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FLAUBERT
, Gustave
Lettre autographe signée, adressée à Ernest Feydeau
[Croisset, 19 juin 1861]
CONTRE LA DOUCEUR EN LITTÉRATURE : “NOYONS
LE BOURGEOIS DANS UN GROG À 11 MILLE DEGRÉS !”.
FLAUBERT AUX PRISES AVEC LA RÉDACTION DE
SALAMBÔ
3 pages 1/2 in-8 (205 x 135mm), sur papier vergé bleu, à l’encre noire.
Quelques ratures
PROVENANCE : Catalogue de la librairie Georges Andrieux, Hôtel
Drouot, 30-31 mai et 1er-2 juin 1928, n° 222 ; enveloppe de la vente
conservée
“Tu ne me parais pas te réjouir infiniment, mon vieux Feydeau ?
et je le conçois ! l’existence n’étant tolérable que dans le
délire
littéraire
. Mais le délire a des intermittences ; et c’est alors que
l’on s’embête. J’applaudis à ton idée de faire une pièce après ton
livre sur Alger. Pourquoi veux-tu l’écrire dans des “tons doux” ?
Soyons féroces, au contraire ! Versons de l’eau-de-vie sur ce
siècle d’eau sucrée. Noyons le bourgeois dans un grog à 11 mille
degrés et que la gueule lui en brûle, qu’il en rugisse de douleur !
C’est peut-être un moyen de l’émoustiller ? On ne gagne rien à
faire des concessions, à s’émonder, à se dulcifier, à vouloir plaire
en un mot [...] Au reste, puisque tu as ton idée, exécute-la. Mais
sois sûr que ce qui a choqué ces messieurs dans ta dernière
œuvre théâtrale est précisément ce qu’elle comportait de bon
et de
particulier
. Tous les angles sont blessants [...] Je ne pense
pas avoir fini avant la fin de cette année. Mais dussé-je y être
encore dix ans, je ne rentrerai à Paris qu’avec
Salammbô
[sic]
terminée ! C’est un serment que je me suis fait”.
RÉFÉRENCE : Gustave Flaubert,
Correspondance
, III, Paris, Gallimard,
1991, pp. 157 et 1132
5 000 / 7 000
€
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FLAUBERT
, Gustave
Lettre autographe signée, adressée à Ernest Feydeau
[Croisset], samedi soir 17 [août 1861]
FLAUBERT EN PLEINE RÉDACTION DE
SALAMBÔ :
“ON
COMMENCE À MARCHER DANS LES TRIPES ET À BRÛLER
LES MOUTARDS. BAUDELAIRE SERA CONTENT !”
4 pages in-8 (205 x 136mm), sur papier vergé bleu, à l’encre noire
ILLUSTRATION : croquis autographe représentant une tête de fakir, à
l’encre noire dans le coin supérieur gauche de la première page
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