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FLAUBERT
, Gustave
Lettre autographe signée, adressée à Ernest Feydeau
[Croisset, début février 1859]
CONSEILS DE FLAUBERT À FEYDEAU QUI LUI A CONFIÉ
LE MANUSCRIT DE
DANIEL
AVANT DE LE FAIRE PUBLIER :
“PRENDS GARDE D’ABÎMER TON INTELLIGENCE DANS LE
COMMERCE DES DAMES”
4 pages in-8 (208 x 131mm), sur papier vergé bleu, à l’encre noire.
Quelques ratures
PROVENANCE : Catalogue de la librairie Georges Andrieux, Hôtel
Drouot, 30-31 mai et 1er-2 juin 1928, n° 195 ; enveloppe de la vente
conservée
“Ca va bien ! très bien ! jeune homme ! La deuxième partie
marche comme sur des roulettes [...] quant au reste, le papier
vous brûle les mains, pour moi du moins. J’ai poussé, tout
seul, des
bravo ! très bien !
plusieurs fois [...] Il y a des choses
charmantes, exquises, pages 281, 285 ; ça donne envie
d’archifoutre l’héroïne. Ne pleure pas sur tes suppressions, elles
étaient indispensables. Je m’y connais, n’aie pas peur. Si je
voyais aussi bien dans mes œuvres que dans celles des autres,
je serais un bien grand homme ; mais hélas ! Oh ! que Carthage
par moments me scie le trou du cul ! Tu es beau, et héroïque,
quant aux retranchements ; mais j’ai la conviction qu’une ligne
oiseuse d’ôtée vous donne dix lecteurs de plus [...] On me verra
cocher de fiacre avant de me voir
écrire pour de l’argent
[...]
prends garde d’abîmer ton intelligence dans le commerce des
dames. Tu perdras ton génie au fond d’une matrice”.
RÉFÉRENCE : Gustave Flaubert,
Correspondance
, III, Paris, Gallimard,
1991, pp. 13 et 1042
5 000 / 7 000
€
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