le plaisir de retrouver de ton bien, notamment dans les effets de violons en

trémolos aigus. Somme toute, cette ouverture est le morceau de musique qui m’a fait la plus forte impression depuis Prague ; et

si tu as l’occasion de la faire exécuter à quelque concert monstre de la République, je suis persuadé qu’elle ne manquera pas

son effet. Il importe seulement de faire répéter avec beaucoup de soin.

Il évoque ensuite

Alfonso et Estrella

de Schubert qu’il projette de mettre en scène et qui finalement ne sera représenté à Weimar

qu’en 1854 :

le libretto est malheureusement de l’innocence la plus perfide, de l’ennui le plus suintant et le plus corrosif

[...]

tout

l’ouvrage (en 3 longs actes) est écrit de ce beau style limpide et blond dont Mozart a donné de si complets modèles.

Il rappelle à Berlioz qu’il attend toutes ses partitions imprimées qu’il lui prie de remettre à Belloni, son secrétaire, et

l’été

prochain, j’espère que le singulier Drame-Roman de ma vie sera arrivé à son dénouement par un mariage. Les énormités

complexes d’une lâche et infâme ligue de famille à laquelle le peu de bienveillance personnelle de S. M. l’Empereur pour

moi, vient en plus s’ajouter, peut sans doute retarder encore la conclusion que j’appelle de tous les vœux de mon âme.

Berlioz,

Correspondance générale,

éd. H. MacDonald, t. VII, p. 286-287.

Pliures et traces d’onglets.

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